Le Parti libéral, la plus grande force politique du canton,
regagne un siège avec l'élection du sortant Mark Muller et de la
nouvelle arrivée Isabel Rochat. Ils gouverneront aux côtés du
sortant radical François Longchamp et de l'actuel chef du
Département de l'économie et de la santé, le démocrate-chrétien
Pierre-François Unger.
A gauche, les socialistes essuient un nouveau revers, après
celui subi lors des élections au Grand Conseil il y a un mois.
Véronique Pürro, qui dirige le service social de la Ville de
Genève, n'a pas réussi à sauver le siège laissé vacant par Laurent
Moutinot. Le sortant Charles Beer, patron de l'Instruction
publique, sauve sa place, avec une élection sans éclat.
Elle est suivie, loin derrière, par les deux prétendants du
Mouvement Citoyens Genevois (MCG) Mauro Poggia et Eric Stauffer
ainsi que par l'UDC Yves Nidegger. Les autres candidats font de la
figuration.
Le MCG et l'UDC distancés
Selon le président du Parti
socialiste genevois René Longet, la formation de la rose a souffert
du manque de soutien de l'extrême gauche. Elle a aussi perdu des
voix avec l'émergence du MCG, dont le discours protestataire séduit
les couches populaires. De plus, Véronique Pürro n'a pas été "super
brillante" lors des débats, ajoute leur président.
Les Verts, en revanche, ont de quoi sourire. Le grand argentier du
canton David Hiler est le candidat le mieux élu de tous. Sa gestion
rigoureuse des finances publiques a plu à l'électorat de droite. Il
a entraîné dans son sillage sa colistière Michèle Künzler, qui
succédera à Robert Cramer. La députée écologiste sera la novice du
gouvernement, elle qui n'a encore jamais siégé dans un
exécutif.
L'importance des alliances
Nous veillerons à ce
que les partis traditionnels tiennent leurs promesses électorales
en terme d'emploi et de sécurité.
Eric
Stauffer, président du MCG
Le MCG, pour sa
part, n'a pas fait le poids lors de l'élection. Ni le cofondateur
du parti populiste Eric Stauffer, ni l'avocat Mauro Poggia n'ont
fait illusion longtemps. Ils avaient de grandes ambitions et sont
les grands perdants de l'élection. L'UDC Yves Nidegger, parti seule
en course, a aussi souffert de son isolement. Les autres candidats
en lice ne récoltent que des miettes.
Le MCG a été désavantagé par le mode d'élection du gouvernement
genevois, qui favorise les grandes alliances. Le MCG, qui dispose
de 17 députés au Grand Conseil, mènera une politique d'opposition.
"Nous veillerons à ce que les partis traditionnels tiennent leurs
promesses électorales en terme d'emploi et de sécurité", les thèmes
qui ont dominé la campagne.
Fin d'une exception historique
Reste maintenant à attribuer les
différents départements. La droite devrait reprendre celui, maudit,
des Institutions, qui chapeaute la police. Selon le président du
Parti libéral Michel Halpérin, "l'Entente, majoritaire, ne peut pas
se défiler sur la question de la sécurité". Isabel Rochat a déclaré
lors de la campagne être intéressée.
Le retour de la droite aux affaires met fin à une exception
historique. Les gouvernements à majorité de gauche se comptent en
effet sur les doigts d'une main. Avant la législature précédente,
avec ses deux Verts et ses deux socialistes, il fallait remonter
aux années 1930 et l'époque de Léon Nicole pour retrouver une
configuration politique semblable.
ats/dk
Une transition au rituel immuable
La période entre l'élection du nouveau Conseil d'Etat genevois et la prestation de serment à la cathédrale Saint-Pierre, trois semaines plus tard, suit un rituel immuable. Le nouveau gouvernement sera convoqué en colloque dès lundi par le doyen du Conseil d'Etat sortant.
Cette première réunion permettra de dégager les lignes directrices du discours de Saint-Pierre qui donne les grandes orientations de la prochaine législature. Les discussions porteront également sur la répartition des départements. Les candidatures pour le poste de chancelier seront aussi étudiées.
Le nouveau président du Conseil d'Etat, François Longchamp, apportera ensuite la dernière touche au discours. Il le prononcera le 7 décembre à la cathédrale. Une fois le serment prononcé, les sept nouveaux élus et le chancelier qu'ils auront désigné, dirigeront officiellement le canton pour quatre ans.
Les résultats définitifs
David Hiler (Verts): 53'617 voix
François Longchamp (PRD): 49'193 voix
Pierre-François Unger (PDC): 47'178 voix
Mark Muller (Lib.): 42'983 voix
Charles Beer (PS): 42'493 voix
Isabel Rochat (Lib.): 41'849 voix
Michèle Künzler (Verts): 39'743 voix
Véronique Pürro (PS): 38'579 voix
Mauro Poggia (MCG): 31'886 voix
Eric Stauffer (MCG): 29'414 voix
Yves Nidegger (UDC): 18'875 voix
Laurent Tettamanti (Com.): 5874 voix
Xavier Carlo (Com.): 4680 voix
Olivier Brawand: 4576 voix
Fahid Taghavi (Com.): 4098 voix
Paul Aymon: 954 voix
Participation: 46,44%