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2e pilier: une baisse "inutile", selon les référendaires

L'USS ne veut plus d'une retraite se montant à 60% du salaire.
Une existence digne ne serait plus garantie à la retraite si le taux est abaissé, selon les référendaires.
La baisse à 6,4% du taux de conversion du 2e pilier voulue par le Parlement est "insupportable et inutile". Elle engendrerait un "vol des rentes", a indiqué lundi le comité référendaire a présenté ses arguments devant la presse lundi à Berne, à moins de deux mois des votations.

«Les gens en ont marre de mettre de plus en plus d'argent dans
le 2e pilier et d'en retirer de moins en moins», lance Rita
Schiavi, membre du comité directeur du syndicat Unia. Ce ne sont
pas aux assurés de passer à la caisse pour éponger les pertes
consécutives à des prises de risque inconsidérées dans les
placements, estiment les syndicats.



Si la réforme passe la rampe, nombreux sont ceux qui n'auraient
«plus aucune garantie de pouvoir mener une existence digne pendant
leur retraite», dénonce le communiqué. Dans de nombreux cas, l'AVS
et la prévoyance professionnelle ne suffisent déjà plus à garantir
le niveau de vie antérieur, rappellent les référendaires.

Perte de rente

Les gens en ont
marre de mettre de plus en plus d'argent dans le 2e pilier et d'en
retirer de moins en moins

Rita Schiavi,
Unia

De plus, la dernière révision de la loi
tient déjà compte de l'évolution démographique. Quel que soit le
résultat de la votation du 7 mars, le taux de conversion minimal
LPP sera abaissé à 6,8% en 2014. Une nouvelle diminution - à 6,4% -
signifierait une perte de rente supplémentaire de 400 francs par
année pour un capital cumulé de 100'000 francs.



Sur son site internet, Unia propose un calculateur en ligne qui estime la perte totale pour l'assuré
selon l'espérance de vie. «Même si à l'avenir les rendements
devaient être moins élevés que dans le passé, il est absurde
d'abaisser par anticipation le taux de conversion», conclut le
communiqué.

Pas de «hedge funds»

«La prévoyance professionnelle se construit sur un horizon de 60
ans, 40 ans de cotisation et 20 ans de prestation», ajoute Aldo
Ferrari, secrétaire général d'Unia Vaud spécialisé dans les
assurances sociales. En 25 ans, les caisses de pension qui ont
placé leur argent avec une mesure du risque raisonnable - 25% de
leurs avoirs sous forme d'actions - ont obtenu une performance
annuelle moyenne de 5,9%, alors qu'elles ont dû verser 4% à leurs
assurés jusqu'en 2002, taux qui a depuis été réduit à 2%.



Le solde aurait dû servir à effectuer des réserves pour les
mauvaises années comme 2000 à 2003 ou 2008. Or il n'en a rien été
et aujourd'hui les assureurs privés veulent éponger leur mauvaise
gestion par une réduction des rentes, estime A.Ferrari. Pour lui,
la solution est simple: il faut interdire les placements dans les
«hedge funds», car «nous avons tout à y perdre à long terme».

Profits privatisés

Rita Schiavi rappelle de son côté que
les assureurs privés ne sont pas tenus de conserver la totalité des
bénéfices dégagés dans le 2e pilier. Ils peuvent au contraire en
reverser 10% à leurs actionnaires.



Pour Rita Schiavi, les assureurs privés profitent en premier lieu
de la baisse envisagée du taux de conversion. «Plus les rentes
versées sont basses, plus leurs profits sont élevés». En outre,
plus les rentes sont basses, plus il devient indispensable de
contracter un troisième pilier. D'après la membre d'Unia, les
assureurs ont l'intention d'augmenter encore leurs profits avec ce
genre de produits.

Bon à savoir soutient les référendaires



Fait inhabituel, plusieurs magazines de consommateurs s'engagent
aux côtés des syndicats contre la baisse du taux de conversion LPP.
«Il arrive un moment où informer ne suffit plus, il faut passer à
l'action», déclare Christian Chevrolet, directeur des rédactions de
Bon à savoir. Et de dénoncer les arguments peu crédibles, voire
«fallacieux» des partisans de la réforme.



Ces derniers font leurs calculs avec des taux de rémunération
«ridiculement bas par rapport à ce que les marchés ont rapporté ces
25 dernières années», indique Ch.Chevrolet. Les milieux économiques
se réfèrent aux années 2001 à 2008 pour déclarer qu'il sera
désormais impossible d'obtenir les rendements d'antan, en prenant
bien soin d'exclure les années 2000 et 2009, relativement
favorables.



Or dans le même temps, ces mêmes milieux économiques se fondent
sur les 25 dernières années pour prétendre que même avec la
nouvelle baisse du taux de conversion, la rente correspondra
toujours à 60% du dernier salaire. Ils choisissent la période de
comparaison sans aucune cohérence, simplement en fonction de ce qui
les arrange, dénonce Christian Chevrolet.



ats/bri

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Sur quoi vote-t-on?

Le taux de conversion minimal est utilisé pour calculer les rentes des caisses de pensions. Ce taux est aujourd'hui de 7% pour les hommes et de 6,95% pour les femmes. Une première adaptation, qui le ramènera à 6,8% pour les hommes et les femmes, est toutefois en cours.

La nouvelle loi prévoit de fixer ce taux de conversion minimal à 6,4% pour les nouvelles rentes à l'horizon 2016. Mais un référendum lancé contre ce projet a abouti.

Pour le gouvernement, la révision de la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP) doit servir à tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie et de la baisse des rendements sur le marché des capitaux.

Au moment de la retraite, l'avoir de vieillesse est soit versé, soit transformé en rentes. Le taux de conversion est utilisé pour le calcul du montant des rentes. Un taux de conversion de 6,4% signifie par exemple qu'un avoir de vieillesse de 100 000 francs à l'âge ordinaire de la retraite est transformé en rentes annuel les de 6400 francs.

La prévoyance professionnelle constitue le 2e pilier de la prévoyance vieillesse suisse. Avec l'AVS (1er pilier), l'obtention d'un revenu correspondant à 60% de l'ancien salaire demeure assuré, affirme Didier Burkhalter.

Les rentes sont financées par l'avoir accumulé des assurés et par le rendement que l'on peut en obtenir. Leur niveau est conditionné par la durée du versement.

Jusqu'ici, on considérait pour l'année 2015 une espérance de vie moyenne à 65 ans de 18,65 ans pour les hommes et de 22,98 ans pour les femmes. Or, de récentes statistiques livrées par Berne révèlent qu'il faut plutôt compter avec une espérance de vie moyenne de 20,37 ans pour les hommes et de 23,10 ans pour les femmes.

Si le taux de conversion minimal restait à 6,8%, alors les caisses de pensions devraient obtenir un rendement sur leurs capitaux de 4,9% en moyenne sur le long terme pour garantir les rentes servies. Or, la tendance du rendement des placements à faible risque est à la baisse, selon Berne.