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Les deux Chambres fédérales changent de tête

Le Fribourgeois Alain Berset a passé le flambeau à la St-Galloise Erika Forster.
Le Fribourgeois Alain Berset a passé le flambeau à la St-Galloise Erika Forster.
Pour la première fois de l'histoire, deux femmes présideront simultanément les Chambres: la socialiste argovienne Pascal Bruderer dirigera les débats au National et la radicale st-galloise Erika Forster ceux du Conseil des Etats. Elles ont été élues lundi, au premier jour de la session d'hiver.

Outre son mandat politique, Pascale Bruderer, 32 ans, dirige la
ligue argovienne contre le cancer. Pascale Bruderer reprend le
flambeau de Charia Simoneschi (PDC/TI), qui a tenu à souligner que
rien ne pouvait lui faire plus plaisir qu'une femme succède à une
autre femme. Pour la 10e fois, le perchoir est en mains
féminines.



La socialiste est la benjamine des présidentes. Trois ans après la
radicale Christine Egerszegi, une Argovienne occupe à nouveau la
présidence de la Chambre du peuple. En tout, treize représentants
de ce canton ont occupé ce poste depuis 1848. Outre son mandat
politique, Pascale Bruderer dirige la ligue argovienne contre le
cancer.

Jeter des ponts entre le peuple et la politique

La socialiste argovienne a pour
ambition de rapprocher ses concitoyens de la politique. Le parcours
politique de la jeune socialiste est fulgurant. Douze ans seulement
après ses débuts en politique, au parlement de sa ville de Baden
(AG), elle sera la semaine prochaine la première citoyenne de
Suisse.



Cette femme de gauche plutôt consensuelle de déclarer avoir peu de
goût pour la politique spectacle et provocante.



Au cours de sa présidence, elle espère jeter des ponts entre le
Palais fédéral et la population. Entre jeunes et seniors également.
La socialiste est actuellement membre de la commission de la
science, de la formation et de la culture du National et présidente
de l'organisation de soutien aux handicapés Pro Mente Sana.



Pascale Bruderer est depuis l'an dernier active dans la direction
d'organisations à but non lucratif ainsi que dans le conseil en
communication et relations publiques. Elle dirige notamment la
Ligue argovienne contre le cancer.

Deux hommes vice-présidents

De son côté, Jean-René Germanier a été élu premier
vice-président du Conseil national. Le radical valaisan a obtenu
170 voix sur 177 bulletins valables. Cet encaveur qui fêtera
bientôt ses 51 ans accédera au perchoir dans un an et sera ainsi
premier citoyen du pays lors des prochaines élections
fédérales.



Le second vice-président, aussi élu lundi, est Hansjörg Walter.
L'UDC thurgovien a obtenu 149 voix sur 165 bulletins valables. Ce
paysan de 58 ans avait beaucoup fait parler de lui, contre son gré,
il y a un an. Une très large partie du National avait voté pour lui
lors du remplacement de Samuel Schmid au Conseil fédéral. Mais le
candidat officiel de l'UDC, Ueli Maurer, l'avait finalement emporté
d'une voix.

Le Conseil des Etats change aussi de tête

Elue lundi aussi, la radicale st-galloise Erika Forster remplace
Alain Berset à la tête du Conseil des Etats. Elle a été élue par 43
voix sur 43 bulletins valables. Femme d'affaires, Erika Forster, 65
ans, consacre l'entier de son temps à son mandat de
sénatrice.



Elle est la troisième femme à présider le Conseil des Etats, après
la radicale genevoise Françoise Saudan en 2001 et la
démocrate-chrétienne lucernoise Josi Meier en 1992. St-Gall n'avait
plus été représenté à ce poste depuis plus de 40 ans, le dernier
président issu de ce canton ayant été le radical Willi Rohner en
1967. Erika Forster est la 10e personne représentant St-Gall à la
Chambre des cantons à occuper ce poste.



En 1982, elle a présidé le parlement de la ville de Saint-Gall et
douze ans plus tard celui du canton. Au début des années 1970,
Erika Vannini rencontre Ueli Forster et entre par mariage dans la
dynastie saint-galloise Forster, active dans le textile.



