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Assurance-chômage: le National serre la vis

Doris Leuthard se rendra lundi en Espagne, qui préside actuellement l'Union européenne.
Doris Leuthard s'est opposée aux mesures les plus extrêmes.
Alors que la situation se dégrade sur le marché du travail, le Conseil national a durci les conditions pour toucher le chômage. Les jeunes et les chômeurs de longue durée sont les principales victimes de la volonté d'économiser. Les cotisations augmenteront moins que prévu.

La 4e révision de l'assurance chômage a été adoptée mercredi par
119 voix contre 61, le jour de l'annonce d'un pic de chômage à
4,2%. Même si le Conseil des Etats doit se prononcer à nouveau, le
référendum est programmé.



Le camp rose-vert n'a réussi à faire passer aucune proposition et
même la conseillère fédérale Doris Leuthard a fait la
grimace.



Au nom de l'assainissement de l'assurance-chômage, dont la dette
approche 6 milliards, et alors que le Seco a annoncé mercredi que le nombre de chômeurs a atteint
163'950 en novembre, la Chambre du peuple a taillé drastiquement
dans les prestations. Elle a réalisé quelque 210 millions
d'économies supplémentaires par année, principalement sur le dos
des jeunes, en plus des 576 millions prévus par la Chambre des
cantons.

Les jeunes pas épargnés

Ainsi, les étudiants qui ne trouvent pas d'emploi au terme de
leur formation risquent d'attendre 260 jours pour toucher 90
indemnités journalières au plus. Le National a introduit une autre
innovation: les chômeurs de moins de 25 ans sans enfant à charge
n'obtiendraient plus que 130 jours d'indemnités, même s'ils
cotisent depuis des années.



La durée maximale devrait être réduite à 260 jours pour les 25 à
30 ans. Ces deux catégories perçoivent aujourd'hui 400 jours dès
une année de versements à l'assurance.

Emploi "convenable"

Tour de vis supplémentaire prévu pour les moins de 30 ans: ils
devront accepter un emploi même si celui-ci ne correspond pas à
leurs qualifications. La Chambre du peuple a emboîté le pas au
Conseil des Etats sur ce point par 101 voix contre 82.



Les chômeurs plus âgés ou avec une famille à entretenir ne seront
pas épargnés. La durée des indemnités risque d'être limitée à 260
jours après un an de cotisation (400 jours aujourd'hui). Pour
maintenir le niveau actuel, il faudra cotiser durant au moins 18
mois. Seuls les travailleurs de plus de 55 ans auront droit au
maximum de 520 jours après deux ans de versements.



Le National s'en est pris aussi aux chômeurs de longue durée. Par
93 voix contre 88, il a décidé de réduire leurs indemnités de 5%
après 260 jours. La même coupe interviendrait à nouveau après 330
jours. "Il s'agit d'éliminer toute incitation à rester dépendant de
l'assurance", a justifié Johann Schneider-Ammann (PLR/BE).

Clause romande supprimée

Les délais de carence seront
prolongés pour les personnes qui ne doivent pas entretenir
d'enfant. Ceux qui disposent d'un revenu entre 60'001 et 90'000
francs percevraient le chômage seulement après 10 jours au lieu de
5 pour les autres. L'attente passerait à 15 jours pour un revenu
jusqu'à 125'000 francs et à 20 jours pour un salaire
supérieur.



Quant aux régions durement frappées par la crise, elles ne
pourront plus demander de prolongation temporaire du chômage à 520
jours. Par 124 voix contre 68, le Conseil national a exclu le
maintien de la clause profitant surtout à la Suisse latine. Exit
aussi l'idée de prolonger la durée du chômage partiel.

Cotisations à la hausse

Après avoir sabré dans les prestations, le National a atténué la
hausse des cotisations salariales. Par 117 voix contre 67, il a
refusé un relèvement temporaire de 0,1 point censé éponger les
dettes de l'assurance. Les recettes escomptées, 230 millions,
seront compensées par les économies prévues, d'après la droite. Les
cotisations paritaires sur les salaires passeront de 2 à 2,2%, avec
à la clé 486 millions de recettes.



Quant aux personnes touchant des salaires compris entre 126'000 et
315'000 francs, elles devront verser en plus à nouveau
temporairement un pourcent de solidarité (+160 millions).



La gauche a plaidé en vain pour une hausse définitive des
cotisations à 2,3% et une extension de la ponction sur les hauts
revenus. De toute façon, le gouvernement va utiliser la marge de
manoeuvre dont il dispose pour relever les cotisations dès 2011, a
averti Doris Leuthard. L'ampleur de la hausse n'est pas encore
déterminée, selon elle.



ats/lan

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