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Crise libyenne: un "plan minutieux" est demandé

Geri Müller (2e depuis la dr.) ne veut pas mettre un terme aux relations avec Tripoli.
Geri Müller (2e depuis la dr.) ne veut pas mettre un terme aux relations avec Tripoli.
Au terme du délai prévu pour la normalisation des relations helvético-libyennes et au lendemain de la visite d'une délégation suisse en Libye, le Département fédéral des affaires étrangères gardait le silence mardi. De son côté, une commission invite à l'élaboration d'un "plan minutieux".

Interrogé mardi par l'ATS, le Département fédéral des affaires
étrangères (DFAE) n'a pas voulu fournir d'informations sur les
avancées ou non obtenues par la délégation suisse qui a séjourné de
dimanche à lundi à Tripoli.



La délégation, conduite par le secrétaire d'Etat aux affaires
étrangères Michael Ambühl, s'est rendue dimanche en Libye avec pour
objectif minimal d'établir un contact avec les otages suisses et de
s'assurer qu'ils sont en bonne santé. Cette visite a eu lieu "dans
le cadre de la normalisation convenue au point 7 du contrat signé
le 20 août 2009 à Tripoli". Les diplomates sont rentrés lundi soir
en Suisse, sans les deux otages.



Concernant l'arrivée à échéance du délai prévu par l'accord signé
le 20 août dernier par le président de la Confédération Hans-Rudolf
Merz, le DFAE a simplement indiqué mardi en prendre acte. "Etant
donné le nouveau contexte, il faut analyser la situation et en
tirer d'éventuelles conclusions", a déclaré Lars Knuchel,
porte-parole du DFAE.

Elaborer un "plan minutieux"

La Commission des affaires extérieures du Conseil national veut
soigneusement analyser la situation. "Il est important que l'on
sache ce qui a été obtenu avec les plus récentes actions du groupe
de travail sur la Libye", a déclaré son président Geri Müller
(Verts/AG) mardi sur les ondes de la radio suisse alémanique DRS.
Il estime qu'"il ne s'est pas rien passé".



Par ailleurs, alors qu'un nouveau délai arrivait à échéance ce
mardi 20 octobre, Geri Müller constate que la Libye n'a rempli
aucun des points importants de l'accord signé en août dernier. Il
s'agit donc maintenant de mettre sur pied un "plan minutieux".

Travailler discrètement

Plusieurs possibilités s'offrent pour réagir et accentuer la
pression. Les choses doivent maintenant évoluer côté libyen, mais,
selon Geri Müller, il faut travailler discrètement, pour ne pas
faire le jeu de Tripoli. Geri Müller s'est prononcé contre une
rupture des relations diplomatiques avec Tripoli.



Le délai de 60 jours pour la normalisation des relations entre la
Suisse et la Libye arrive à échéance ce mardi. Cette date-butoir
découle de l'accord signé le 20 août à Tripoli par le premier
ministre libyen, Al-Baghdadi Ali al-Mahmudi et le président de la
Confédération Hans-Rudolf Merz, qui avait assuré que les deux
otages seraient clairement rentrés avant cette date-là.



La libération des deux hommes d'affaires suisses retenus dans un
lieu inconnu en Libye n'est pas nommément réglée par l'accord du 20
août. Toutefois, Berne considère ce point comme entrant dans le
cadre de la normalisation des relations.

Mystère sur les otages

Les deux otages suisses ont
"disparu des écrans radars", avait reconnu Micheline Calmy-Rey il y
a une semaine. Convoqués hors de l'ambassade de Suisse sous
prétexte d'un contrôle médical, ils ont été placés dans un lieu
"sûr", selon Tripoli. Une décision qualifiée d'"inacceptable" par
le DFAE.



Par ailleurs, un tribunal arbitral chargé de statuer sur les
circonstances de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi en juillet 2008 à
Genève devait être créé. Berne et Tripoli ont nommé leur
représentant au sein de cette cour, mais ceux-ci ne sont pas encore
parvenus à un consensus sur le nom du président du tribunal.
Désormais, il revient au président de la Cour internationale de
justice (CIJ) de le désigner.



Ces événements ainsi que les excuses présentées par Hans-Rudolf
Merz en août à Tripoli font grincer des dents en Suisse. Si, dans
son ensemble, la classe politique a décidé de tirer à la même corde
et de soutenir provisoirement le président, des voix ont demandé sa
démission et d'autres réclament des mesures de représailles

(lire ci-contre)

.



ats/ap/bri

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Mesures de représailles demandées

Suite à la poursuite de la crise entre Berne et Tripoli, des voix se sont élevées au sein des politiques pour demander des mesures de représailles contre la Libye.

Certains demandent de rompre les relations diplomatiques avec la Libye.

D'autres réclament de déclarer caduc l'accord signé par Hans-Rudolf Merz.

Il est aussi proposé que la Suisse refuse des visas d'entrée sur son territoire aux ressortissants libyens. S'appuyant sur les accords de Schengen, elle peut rendre la vie plus difficile aux ressortissants libyens qui souhaitent se déplacer dans l'espace-Schengen en leur refusant un visa.

Berne pourrait aussi en appeler à l'Union européenne afin qu'elle exerce des pressions ou déposer une plainte devant l'ONU.

Selon une source diplomatique, la Suisse n'est pas totalement isolée dans ce dossier. "Les Américains seraient prêts à accepter un bras de fer avec les Libyens".

Monter au créneau

Selon l'avocat français Emmanuel Altit, qui a défendu les infirmières bulgares condamnées à mort en Libye, les familles des otages suisses doivent désormais monter au créneau. Elles doivent engager des spécialistes (des avocats notamment) afin de mobiliser l'opinion publique helvétique en faveur des deux hommes d'affaires. Ces derniers doivent devenir des "acteurs".

Le Conseil fédéral doit "reculer pour laisser la place aux familles", a déclaré l'avocat, interrogé par l'ATS. "Il faut oublier le gouvernement. Ce n'est pas la bonne instance. Il doit intervenir comme 'couverture'", a-t-il ajouté.

Et l'auteur du livre "Dans les geôles de Kadhafi" d'estimer que "le gouvernement suisse doit sortir du piège libyen et pousser le clan Kadhafi à devenir un acteur alors que ce dernier s'est posé en arbitre jusqu'ici".