Le Conseil fédéral vient de rejeter une motion déposée par la parlementaire zurichoise PBD Rosmarie Quadranti qui demandait l'interdiction des "thérapies de conversion".
Dans sa réponse, le Conseil fédéral affirme que "toute thérapie ayant pour but de modifier une orientation homosexuelle est à rejeter d'un point de vue humain, scientifique et juridique. L'homosexualité n'est pas une maladie et ne nécessite aucune thérapie".
Une pratique en vogue dans les milieux chrétiens conservateurs
La motion demandait également d'étudier la possibilité d'instaurer une interdiction d'exercer à l'encontre des psychologues, des thérapeutes et des aumôniers qui recourent à de telles pratiques. Les thérapies de conversion sont souvent promues par certains mouvements évangéliques ou dans les milieux catholiques conservateurs.
Dans sa réponse, le Conseil fédéral a estimé qu'il était cependant impossible d'interdire ces soit-disant thérapies "car il n'existe pas de législation fédérale spécifique à ce domaine".
Il compte plutôt sur la vigilance des différents acteurs institutionnels concernés et pointe tout particulièrement la responsabilité des assurances: "Il n'est pas exclu que des 'thérapies' contre l'homosexualité soit facturées à la caisse maladie en tant que traitement d'une dépression. A cet égard, les assureurs-maladie ont le devoir de vérifier que chaque prestation leur soit soumise à juste titre et, si tel n'est pas le cas, de prendre les mesures qui s'imposent".
L'argumentation du Conseil fédéral fait écho à une enquête publiée par le magazine suisse alémanique spécialisé en santé "Gesundheitstipp". Elle dévoile les pratiques d'un psychiatre installé en Suisse proposant des traitements visant à "guérir" de l'homosexualité. Par un habile tour de passe-passe, le traitement était remboursé par l'assurance.
La motion passera devant le Parlement
Bien que refusée par le Conseil fédéral, la motion sera soumise aux membres du Parlement lors d'une prochaine session. "Nous allons présenter des cas concrets aux élus qui doivent se prononcer sur le sujet", confie Muriel Waeger, directrice romande des associations LOS et Pink Cross.
Guillaume Henchoz, RTSreligion/sjaq
Les pays européens commencent à légiférer sur les thérapies de conversion
La décision du Conseil fédéral ne s'inscrit pas dans le mouvement qui traverse plusieurs pays européens.
Les thérapies de conversions sont interdites à Malte depuis 2016. Le parlement autrichien s'est prononcé en juin 2019 en faveur d'une loi statuant sur leur interdiction formelle. En Allemagne, une commission parlementaire planche sur la rédaction d'une telle loi qui sera ensuite soumise au Parlement. La France a également créé une mission parlementaire dans le but de légiférer sur le sujet.
Ces différents pays répondent à un texte adopté par le Parlement européen en mars 2018 qui appelle les Etats membres à interdire ces thérapies.