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Assurance-chômage: révision explosive débattue

Cent millions de francs ont été investis en deux ans pour favoriser l'insertion des jeunes.
Les moins de 30 ans seront spécialement touchés par la réforme proposée.
Malgré les menaces de référendum, le Conseil national semble parti pour durcir les conditions dans la 4e révision de la loi sur l'assurance-chômage. Premières victimes, les chômeurs de moins de 30 ans risquent à l'avenir de devoir accepter un travail moins qualifié.

La bataille a commencé dès le débat d'entrée en matière, au
cours duquel la commission préparatoire a été désavouée. La
majorité bourgeoise est revenue sur ses positions et a refusé
d'enterrer le projet par 126 voix contre 60. Idem d'une proposition
de renvoi au Conseil fédéral, avec pour mission d'augmenter
davantage les cotisations à l'assurance.



Ce revirement, à la barbe de la gauche, est lié à un accord
survenu en coulisses. Les partis de droite veulent désormais
étendre les coupes dans les prestations (703 millions au lieu des
576 millions prévus par le Conseil des Etats) et réduire les
recettes (646 millions au lieu de 876 millions).

Se serrer la ceinture

Le relèvement temporaire de 0,1 point de cotisation censé
éponger les dettes de l'assurance pourrait passer à la trappe.
Faute de pouvoir faire de la magie, il s'agira de se serrer la
ceinture de tous les côtés, a justifié Peter Spuhler
(UDC/TG).



La situation est grave; le trou dans les caisses de l'assurance
atteint 5 milliards et risque de se creuser l'an prochain avec un
taux de chômage pouvant dépasser 5%, soit 200'000 personnes, a
averti Doris Leuthard. Le but est de corriger les erreurs de la
précédente révision de 2002, qui tablait sur une moyenne de 100'000
chômeurs, selon la ministre de l'Economie.



La gauche n'a pas mâché ses mots contre ce projet, «une des lois
les plus scélérates de l'histoire contemporaine», d'après
JeanClaude Rennwald (PS/JU). «La révision n'aide en rien les
chômeurs, au contraire, elle péjore gravement leurs conditions», a
ajouté Josef Zisyadis (La Gauche/VD). Et les menaces de référendum
de pleuvoir.

Jeunes sacrifiés

Les chômeurs de moins de 30 ans risquent d'être les premiers à
sentir le vent tourner. S'ils ne veulent pas être pénalisés par
l'assurance chômage, ils devraient à l'avenir accepter un emploi
même si celui-ci ne tient pas compte de leurs aptitudes ou de leur
formation.



La Chambre du peuple a emboîté le pas au Conseil des Etats pour
durcir la loi sur ce point par 101 voix contre 82. «On peut
attendre un minimum de flexibilité de la part des jeunes», a
affirmé Sylvia Flückiger (UDC/AG). Pour Charles Favre (PLR/VD), il
est important de retrouver un travail rapidement, même s'il n'est
pas idéal, plutôt que de s'éterniser à l'assurance chômage.



L'idée de limiter cette mesure aux personnes sans famille à charge
a été écartée par 101 voix contre 82. Idem de la proposition de
compromis visant à abaisser la barre aux jeunes jusqu'à 25
ans.



En vain, le camp rose-vert a fustigé l'extension de la notion de
travail «convenable» pour les jeunes. Cette mesure ne va pas
augmenter le nombre d'emplois disponibles, a souligné Louis
Schelbert (Verts/LU). Au contraire, les intéressés risquent de
ravir une place convenant mieux à un autre chômeur moins
qualifié.

Autres tours de vis en vue

La révision prévoit d'autres tours de vis à l'encontre des
jeunes, qui seront abordés mercredi. Les étudiants qui ne trouvent
pas de travail au terme de leur formation devraient par exemple
attendre six mois avant de pouvoir toucher des indemnités. Ils
n'auraient droit qu'à quatre mois de chômage au lieu d'un an.



L'examen de la hausse des cotisations en faveur de l'assurance
chômage a aussi été reporté à la fin de débat. La majorité a imposé
ce renvoi au grand dam du camp rose-vert. «Ce stratagème de la
droite consiste à démanteler d'abord les prestations de l'assurance
pour ensuite se satisfaire d'une hausse minime des recettes».



ats/bri

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Les principales mesures

Certaines villes de l'Arc jurassien connaissent déjà des taux de chômage de plus de 10%. Pourtant, la révision prévoit de supprimer la possibilité de prolonger la durée des indemnités de 400 à 520 jours dans les régions en crise, ont rappelé divers orateurs.

L'assainissement se fera sur le dos des chômeurs de longue durée et des jeunes, qui se verront limiter les prestations à 130 jours s'ils ont moins de 25 ans et à 260 jours jusqu'à 30 ans, a critiqué Adèle Thorens (Verts/VD).

L'élément central du projet du Conseil fédéral consiste à faire passer de 2,0 à 2,2% le taux de cotisation sur le salaire. Cela doit se traduire par des recettes supplémentaires de 460 millions de francs par année.