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Les otages de retour à l'ambassade suisse

Les deux Suisses se trouvent toujours dans l'ambassade helvétique.
Les otages sont de retour en "territoire" helvétique.
Les deux otages suisses retenus en Libye ont été remis lundi par les autorités libyennes à l'ambassade de Suisse à Tripoli. Ils «se portent bien, eu égard aux circonstances», a annoncé le DFAE. Ce «retour à la case départ» ne surprend pas Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe.

La partie libyenne n'a donné aucun motif à cette mesure, a
précisé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans
un communiqué . «Aucune indication
supplémentaire ne peut être fournie pour l'instant», conclut le
texte. Les deux Suisses ont été déposés devant l'ambassade par une
voiture, qui est immédiatement partie, selon une source
diplomatique suisse.



Le président de la Confédération s'est dit «soulagé» de la
décision de Tripoli, mais n'a pas voulu en dire plus, le dossier
étant dans les mains du DFAE, a indiqué son porte-parole Roland
Meier.

Pas maltraités

Les deux Suisses retenus en Libye n'ont pas été maltraités. Ils
sont soulagés, en bonne santé et en train de récupérer, a indiqué
lundi devant les médias Micheline Calmy-Rey, qui a pu leur parler.
Leur situation était toutefois difficile: ils ont été isolés et
privés de liberté.



La conseillère fédérale a assuré que la Suisse n'a fait aucune
concession. Elle s'est déclarée très heureuse de la nouvelle,
qu'elle a appris à 12h15. «Maintenant, nous savons où ils sont».
«C'est une bonne nouvelle sur le plan humanitaire», a-t-elle
ajouté. Micheline Calmy-Rey n'a pas été en mesure de préciser le
lieu où les deux Suisses ont été détenus.



La ministre des Affaires étrangères s'est refusée à tout
commentaire sur la tournure qui prendra désormais le dossier. A la
question de savoir si l'on pouvait voir dans les derniers
évènements un signe encourageant ou le début de la fin des
problèmes avec la Libye, elle a seulement lâché: «c'est une autre
affaire».



La commission de politique extérieure du Conseil des Etats, devant
laquelle la ministre venait de s'exprimer, a pris connaissance avec
satisfaction des dernières nouvelles, a relevé son président Dick
Marty (PLR/TI). Pour le reste, la commission continue de soutenir
la stratégie du Conseil fédéral, qui «doit se dérouler dans un
climat de discrétion».

Berne avait haussé le ton

Convoqués fin septembre hors de l'ambassade de Suisse sous
prétexte d'un contrôle médical, le collaborateur d'ABB, Max Göldi,
et Rachid Hamdani, un autre homme d'affaires suisse avaient été
placés dans un lieu «sûr», selon Tripoli. La décision avait été
qualifiée d'«inacceptable» par le DFAE.



Mercredi dernier, le Conseil fédéral avait annoncé la suspension
de l'accord signé avec la Libye le 20 août, face au refus des
autorités libyennes de coopérer concernant le sort des deux Suisses
retenus en otage.



Quelques heures avant l'annonce du Conseil fédéral, le conseiller
d'Etat genevois Laurent Moutinot avait indiqué qu'il ne
s'excuserait pas pour l'arrestation d'Hannibal Kadhafi, des excuses
qu'il jugeait injustifiées.



Les relations entre la Suisse et la Libye se sont dégradées depuis
l'arrestation de Hannibal Kadhafi, fils du leader libyen Mouammar,
et de sa femme en juillet 2008 dans la cité de Calvin. Le couple
avait fait l'objet d'une plainte pour maltraitance de deux de leurs
domestiques. Hannibal avait passé deux nuits en prison.



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Hasni Abidi n'est pas surpris

«Je ne suis pas spécialement surpris, car les Libyens ne pouvaient pas retenir indéfiniment les Suisses dans un lieu secret», réagit Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. «Cela aurait été contre-productif, tant du point de vue de leur image qu'au niveau du processus de négociation engagé avec les Suisses.»

«Le changement d'approche décidé par Berne la semaine passée a sans aucun doute contribué à ce retour à la case départ». La mobilisation de l'opinion publique et d'Amnesty International a aussi porté ses fruits, selon Hasni Abidi.

Les Libyens espèrent maintenant une contrepartie, c'est-à-dire un retour à la négociation, estime le chercheur. «Berne doit maintenir le cap, s'abstenir de faire des concessions et ne pas entrer en matière sur une éventuelle rançon. Il faut obliger la partie adverse à avancer ses pions.»

Hasni Abidi répète que ce développement n'est qu'un «retour à la case départ» et ne signifie pas la fin de la crise.

Amnesty International salue le retour à l'ambassade

L'organisation de défense des droits de l'homme, qui a écrit lundi passé au gouvernement libyen, a salué la nouvelle. «Toutes les interventions auprès des autorités libyennes ces dernières semaines ont certainement contribué à cette décision de libérer les deux otages», a-t-elle dit.

Amnesty ne dispose pas d'élément sur les conditions de détention des deux hommes. «Le fait d'être détenu au secret s'apparente à une torture psychologique», estime Amnesty.

L'ONG demande que les deux Helvètes retrouvent leur liberté de mouvement et puissent rentrer en Suisse.