Joseph Deiss a été préféré au Belge Louis Michel, ancien
commissaire européen et ancien ministre des affaires étrangères du
Plat Pays. Sa candidature sera présentée à l'Assemblée générale des
Nations unies pour l'élection officielle. La 65e Assemblée générale
débutera en septembre 2010.
C'est au tour du groupe régional de l'Ouest de choisir le futur
président dans ses rangs. En font partie, les pays de l'Europe de
l'Ouest, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande. L'élection définitive du président par
l'assemblée a lieu en général l'été qui précède la session.
Fonction protocolaire
Cette fonction est essentiellement protocolaire. Joseph Deiss y
voit toutefois une occasion de "montrer que notre pays est
disponible, prêt à s'engager davantage et à jouer pleinement son
rôle de membre de l'ONU et d'acteur de la vie publique planétaire",
comme il l'avait déclaré à la mi-novembre dans une interview à La
Liberté.
L'ancien ministre des affaires
étrangères (1999-2003) et de l'économie (2004-2006) souhaite
apporter à cette présidence "les qualités qu'on attribue aux
Helvètes, soit la précision, la rigueur, l'envie de trouver des
solutions". Il s'efforcera de faire avancer les Objectifs du
Millénaire pour réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici
2015.
Selon lui, ce sont avant tout les valeurs traditionnelles de la
Suisse qui ont fait pencher la balance. Le Fribourgeois a cité la
neutralité, la fiabilité et le fait que la Confédération soit prête
à proposer ses bons services et à faire des compromis.
Avant la votation sur l'initiative anti-minaret, la ministre des
Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey avait exprimé des craintes
pour la candidature de Joseph Deiss en cas de oui au scrutin. Des
craintes qui avaient été répétées après le vote (lire
ci-contre).
Le Conseil fédéral a félicité Joseph Deiss. Il est convaincu que
la Suisse met ainsi un excellent candidat à la disposition de
l'Assemblée générale de l'ONU, a communiqué mardi le Département
fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Après la Libye
Le Conseil fédéral avait annoncé le 17 septembre la candidature
de Joseph Deiss pour la session 2010-2011 de l'Assemblée générale
de l'ONU. Hasard des rotations, si sa nomination est confirmée, il
succédera à l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères Ali
Abdessalam Triki.
Suite à l'affaire Kadhafi, Tripoli avait demandé cet été que
l'Assemblée générale de l'ONU discute d'un démantèlement de la
Suisse et d'un partage entre ses voisins. Cette demande avait été
refusée, parce qu'elle contredit les principes de la charte des
Nations unies.
ats/cer
Les minarets pas centraux
L'interdiction des minarets n'a pas empêché Joseph Deiss d'être choisi comme candidat officiel des pays occidentaux à la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU, se félicite l'ancien conseiller fédéral, qui entend continuer son travail d'explication pour éviter d'être recalé par le plénum.
«Les minarets n'ont pas été un thème» dans la «campagne» électorale parmi les 28 pays du groupe occidental entre le candidat suisse et son rival belge, l'ancien commissaire européen Louis Michel, se réjouit le Fribourgeois dans une interview à La Liberté.
«On nous a certes demandé des renseignements, mais j'ai tenu ma position de départ, à savoir que la votation d'il y a deux semaines ne devait pas intervenir dans l'élection du président de l'Assemblée générale», ajoute-t-il.
D'ici l'élection formelle par l'assemblée générale, prévue à l'été, Joseph Deiss et son équipe entendent «continuer (leur) travail d'explication et rencontrer un maximum de pays».
Selon lui, ce qui a joué en sa faveur, «c'est le fait d'avoir mis en avant les qualités traditionnelles de la Suisse, soit notre neutralité, notre capacité à offrir nos bons offices et la fiabilité de notre pays».
Les critiques de Louis Michel
Le Belge Louis Michel ne comprend pas la désignation de Joseph Deiss comme candidat du groupe Occidental à la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU.
L'ancien commissaire européen et ex-ministre belge des affaires étrangères a critiqué ce choix mardi sur les ondes de la radio belge RTBF.
«C'est criant. Qu'on m'explique pourquoi la Finlande, qui partage totalement les valeurs de l'Europe, et l'Allemagne, pourquoi ces pays sincèrement européens préfèrent un candidat d'un pays qui a quand même quelques problèmes avec les valeurs de l'Europe».
Selon Louis Michel, l'Union européenne (UE) compte seize pays dans ce groupe de 29. «Il faut m'expliquer pourquoi cinq à six pays de l'UE ont choisi de voter pour un candidat suisse contre un candidat européen», a poursuivi l'ancien commissaire.
Selon la RTBF, Joseph Deiss a recueilli 15 voix, contre 14 pour Louis Michel. Aucune information n'a filtré à New York sur le nombre de voix qu'on obtenu chaque candidat lors de ce vote inofficiel et secret.