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Les otages suisses en Libye font recours

Les deux Suisses se trouvent toujours dans l'ambassade helvétique.
Les deux Suisses se trouvent toujours dans l'ambassade helvétique.
Max Göldi et Rachid Hamdani, les deux otages suisses retenus en Libye, vont faire recours contre leur condamnation à seize mois de prison, ont annoncé vendredi leurs proches. En Suisse, leurs familles ont mené des actions dans les rues de Genève et Berne.

Rachid Hamdani "a donné instruction à son avocat en Libye de
recourir contre le verdict le condamnant tel qu'il lui a été
notifié oralement lundi 30 novembre 2009", écrit son épouse dans un
communiqué.



Le groupe helvético-suédois ABB a de son côté annoncé avoir
"demandé à ses avocats en Libye" de faire recours contre ce
jugement. Les deux hommes sont "convaincus d'avoir des arguments
pertinents justifiant un tel recours".



Max Göldi, directeur de l'antenne libyenne du groupe ABB, et
Rachid Hamdani, un employé d'une entreprise de construction, ont
été condamnés lundi à 16 mois de prison et 2000 dinars d'amende
(1600 francs) pour "violation des règles sur les visas". Ils
doivent encore comparaître à la mi-décembre devant la justice
libyenne pour "exercice d'activités économiques sans
autorisation".

Manifs de soutien

Les deux frères de Max Göldi, accompagnés d'une douzaine de
militants d'Amnesty International, ont distribué des cartes
postales à la population vendredi à Berne. Ces cartes contiennent
un message de soutien pré-imprimé et peuvent être envoyées aux
otages coincés à l'ambassade de Suisse à Tripoli.



L'épouse de Rachid Hamdani, le second otage, participait, devant
la gare de Cornavin à Genève, à une action similaire, également
avec l'appui d'Amnesty International.



"Ces cartes donneront du courage à mon frère et à Rachid Hamdani",
a déclaré Christian Göldi. "La situation est très difficile pour
notre famille, mais nous n'abandonnerons jamais". Et de presser une
nouvelle fois les autorités libyennes de laisser rentrer les deux
otages à la maison "dans un geste humanitaire".



De nombreux passants ont accepté les petits cartons et indiqué
qu'ils allaient les signer. Amnesty a déjà imprimé 60'000 cartes
postales et les distribuera également lorsqu'elle sera présente
dans les villes suisses à l'occasion d'autres actions. Les familles
des deux hommes et Amnesty International avaient lancé une
campagne de solidarité jeudi.

Les otages sont "à plat"

Bruna Hamdani a indiqué vendredi que son mari a reçu un coup au
moral en apprenant sa condamnation à 16 mois de prison ferme par la
justice libyenne. "Il est à plat", a-t-elle déclaré à des
journalistes à Genève. Elle s'est dite persuadée que cette action
apportera du réconfort à son mari et à son compagnon d'infortune.
Ces derniers en auront bien besoin, car ils sont
"découragés".



"Mon époux se sent injustement condamné", a poursuivi Bruna
Hamdani. Etant double-national tunisien et suisse, il peut
séjourner un mois en Libye sans visa. Or, il n'a jamais été dans ce
pays "plus de quatre à cinq jours d'affilée". Il a pourtant écopé
d'une peine de prison ferme pour "violation des règles sur les
visas".



Selon Bruna Hamdani, tant son mari Rachid que Max Göldi "voulaient
participer au développement de la Libye". Ce ne sont pas des hommes
d'affaires sans scrupule dont l'unique but était de faire fortune
dans ce pays. Elle s'est déclarée touchée par la solidarité de la
population suisse à son égard. "Je vois le soutien".



ats/sbo

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L'aide précieuse d'Amnesty International

Amnesty International est en relation avec les proches des deux otages depuis un bout de temps. L'organisation humanitaire attendait juste l'accord des familles pour entrer en scène. La condamnation des deux otages a été l'élément déclencheur, a fait savoir Denise Graf, coordinatrice auprès de l'ONG.

Amnesty International dispose de contacts en Libye, notamment auprès de la Fondation Kadhafi pour les droits humains. Grâce à elle, "nous avons pu faire sortir 88 personnes des geôles libyennes", a relevé Denise Graf.

L'ONG a également pu visiter en mai dernier des prisons. En Libye, les conditions de détention sont difficiles. Les prisons sont souvent surpeuplées et l'hygiène est très mauvaise, a noté Denise Graf.

Les détenus subissent parfois des mauvais traitements. Au niveau psychologique, les pressions sont aussi énormes. Souvent, les gens ne "savent pas ce qu'on leur reproche".

Rappel des faits

Max Göldi, directeur de l'antenne libyenne du groupe ABB, et Rachid Hamdani, un employé d'une entreprise de construction, sont retenus en Libye depuis le 19 juillet 2008. Ils avaient été arrêtés à la suite de l'interpellation du fils du colonel Kadhafi, Hannibal, quelques jours auparavant par la police genevoise.

Le 25 août dernier, ils avaient reçu leurs passeports et leurs visas de sortie, mais n'ont finalement pas été autorisés à quitter le pays.

A la mi-septembre, ils ont été emmenés dans un lieu tenu secret au prétexte de subir un contrôle médical. Ils n'ont été reconduits à l'ambassade de Suisse à Tripoli que le 9 novembre, sans mention d'aucun motif.