La "vague verte" n'a rien perdu de sa force durant l'été, bien au contraire: à six semaines des élections fédérales, Les Verts continuent leur poussée pour atteindre une part électorale de 10,5%, selon les intentions de vote actuelles. Cela correspond à une augmentation de 3,4 points par rapport au scrutin de 2015.
S'il se confirme, ce serait le meilleur résultat électoral jamais obtenu par Les Verts en Suisse. Leur record remonte aux élections fédérales de 2007, avec 9,6% des voix.
Dans le sillage des Verts, les Vert'libéraux retrouvent de la vigueur. Ils sont actuellement à 6,9%, dépassant ainsi leur meilleur score de 2011 (5,4%). Ces deux formations progressent fortement dans la catégorie des nouveaux votants ou de ceux qui n’ont pas voté en 2015.
Le PDC glisse derrière Les Verts
Si Les Verts réussissent à faire un tel bond en avant, cela pourrait déboucher sur un changement dans le classement des partis électoralement les plus forts. Dans le baromètre, le PDC affiche pour sa part une baisse de 1,4 point, pour un total de 10,2%, ce qui place le parti centriste au 5e rang, derrière Les Verts.
Toutefois, les parts électorales présentées ici ne se réfèrent qu'au Conseil national. Avec ses puissants bastions régionaux, le Parti démocrate-chrétien devrait encore constituer une force importante au sein du Conseil des Etats après les élections fédérales, alors que Les Verts ne devraient continuer à y jouer qu'un rôle marginal (un seul siège écologiste actuellement contre 14 pour le PDC).
L'UDC stabilise son recul, pas le PBD
Avec une part électorale de 26,8%, en baisse de 2,6 points, l'UDC atteint un taux similaire à celui mesuré en juin. C'est la première fois en douze mois que la part électorale du parti agrarien ne diminue pas. Il reste toutefois, et de loin, le parti le plus important.
La situation est différente pour le PBD, qui perd plus d'un tiers de son électorat, avec 2,6% d'intentions de vote (-1,5 point par rapport à 2015).
Le déplacement à gauche se confirme
Le dernier baromètre de la SSR confirme également le déplacement global des rapports de forces vers la gauche. Le camp rose-vert gagne actuellement 3,3 points grâce à la percée des Verts et à la stabilisation du PS (0,1 point de perte pour un total de 18.7%).
A droite de l'échiquier, même si le PLR enregistre une très légère hausse de 0,3 point (16,7%), cela ne suffit pas à compenser les pertes de l'UDC. En cumulant leurs scores, les deux partis perdent 2,3 points.
Outre le PBD et le PDC, qui sont les perdants de ce baromètre, le PEV est également en légère baisse (-0,3%). Au total, ces trois partis perdent 3,2 points. Au centre, seuls les Vert'libéraux peuvent se prévaloir de résultats de sondage positifs (+2,3%). Cela montre que l'érosion du centre politique au sein des partis suisses, qui s'est brièvement inversée en 2011, année du "nouveau centre", semble se poursuivre.
Antoine Schaub
Le climat déterminant dans les choix électoraux
Les Suisses ont aussi été questionnés sur leurs préoccupations. Et la première d'entre elles concerne les primes d’assurance maladie élevées, mais ce thème ne joue qu'un rôle limité dans les choix de vote. La question climatique constitue, elle, la problématique la plus déterminante pour les choix électoraux.
En revanche, le thème des relations avec l’UE a perdu de sa virulence depuis le début de l’année, selon les personnes interrogées. Il en va de même de la question de l’égalité homme-femme, qui a perdu une partie de son importance en tant que motif de vote par rapport aux baromètres électoraux précédents.
Pour l’UDC, les préoccupations actuelles des électeurs continuent de poser un défi, car les thèmes "immigration, étrangers" et "indépendance, souveraineté", qui étaient encore d’actualité en 2015, restent à un niveau relativement bas dans la perception des problèmes par l’électorat.
Méthodologie
La collecte des données a été réalisée en ligne par l'institut de sondage sotomo entre le 19 et le 25 août 2019. Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 17'128 électeurs ont pu être exploitées pour l’évaluation.
La représentativité de ce sondage est toutefois comparable à un échantillonnage aléatoire avec une erreur d’échantillonnage de +/-1,2 point de pourcentage, note Sotomo.