Dans deux interviews publiées par "Le Matin Dimanche" et le "SonntagsBlick" , Claude Béglé
estime qu'avec un volume de courrier en baisse de 30% d'ici 2015,
le Géant jaune se verra contraint de procéder à des suppressions
d'emplois massives.
Refusant de chiffrer plus précisément l'ampleur du dégraissage à
prévoir, le président du conseil d'administration évoque "quelques
milliers de postes", mais "à long terme, pas dans les deux ou trois
ans à venir". Il assure en outre vouloir tout mettre en oeuvre pour
éviter des licenciements, surtout en période de crise.
Reste que La Poste a déjà dû se séparer de quelque 1700
collaborateurs depuis janvier dernier et que cette tendance devrait
se poursuivre dans les prochaines années, également en raison de la
rationalisation du travail des 20'000 facteurs du pays.
Nuages noirs virtuels
Concurrencée comme jamais par le courrier électronique, La Poste
a enregistré une chute de près de 5% des envois de courrier papier
cette année. Jusqu'alors ce repli ne représentait que 1,5% par an
en moyenne.
Le patron du conseil d'administration prédit une quasi-disparition
des correspondances écrites au profit des échanges virtuels d'ici
50 ans. Une perspective qui fera alors exploser les coûts
d'acheminement.
Pour ne pas arranger les choses, le Conseil des Etats a décidé
mardi d'ouvrir le marché des lettres de moins de 50 grammes à la
concurrence, supprimant ainsi un monopole crucial pour le Géant
jaune.
PostFinance à la rescousse temporairement
Claude Béglé tire la sonnette d'alarme et envisage de transférer
de plus en plus le coeur de l'activité de La Poste vers les
produits financiers. Reste que si PostFinance a tiré avantage des
mésaventures des grandes banques du pays ces derniers temps (19
milliards de fonds frais en 2009), les clients risquent de ne pas
s'éterniser une fois la confiance rétablie dans le marché des
actions.
Le Vaudois se montre en outre désabusé sur la question de la
licence bancaire, que le Parlement ne semble pas prêt à
accorder.
Le numérique pour contrer les méfaits du numérique
Ironiquement, c'est peut-être bien du numérique que viendra la
délivrance pour l'ancienne régie fédérale, qui espère tirer
avantage de ses capacités de numérisation pour sous-traiter le
courrier interne des entreprises suisses et de leurs filiales à
l'étranger.
Ce transfert de capacités vers les technologies de l'information
fait sourire Claude Béglé, qui se laisse aller à envisager une
joint-venture avec Swisscom, avant d'admettre que le sujet n'a pas
encore été abordé à l'interne.
Jérôme Holzer, avec la presse et les agences
Bénéfice 2009 en chute libre
Le bénéfice de La Poste atteindra quelque 680 millions de francs cette année, soit 18% de moins qu'en 2008, selon Claude Béglé.
Le recul du bénéfice de La Poste s'explique principalement par des facteurs exceptionnels liés à des transactions immobilières et à la TVA sur les lettres, explique le Vaudois dans le "SonntagsBlick".
Le danger existe que le bénéfice passe ces prochaines années sous la barre des 500 millions de francs.
Ces recettes sont pourtant nécessaires, notamment pour l'assainissement de la caisse de pension et la constitution de capital propre.
La question de la redevance n'est pas posée
Comme le conseiller fédéral Moritz Leuenberger samedi, Claude Béglé s'est distancié de l'idée d'une redevance sur l'utilisation du réseau postal émise par le patron de La Poste Michel Kunz.
Il n'en a jamais été question au conseil d'administration de La Poste et cela ne fait pas partie de la stratégie de l'entreprise. Cette idée sera cependant aussi étudiée.