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Sans action sur le climat, il n'y aura plus de ski en 2100 en Suisse

Une vue du galcier Pizol durant la commémoration par des organisations environnementales de la ''mort du glacier'' et de la fonte causée par le changement climatique [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Le groupe d'experts pour le climat livre un rapport catastrophique: interview de Samuel Morin / Forum / 4 min. / le 25 septembre 2019
Le dernier rapport du Giec souligne une nouvelle fois l'urgence climatique. L'impact sur la montagne est notamment étudié par Samuel Morin, l'un des auteurs du rapport du Giec qui est aussi spécialiste de la couverture neigeuse.

Les glaciers fondent. Des animaux et des plantes de plaine colonisent des zones d'altitude. Les changements climatiques se font sentir en haute montagne. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) souligne clairement que si les émissions de dioxyde de carbone continuent d'augmenter, elles déséquilibreront si profondément les océans et la cryosphère, soit les zones les plus froides de la Terre comme la calotte glacière aux pôles, les glaciers de montagne et le permafrost, que personne ne sera épargné par ces bouleversements.

>> Lire aussi : Pour sauver l'humanité, il faut sauver les océans, selon les experts du climat

Interview de Samuel Morin, l'un des auteurs du rapport du Giec, spécialiste de la couverture neigeuse et chercheur au Centre national français de recherche météorologique.

Si on n'agit pas rapidement, on ne pourra plus faire du ski dans nos montagne en Suisse, sur de la neige naturelle, en 2100 déjà?

Le changement climatique influence déjà la capacité des stations de ski à se développer et entretenir leur activité. La baisse de l'enneigement est déjà avérée dans de nombreux massifs montagneux, y compris en Suisse à basse et moyenne altitude. Dès à présent, la neige de culture fait partie des moyens utilisés pour compenser en partie la baisse de l'enneigement. A l'échéance de la fin du siècle, la baisse de l'enneigement est amenée à se prolonger et s'amplifier en particulier avec des scénarios de fortes émissions de gaz à effet de serre. Au-delà de 2 degrés de réchauffement planétaire, les méthodes actuelles de production de la neige de culture deviendraient inefficaces et mettraient en péril le fonctionnement des stations de sport d'hiver.

Faut-il se préparer d'ores et déjà à un tourisme sans neige en Suisse?

Sans doute non à court terme. Le rapport insiste sur le bénéfice de la diversification touristique pour les zones de montagne. Les changements sont irréversibles pour les 20-30 prochaines années. Pour la deuxième moitié du 21e siècle, une réduction massive des gaz à effet de serre, dès à présent, aurait un effet de stabilisation des conditions de température, du climat de montagne et donc de l'enneigement.

Quelle sera la situation en 2050?

On s'attend à une réduction de 10 à 30% de l'enneigement tel qu'on le connaît aujourd'hui à moyenne altitude. Les conditions seront régulièrement délicates pour l'enneigement en moyenne montagne. Mais on pourra compenser dans la plupart des cas le manque de neige par de la neige de culture.

Que faut-il faire pour espérer skier en 2100?

D'ici 2050, les jeux sont faits. Quoi qu'on fasse, l'humanité est embarquée sur des rails qui dépendent beaucoup des émissions qui ont déjà eu lieu et qui dépendent moins des émissions à venir. Si on veut stabiliser l'évolution du climat pour la deuxième moitié du siècle, il faut diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre dans la prochaine décennie et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Des propos recueillis dans l'émission Forum par Esther Coquoz

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