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Tripoli jugera les deux Suisses avant fin 2009

L'affaire Kadhafi connaît un nouveau rebondissement.
L'affaire Kadhafi connaît un nouveau rebondissement.
Les deux ressortissants suisses retenus en Libye seront jugés «avant la fin de l'année», a annoncé jeudi Tripoli, qui a cité trois motifs d'inculpation. Mais le vice-ministre Khaled Kaïm a reconnu à mi-voix sur la TSR que le fond de la question se trouvait dans l'arrestation d'Hannibal Kadhafi.

Interrogé en direct lors du 19:30 sur la possibilité d'un geste
humanitaire envers les deux Suisses retenus en Libye, le
vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaïm a répondu
que le fond de la question, c'était "ce qui s'est passé en juillet
2008", à savoir l'arrestation d'Hannibal Kadhafi, fils du colonel
libyen.



Parallèlement à ces propos, il a insisté sur le fait que les deux
Suisses n'étaient pas considérés comme des "otages" par Tripoli, et
qu'il n'était nullement dans leur intérêt que leur sort soit lié à
l'arrestation d'Hannibal Kadhafi.

Invités à sortir de l'ambassade

Auparavant, Khaled Kaïm a invité les deux hommes à quitter
l'ambassade helvétique. «Conformément à la loi, ils doivent avoir
une adresse pour que la justice suive son cours», a déclaré le
vice-ministre libyen. Et de préciser que les deux hommes étaient
inculpés de fraude fiscale, infraction au code de commerce et à la
loi sur l'immigration.



Selon Khaled Kaïm, Max Göldi, qui dirigeait la filiale du groupe
d'ingénierie ABB à Tripoli, et Rachid Hamdami, responsable d'une
PME vaudoise, sont entrés en Libye avec des visas touristiques tout
en menant des activités commerciales sujettes à l'impôt. Leurs
visas ayant expiré, ils n'ont pas déposé une demande de permis de
séjour, a-t-il encore ajouté.



Interrogés par l'ATS, ni ABB, qui emploie un des deux otages, ni
les services du président de la Confédération Hans-Rudolf Merz
n'ont souhaité commenter ce nouveau développement. Tant que les
otages demeurent à l'intérieur de l'ambassade, ils sont hors
d'atteinte de la justice libyenne. Selon la Convention de Vienne
sur les relations diplomatiques, ratifiée par la Suisse et la
Libye, les locaux de la mission sont inviolables. Il n'est pas
permis à l'Etat accréditaire d'y pénétrer, sauf avec le
consentement du chef de la mission.

«Pas d'enlèvement»

Le vice-ministre a démenti que les deux Suisses retenus en Libye
depuis plus de 15 mois aient été «enlevés». «Leur transfert a été
décidé suite à des informations de médias suisses, faisant état
d'une possible opération commando pour les faire fuir», a-t-il
indiqué.



Tripoli avait demandé au Conseil fédéral de condamner les propos
d'un parlementaire qui lui demandait de libérer les otages par des
moyens militaires. Tripoli avait aussi exigé comme condition que le
Conseil fédéral condamne les articles des médias selon lesquels
l'otage helvético-tunisien pouvait entrer et sortir de Libye avec
son passeport tunisien.



Les deux otages ont été remis lundi à l'ambassade de Suisse à
Tripoli, sans explication par les autorités libyennes sur les
raisons de leur détention décidée le 18 septembre.

Deux affaires distinctes

Pour la Libye, l'affaire des deux
hommes d'affaires suisses «n'a rien à voir» avec l'affaire de
Hannibal Kadhafi, arrêté le 15 juillet 2008 à Genève. Selon Khaled
Kaïm, «en liant les deux affaires, Berne a porté préjudice aux
négociations entre les deux pays et à la situation judiciaire et
humaine des deux ressortissants suisses».



Khaled Kaïm a d'ailleurs adressé un message aux familles des deux
Suisses, leur incitant à demander au gouvernement suisse «d'arrêter
de politiser l'affaire de leurs proches pour ne pas porter
préjudice à leur situation».

Une seule promesse: accélerer les procédures

Pour Berne, les deux Suisses, assignés à résidence dans la
capitale libyenne, devaient rentrer dans leur pays avant le 20
octobre conformément à un accord signé en août par le président de
la Confédération, Hans-Rudolf Merz, lors d'une visite à Tripoli.
Mais, a affirmé Khaled Kaïm, «notre seule promesse était
d'accélérer les procédures judiciaires leur concernant».

Les deux hommes d'affaires avaient été placés sous surveillance
policière le 19 juillet 2008 à Tripoli après l'arrestation
d'Hannibal Kadhafi à Genève. On leur reprochait un séjour illégal
sur le territoire. Ils ont ensuite bénéficié d'un régime leur
permettant de se déplacer librement, mais avec interdiction de
quitter la Libye.



Face au refus de collaborer de la Libye, le Conseil fédéral a
suspendu l'accord mercredi dernier et décidé de poursuivre une
politique restrictive en matière de visas à l'égard de la Libye
(lire ci-contre).



ats/afp/bri

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Appel d'une épouse à la famille Kadhafi

Bruna Hamdani, l'épouse d'un des deux otages, a fait cette déclaration prémonitoire au «19:30» de la TSR mercredi soir: «Je pense qu'ils attendent un passage chez le procureur et peut-être un jugement (...) Si c'est cela, je demande qu'on le fasse, mais vite».

Bruna Hamdani a par ailleurs lancé un appel à la famille Kadhafi. «Je leur demande de faire travailler la partie humaine qui est en eux», a-t-elle dit. «Et je fais vraiment appel à leur sagesse, à leur capacité de pardon, et qu'ils nous rendent nos maris, parce que vraiment, cette chose absurde a trop duré», a-t-elle ajouté.

Interrogé par l'ATS, le groupe ABB dit lui soutenir cet appel. Et rappelle qu'il a lui-même adressé un appel urgent aux autorités suisses et libyennes, fin octobre.

Visas: la Libye s'en prend à l'Union européenne

La Libye a protesté jeudi contre une politique européenne limitant l'attribution de visas Schengen aux Libyens. Le vice-ministre des Affaires étrangères libyen dénonce une «solidarité systématique et programmée» avec la Suisse.

«La plupart des demandes de visas Schengen ont été refusées ces dernières semaines aux ressortissants et responsables libyens», a indiqué à l'AFP à Tripoli Khaled Kaïm, vice-ministre des Affaires étrangères. «Cette mesure est incompréhensible de la part des Etats européens».

La Libye a adressé une note aux ambassadeurs des pays européens à Tripoli pour leur faire parvenir sa protestation. «Nous attendons leurs réponses. Mais si cette mesure se poursuivait, nous les traiterions de la même manière», a précisé le vice-ministre.

Selon Khaled Kaïm, des visas Schengen ont été refusés début novembre à des responsables des services du Premier ministre et à ceux du ministère de la Santé.

Le 4 novembre dernier, le Conseil fédéral a haussé le ton face au refus des autorités libyennes de coopérer concernant le sort des deux suisses retenus en otage à Tripoli. Il a notamment indiqué que la Confédération «poursuivra jusqu'à nouvel ordre sa politique de visa restrictive vis-à-vis des ressortissants libyens».