Erika Forster n'est pas une politicienne qui s'expose ou heurte.
De fait, cette radicale n'a jamais milité pour la cause féministe.
Mais elle s'engage tôt pour montrer que travail et vie de famille
sont compatibles.



Si cela peut servir la cause, elle n'hésite pas à s'écarter de la
ligne de son parti et de l'économie. Ainsi, en tant que présidente
de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du
paysage, elle combat la suppression du droit de recours des
associations, pourtant portée par les radicaux.



Membre de la commission de la sécurité sociale et de la santé
publique, de la commission de l'environnement, et de la commission
de l'économie et des redevances, son mandat de conseillère aux
Etats représente presque un plein temps. Erika Forster siège en
outre à la direction du PLR suisse et préside des organisations de
bienfaisance.



ats/mej

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Une session au programme très chargé

Le Parlement prendra d'importantes décisions sur l'avenir de l'AVS et de l'assurance chômage durant la session d'hiver qui s'ouvre ce lundi à Berne.

Le National ne traitera toutefois de ces dossiers qu'en 3e semaine. Auparavant, élections et budget rythmeront le travail des députés. Comme chaque année, l'Assemblée fédérale va repourvoir la direction des institutions nationales.

Pour la première fois, trois femmes seront simultanément au gouvernail: Doris Leuthard présidera en 2010 la Confédération, Pascale Bruderer (PS/AG) le Conseil national et Erika Forster (PLR/SG) le Conseil des Etats.

Autre incontournable de la session d'hiver: le budget de la Confédération. Les deux conseils vont en outre s'offrir un grand débat d'actualité en prévoyant chacun une "session extraordinaire" sur le prix du lait et la politique agricole (le 3 décembre au National, le 8 aux Etats).

La Chambre du peuple s'est réservé plusieurs gros dossiers pour la fin de la session. Elle se prononcera notamment sur le financement des retraites anticipées.

La majorité s'était d'abord montrée très pingre. La commission préparatoire propose désormais un revirement total: libérer plus d'un milliard de francs, une option qui risque toutefois d'être balayée.

Les députés diront aussi s'ils veulent d'une révision de la loi sur l'assurance chômage. Le projet est mal emmanché: la gauche ne veut pas entendre parler de coupes et la droite rejette toute hausse des cotisations.

S'ils ont le temps, les conseillers nationaux s'attaqueront à d'autres objets. Ils devraient rejeter aussi bien un renforcement du contrôle des biens à double usage militaire et civil que l'initiative populaire contre l'achat de nouveaux avions de combat. Les débats n'en demeureront pas moins nourris, vu l'actualité.

Le National se prononcera en outre sur l'introduction de spots politiques à la télé et à la radio, les mesures de lutte contre la spéculation en matière de résidences secondaires ainsi le renforcement de l'indépendance du Préposé fédéral à la protection des données.

Le Conseil des Etats pas en reste

La libéralisation du marché postal figure aussi au menu du Conseil des Etats. Le Conseil fédéral prévoit un calendrier échelonné. D'abord une révision de la loi, soumise à référendum. Puis, un an après son entrée en vigueur, un projet d'ouverture complète du marché, également attaquable devant le peuple.

Les sénateurs pourraient sceller le sort de la révision du droit de bail (découplage des loyers et des taux hypothécaires), que le National a rejetée. Ils risquent d'être tentés de faire aussi passer par pertes et profits l'instauration d'un prix unique du livre, que l'autre Chambre appelle de ses voeux.

D'autres décisions importantes sont attendues de la part du Conseil des Etats: initiative populaire de l'UDC pour le renvoi des criminels étrangers et son contre-projet, initiative du PS contre les abus de la concurrence fiscale entre cantons, prolongation du moratoire sur les OGM dans l'agriculture, extension du "milliard de cohésion" à la Roumanie et la Bulgarie, financement des caisses de pension des ex-régies ou suppression des peines pécuniaires.