Isabel Rochat succède donc à Laurent Moutinot à la tête de la
police, un département que beaucoup qualifie de "maudit", si l'on
songe aux magistrats successifs qui s'y sont cassé les dents
(Gérard Ramseyer et Micheline Spoerri avant déjà souffert avant
Laurent Moutinot).
Le nouveau département d'Isabel Rochat chapeautera en plus de la
police et de la sécurité, la direction générale de l'environnement,
les affaires militaires ainsi que les Services industriels de
Genève (SIG).
Les grandes régies publiques ont été réparties de manière plus
harmonieuse, souligne le Conseil d'Etat élu. Le département de
Michèle Künzler récupère ainsi les Transports publics genevois
(TPG).
En plus de certaines tâches de l'actuel département du territoire,
qui disparaît selon la nouvelle répartition, la conseillère d'Etat
fraîchement élue s'occupera aussi de la sécurité civile.
Aménagement à Mark Muller
Les cinq conseillers d'Etat sortant conservent leurs
départements légèrement remaniés. Le libéral Mark Muller reste à la
tête du département des constructions et des technologies de
l'information (DCTI) et récupère la direction générale de
l'aménagement du territoire.
David Hiler (Vert) conserve sa fonction de Grand Argentier du
canton. Son département prend dans son escarcelle les offices des
poursuites et des faillites, jusqu'à présent sous la tutelle du
département des institutions. Ce dernier département n'existera
plus.
Stabilité
Le socialiste Charles Beer garde l'instruction publique et
reprend le sport qui était auparavant sous l'égide de Mark Muller.
Peu de changement également pour François Longchamp, qui reste le
chef de la solidarité et de l'emploi (DSE). Le radical aura en plus
la charge de l'exploitation de l'Arena.
Le démocrate-chrétien Pierre-François Unger conserve également son
dicastère mais complété par le service des affaires extérieures. Ce
département s'appellera le département des affaires régionales, de
l'économie et de la santé (DARES).
La droite satisfaite
Contrairement aux Verts (lire ci-contre), l'Entente genevoise
est «très satisfaite» de la composition du nouveau Conseil d'Etat.
Ses magistrats reprennent des dossiers cruciaux comme la sécurité,
l'énergie, le développement régional et l'aménagement,
soulignent-ils.
Le rattachement de l'aménagement du territoire au département des
constructions était une revendication depuis le début de la
législature précédente, indiquent jeudi les radicaux, les libéraux
et le PDC dans un communiqué.
Mark Muller pourra ainsi déployer une politique de l'aménagement
cohérente avec la nécessité de développer la construction de
logements en concertation avec les communes, selon les trois partis
de l'Entente.
Le contrôle des SIG
Autre motif de satisfaction de l'Entente, le fait que la
répartition corresponde aux attentes exprimées par ses candidats
pendant la campagne. La libérale Isabel Rochat avait manifesté son
intérêt pour la sécurité en faisant valoir son expérience
d'adjointe au Commissariat à la déontologie de la police, rappelle
l'Entente.
Le rattachement des Services industriels de Genève (SIG) au
département de Isabel Rochat réjouit aussi les trois partis de
droite. Il permettra de reprendre en main la gouvernance de cette
régie et d'en réaffirmer le pilotage politique, souligne l'Entente.
Lors de la précédente législature, les SIG étaient sous la tutelle
du Vert Robert Cramer.
Le nouveau Conseil d'Etat prêtera serment lundi à la cathédrale
Saint-Pierre. Il entrera en fonction à ce moment.
ant/ats
La composition du gouvernement en bref
Finances: David Hiler (vert)
Instruction publique, culture et sport: Charles Beer (socialiste)
Sécurité, police et environnement: Isabel Rochat (libérale)
Constructions, technologies de l'information: Mark Muller (libéral)
Intérieur et mobilité: Michèle Künzler (verte)
Solidarité et emploi: François Longchamp (radical)
Affaire régionales, économie et santé: Pierre-François Unger (PDC)
Chancellerie: Anja Wyden
Les Verts «très déçus»
Les Verts genevois sont «très déçus» de la répartition des départements au sein du Conseil d'Etat élu.
L'Entente s'est appropriée de grandes responsabilités en attribuant ces dossiers à Isabel Rochat, a indiqué jeudi Anne Mahrer, présidente des Verts. Elle estime qu'une telle charge, avec en plus la police et les affaires militaires, est «humainement impossible».
Elle déplore qu'un des trois élus sortants de droite «se soient dégonflés» en ne reprenant pas le département de la police.
Anne Mahrer s'inquiète aussi que la police et les affaires militaires soient gérées par la même personne. D'après elle, ce n'était plus le cas depuis que l'armée avait tiré sur la foule à Genève en 1932.
Pour les socialistes, il s'agit d'un «charcutage politique» au détriment d'une vision globale pour le canton, déplore le président du PSG René Longet.
Le nouveau DSPE a été arbitrairement gonflé alors que celui de l'intérieur et de la mobilité (DIM) a été arbitrairement vidé de sa substance, a déclaré René Longet. La police et la sécurité n'ont rien à voir avec l'environnement et l'énergie, relève le président du PS.
René Longet critique les partis de l'Entente qui ont repris la majorité à l'exécutif. «Ils ont refilé la patate chaude de la police à la petite nouvelle», a-t-il souligné en parlant de la libérale Isabel Rochat.