En Suisse, le marché du travail peut paraître idyllique lorsqu'on consulte les statistiques sur l'emploi. Au mois d'août, le taux de chômage est demeuré à 2,1%, un taux historiquement bas, annonçait lundi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).
Mais chez les personnes actives, les chiffres révèlent des réalités variées. Dont une hausse du nombre de personnes qui cumulent au moins deux emplois. Un phénomène qui a sensiblement progressé ces trois dernières décennies, passant de 4% du total des travailleurs en 1991 à près de 8% en 2018. Au deuxième trimestre 2019, 369'000 personnes annonçaient exercer plus d'une activité professionnelle, selon les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS).
"A la fin de la semaine, je suis épuisée"
Marie-Anne Wipf fait partie de ceux qui cumulent pour vivre. A la suite d'une rupture, cette mère de deux enfants est revenue sur le marché du travail après cinq ans comme maman au foyer. Elle est tenue de gagner près de 6000 francs par mois pour son ménage et ses emprunts.
Aucune des activités que Marie-Anne a trouvées ne lui permet d'occuper un poste à temps plein. Elle s'est donc tournée vers le cumul, travaillant comme cuisinière au moins cinq jours par mois, mais aussi en tant qu'accompagnatrice pour personnes handicapées. Elle a également transformé son chalet en maison d'hôtes et gère toute son administration depuis son bureau. En haute saison, son activité dépasse largement les 100%.
"A la fin de la semaine, lorsque j'ai cumulé tous ces jobs et que je n'ai pas réussi à avoir de jour de congé, je suis épuisée", raconte-t-elle dans le 19h30 de la RTS. "A ce rythme-là, je ne tiendrai pas dix ans."
Les femmes particulièrement concernées
A l'image de Marie-Anne, le cumul de postes concerne particulièrement les femmes, selon les données de l'OFS. Ainsi que les indépendants et les personnes avec un niveau de formation élevé.
Une situation qui n'est pas que transitoire en général. Six personnes "multiactives" sur 10 en 2017 l'étaient déjà un an plus tôt, selon une enquête de l'OFS. Et sept travailleurs sur 10 qui exercent une activité secondaire bénéficiaient d'un contrat à durée indéterminée.
Un cumul permanent qui ne fait pas rêver Marie-Anne. La trentenaire espère un jour créer une véritable maison d'hôtes. Une seule activité pour laquelle elle pourrait se passionner pleinement.
Témoignage recueilli par Mathieu Lombard
Adaptation web de Tamara Muncanovic