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L'ONU réclame la libération des 2 Suisses en Libye

«Il n'y a pas eu d'explication valable» à l'arrestation des Suisses, estime Navi Pillay.
«Il n'y a pas eu d'explication valable» à l'arrestation des Suisses, estime Navi Pillay.
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a demandé mardi la libération des deux Suisses en Libye, dont la détention sans explication valable est «injuste». Par ailleurs, elle a réaffirmé que l'interdiction des minarets en Suisse était contraire au droit international.

«Ils doivent être libérés aussi vite que possible», a déclaré la
Haut Commissaire de l'ONU, interrogée sur le sort des deux Suisses,
Max Göldi et Rachid Hamdani, détenus depuis 508 jours par le
colonel Kadhafi, lors d'une conférence de presse.



«Cette détention apparaît comme une violation» de leurs droits,
a-t-elle dit. «Ils ont été détenus pendant une très longue période
avant d'être jugés. Cette détention est injuste. Il n'y a pas eu
d'explication valable qui ait été donnée», a ajouté la Haut
Commissaire.



«Ils semblent être les victimes d'un litige entre la Suisse et la
Libye, mais des individus ne doivent pas souffrir des mauvaises
relations entre des Etats», a déclaré l'ex-juge
sud-africaine.



La Haut Commissaire s'exprimait en vue de la Journée
internationale des droits de l'homme, le 10 décembre. Cette Journée
est consacrée cette année à la lutte contre toutes les
discriminations.

Deuxième jugement attendu

Retenus depuis le 19 juillet 2008, Max Göldi, chef de la filiale
en Libye du groupe d'ingénierie helvético-suédois ABB, et Rachid
Hamdami, responsable d'une PME vaudoise, ont été condamnés le 30
novembre dernier à 16 mois ferme et à une amende de 2000 dinars
libyens (environ 1600 francs suisses) chacun pour «séjour illégal».
Les deux hommes d'affaires ont décidé de faire appel de cette
condamnation.



Les deux hommes, qui ne quittent pas l'ambassade de Suisse à
Tripoli, doivent par ailleurs comparaître de nouveau devant la
justice libyenne dans une deuxième affaire concernant «l'exercice
d'activités économiques sans autorisation», selon une source
judiciaire libyenne.

ats/sbo

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L'interdiction des minarets est «discriminatoire»

Navi Pillay a également été interrogée sur l'interdiction des minarets acceptée par le peuple suisse, une décision qu'elle avait regrettée il y a une semaine dans un communiqué, en la qualifiant de «clairement discriminatoire». «Je ne critique pas un vote démocratique, je critique les stéréotypes qui influencent un tel vote», a-t-elle expliqué.

Elle a réaffirmé que l'interdiction des minarets «contredit» le droit international, mais a dit s'attendre que le problème juridique «soit résolu au niveau des tribunaux en Suisse».

«Il y a toujours un risque à tenir des consultations populaires qui sont potentiellement en conflit avec les valeurs bien établies des droits de l'homme», a ajouté la Haut-Commissaire.

Elle a cité l'exemple de son pays, l'Afrique du Sud. La peine de mort, a-t-elle expliqué, a été déclarée inconstitutionnelle. «Mais vu le degré de violence criminelle en Afrique du Sud, je suis certain que si un scrutin était organisé, la population se déclarerait en faveur de la peine de mort», a affirmé Navi Pillay.

«Cette décision représenterait un retour en arrière», a souligné la Haut-Commissaire. Il est toujours possible qu'une majorité se prononce lors d'un vote démocratique pour des mesures qui sont discriminatoires à l'encontre de minorités, a-t-elle averti.