Le parti démocrate-chrétien veut apporter une "réponse aux
attentes légitimes du peuple, très remonté contre les excès d'une
poignée de jongleurs" de l'économie, a déclaré son président
Christophe Darbellay mardi lors d'une conférence de presse.
Face aux bonus indécents que le secteur financier s'arroge alors
que le pays est en crise, les risques que l'initiative contre les
bonus excessifs des managers passe sont réels, selon lui. Les
textes populistes ont la cote; le passé récent l'a prouvé, a lancé
le conseiller national Norbert Hochreutener (BE).
Initiative Minder crainte
Le Conseil national se prononcera sur l'initiative de
l'entrepreneur Thomas Minder durant la session de mars. Sa
commission préparatoire, à la suite d'un vote confus, a proposé
d'accepter le texte. Pour éviter cette issue en plenum, le PDC
entend transmettre un contre-projet direct à la commission, qui
siège en fin de semaine prochaine.
Le contre-projet indirect prôné par le Conseil fédéral et le
Conseil des Etats, à savoir la révision du droit de la société
anonyme, est trop complexe, selon Pirmin Bischof (SO). La
proposition du PDC n'est pas encore rédigée, mais elle tend par
exemple à accorder le droit à l'assemblée générale d'une société de
se prononcer sur les rémunérations globales du conseil
d'administration.
L'initiative exige que les actionnaires votent chaque année la
somme des rémunérations des membres du conseil d'administration et
de la direction. Les démocrates-chrétiens proposent de fixer la
durée des mandats des administrateurs à trois ans, avec la
possibilité de passer à un an dans les statuts.
Ils n'abordent en revanche pas la problématique des parachutes
dorés, que l'initiative veut interdire. La proposition du parti est
certes tardive, "mais il vaut mieux tard que jamais", selon
Christophe Darbellay.
ats/hof
Ce que demande l'initiative de Thomas Minder
Thomas Minder a lancé son initiative contre les rémunérations abusives en 2006.
Après avoir récolté 120'000 signatures, l'entrepreneur a déposé son texte à la Chancellerie fédérale en février 2008.
Il demande un renforcement de la surveillance des actionnaires sur les salaires des patrons des sociétés suisses cotées en Bourse.
Il exige aussi l'abolition des parachutes dorés ainsi que la fin des rémunérations anticipées.