Après plusieurs mois de polémiques et d’incertitudes, Michael Lauber, 53 ans, a finalement été réélu à une courte majorité pour un troisième mandat à la tête du Ministère public de la Confédération (MPC). Il a obtenu la faveur de 129 voix, alors que la majorité absolue était de 122. Le résultat a été suivi par une salve d'applaudissements dans la salle du Conseil national.
"Je me réjouis de cette réélection. Je remercie le Parlement de la confiance qu'il m’a octroyée", a réagi à chaud le procureur général de la Confédération, qui assistait au vote depuis la tribune du Conseil national. "Je vais continuer à œuvrer pour une justice pénale efficace, indépendante et moderne", a ajouté Michael Lauber, remerciant ses amis et sa famille pour leur soutien "dans cette période pas toujours facile".
"Monsieur Lauber a eu chaud aux fesses"
Michael Lauber avait reçu le soutien de trois grands groupes politiques du Parlement, l’UDC, le PS et le PLR. Seule la Commission judiciaire (CJ) avait recommandé une non-réélection du magistrat.
"Il est vrai que la Commission judiciaire a été désavouée, mais je ne suis qu'à moitié surpris, car j'ai bien senti ces derniers jours que la pression montait au niveau des partis pour soutenir Monsieur Lauber", a réagit le président de la CJ Jean-Paul Gschwind, au micro de la RTS. Le démocrate-chrétien jurassien a toutefois relevé le vote serré en faveur du procureur général: "Il a quand même eu chaud aux fesses et a reçu un soutien assez modéré de la part du Parlement. Je pense qu'il devra en tenir compte par la suite, notamment dans son attitude."
Le conseiller national Christian Lüscher (PLR/GE), qui a livré devant l'Assemblée fédérale un vibrant plaidoyer en faveur de la réélection de Michael Lauber, s'est quant à lui déclaré "satisfait" de l'issue du vote "pour la stabilité de l'institution". Jusqu'à preuve du contraire, le procureur général de la Confédération n'a pas commis "de faute grave ou de violation grave des devoirs de fonctions" et par conséquent, il fallait le reconduire à son poste, a-t-il encore affirmé. "L'Assemblée fédérale peut être fière d'elle", a-t-il conclu.
Moins optimiste, le conseiller national bernois Lorenz Hess (PBD) a regretté les dommages causés à l'institution par cette affaire. "Je pense que cela ne va pas se calmer très vite, parce qu'il y a encore une enquête disciplinaire en cours", a-t-il rappelé. Mais pour son collègue Matthias Aebischer (PS/BE), le vote d'aujourd'hui clôt les débats. "Maintenant, tout le monde doit tirer à la même corde", a-t-il lancé. C'est selon lui le "devoir" des parlementaires de rétablir la crédibilité du Ministère public.
Magistrat controversé
Michael Lauber avait suscité la controverse après avoir participé à des rencontres non protocolées avec le président de la FIFA Gianni Infantino, dans le cadre d’enquêtes sur des pratiques de corruption présumées au sein de la Fédération internationale de football.
Pour rappel, le Soleurois a été élu en 2011 pour succéder à Erwin Beyeler, qui avait été éconduit par le Parlement. C'était la première fois que le procureur général de la Confédération était élu par les Chambres fédérales, cette tâche appartenant jusque-là au Conseil fédéral. Michael Lauber a ensuite été réélu pour un second mandat en 2015.
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Mathieu Henderson