Publié

Eveline Widmer-Schlumpf défend les minarets

Un minaret et une église à Olten.
La présence de plusieurs minarets en Suisse n'a jamais posé de problème, a relevé la ministre.
L'initiative contre la construction de minarets met en péril la paix religieuse. Forte de cette conviction, Eveline Widmer-Schlumpf a appelé jeudi les Suisses à repousser ce texte «contraire aux droits de l'homme». Par ailleurs, Berne et Moutier ont à leur tour interdit les affiches anti-minarets.

Interdire la construction de minarets en Suisse ne résoudrait
aucun problème. Au contraire, elle en créerait, notamment en
exacerbant le fanatisme religieux, a déclaré en conférence de
presse à Berne Eveline Widmer-Schlumpf.



L'initiative populaire est incompatible avec les droits et
principes fondamentaux inscrits dans la Constitution fédérale, en
particulier la liberté de religion et l'interdiction de la
discrimination. Son acceptation mettrait en péril la paix
religieuse et porterait atteinte à l'image de la Suisse.

Déjà des minarets en Suisse

La liberté de croyance ne protège pas que le droit de se forger
des convictions religieuses, mais aussi celui de les manifester et,
partant, de construire des édifices religieux, a expliqué la
conseillère fédérale. "Nous demandons aux musulmans qui vivent en
Suisse de respecter nos lois et notre ordre social. Nous devons en
contrepartie ne pas les discriminer dans la pratique de leur
religion".

La ministre de la justice
a rappelé que les minarets déjà existants en Suisse, comme à
Genève, n'ont pas posé de problème. A Wangen bei Olten (SO) et à
Langenthal (BE), le permis de construire n'a été délivré qu'à
condition que le minaret ne serve pas à l'appel à la prière.



Eveline Widmer-Schlumpf juge «totalement inacceptables» les
affiches des partisans de l'initiative contre les minarets. Et de
déplorer la publicité gratuite dont profitent les initiants grâce à
la polémique sur ces visuels.



Il n'est toutefois pas question pour la ministre de la justice
d'intervenir. Les communes sont compétentes en la matière, et non
la Confédération, a-t-elle relevé. De plus, une affiche s'inscrit
dans le débat d'idée et la discussion précédant un scrutin.

Du ressort des cantons

Pour faire valoir les arguments du gouvernement en vue de la
votation populaire du 29 novembre, la conseillère fédérale s'est
faite accompagner du conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer et
du président du Conseil suisse des religions le pasteur Thomas
Wipf.



Jean Studer est aussi d'avis que l'initiative est "gravement
discriminatoire et susceptible de porter atteinte à la paix
religieuse, qui constitue l'un des piliers du développement de
notre pays".

Le responsable cantonal de
la justice, de la sécurité et des finances a rappelé que la
dernière guerre sur sol helvétique était religieuse. Depuis, les
cantons ont été dotés de "compétences larges pour régler les
relations entre l'Etat et la religion". L'initiative est une
"intrusion forte" dans les compétences des cantons, qui sont
également les seuls compétents en matière d'aménagement du
territoire.

Le minaret de Suchard

Le Neuchâtelois a rappelé qu'un minaret a été construit, dans un
but esthétique, à Neuchâtel en 1865 par le chocolatier Philippe
Suchard. Le bâtiment est aujourd'hui protégé par le canton et la
Confédération: cela prouve que "l'histoire donne raison" à ceux qui
restent ouverts et respectueux.



La population est sujette à des questionnements ou des peurs, a
relevé pour sa part le pasteur Thomas Wipf, président du Conseil
suisse des religions. "Il faut les aborder ouvertement au lieu de
tomber dans les travers de l'initiative et de refuser le
dialogue".



agences/sbo

Publié

Berne, Moutier et Thoune interdisent l'affiche

Après Fribourg, Lausanne, ou encore Bâle, le conseil municipal de la ville de Berne s'oppose aux affiches militant pour l'initiative "contre la construction de minarets". Il justifie sa position en se référant à la position de la commission fédérale contre le racisme (CFR), selon laquelle l'affiche controversée est discriminatoire et dénigre la minorité musulmane, indique un communiqué de la municipalité bernoise publié jeudi matin.

Les villes de Moutier et de Thoune ne veulent pas non plus des affiches qui s'opposent «aux valeurs fondamentales que sont la tolérance et l'intégration». Le conseil communal de Moutier souligne dans une lettre adressée jeudi à la Société générale d'affichage (SGA) que les auteurs de l'affiche veulent stigmatiser injustement la population musulmane.

L'Association des villes valaisannes trouve les affiches anti-minarets «abjectes» mais juge qu'il ne serait pas pertinent de les interdire. L'association regroupe les présidents de Monthey, St-Maurice, Martigny, Sion, Sierre, Viège, Brigue, Naters et Loèche. Quant à la Fédération valaisanne des communes, elle a renoncé a donner une recommandation.

Pour l'heure, le placard litigieux a été interdit à Bâle, Fribourg, Lausanne, Morges, Neuchâtel, Nyon et Yverdon. Il est en revanche autorisé à Bellinzone, Bienne, Coire, Genève, Lucerne, Olten, St-Gall, Schaffhouse, Winterthur, Zurich et La Chaux-de-Fonds.