Andreas Meyer a annoncé son départ mercredi matin lors de la conférence de presse de l'ex-régie fédérale sur ses résultats semestriels. Il a justifié sa décision par une volonté de se réorienter professionnellement avant ses 60 ans. Il veut entre autres mettre son expérience au profit de start-up ou d'organisations d'utilité publique.
A ses yeux, le moment est bien choisi parce que le processus stratégique 2020 des CFF aboutira l’an prochain. De plus, un changement de génération se dessine à plusieurs postes d’encadrement et il entend laisser à son successeur le soin de désigner une nouvelle équipe de direction.
Manque d'empathie critiqué
Regrettant son départ, la présidente du conseil d'administration Monika Ribar a souligné ses qualités. "Andreas Meyer a concrétisé ce chemin de fer intégré que de nombreux pays nous envient et mené à bien un nombre important de grands projets", a-t-elle indiqué. En 13 ans de service, "il a su remodeler (les CFF) afin d’en faire une entreprise de service public moderne."
Et Monika Ribar de rappeler que le conseil d'administration a toujours assuré Andreas Meyer de sa pleine confiance, même dans le contexte tragique de l'accident du début août. Un contrôleur était resté coincé par la porte d'un train en raison d'un défaut de fonctionnement de la protection anti-pincement. Traîné par le train, il avait succombé à ses blessures.
Les critiques ont fusé après cet accident, notamment à l'encontre d'Andreas Meyer. Son absence aux funérailles n'a pas été comprise. De manière générale, l'homme fort des CFF est critiqué pour son manque d'empathie et le traitement parfois maladroit de ses subordonnés.
Candidature féminine bienvenue
Autre source de grogne: son salaire. Dès son entrée en fonctions, il a perçu 100'000 francs de plus que son prédécesseur. A son salaire annuel de 700'000 francs, s'ajoutent des prestations uniques pour 450'000 francs.
Son successeur gagnera moins, a prévenu Monika Ribar. Et la présidente du conseil d'administration d'esquisser quelques qualités indispensables. Il faut être "capable de diriger une grande entreprise comme les CFF, tout en ayant le flair de la population et de la politique suisse".
L'ex-régie fédérale, qui se dit ouverte aux solutions non conventionnelles, examine actuellement des candidatures internes comme externes et "une femme est la bienvenue".
"On ne peut pas tout lui reprocher"
"Il ne s'est pas assez soucié des conditions de travail du personnel, et il a mal anticipé le besoin en termes de mécaniciens de locomotive", s'est exprimé mercredi dans Forum Roger Nordmann.
Mais selon le conseiller national (PS/VD), "on ne peut pas reprocher à Andreas Meyer d'avoir délaissé l'entretien de l'infrastructure. Il a au contraire fait beaucoup d'efforts pour rattraper le retard dont il avait hérité." Pour la suite, Roger Nordmann insiste sur le fait qu'"Il faut rapidement réussir à constituer une nouvelle équipe de direction qui ne soit plus centrée autour d'une seule personne."
ats/ebz
Sommaruga salue le bilan
Soulignant que le processus de recrutement relevait entièrement du conseil d'administration, la ministre des transports Simonetta Sommaruga a refusé de s'exprimer sur le profil du successeur. Elle a en revanche salué le bilan d'Andreas Meyer.
"Il a rendu de grands services aux CFF et aux transports publics en Suisse", a-t-elle indiqué dans une prise de position. "Il a modernisé la compagnie, donné plus de moyens pour l'entretien, augmenté l'offre tout en maintenant les prix stables et s'est battu pour ne pas séparer l'exploitation de l'infrastructure".
Même enthousiasme du côté du Service d'information pour les transports publics (Litra). "Andreas Meyer a beaucoup fait pour la réforme des transports publics", a déclaré son directeur René Böhlen. Il a entre autres mené le projet des nouvelles lignes ferroviaires alpines à bon terme et s'est fortement impliqué dans le référendum sur l'arrêté fédéral relatif au financement et à l'aménagement de l'infrastructure ferroviaire.
Le SEV demande un "changement radical de la culture" d'entreprise
Le ton est un peu différent chez le Syndicat du personnel des transports (SEV). Depuis 2014, la confiance du personnel a continuellement baissé et sa frustration est d'autant plus grande que ses remarques ne sont pas entendues lors des réorganisations, regrette-t-il. Le SEV appelle donc l'ex-régie fédérale à réorienter sa culture d'entreprise.
Sur Twitter, le PS Suisse estime également que "la démission d'Andreas Meyer est l'occasion pour les CFF de s'engager dans une amélioration des conditions de travail. La direction ne doit pas se focaliser uniquement sur le profit, mais s'engager clairement en faveur du service public".