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Libye: l'avocat des infirmières bulgares à l'aide

Il se peut que Me Emmanuel Altit collabore avec l'avocat des Suisses à Tripoli.
Il se peut que Me Emmanuel Altit collabore avec l'avocat des Suisses à Tripoli.
Une bouée de secours a peut-être été trouvée pour sauver les deux Suisses retenus en Libye. Emmanuel Altit, l'avocat parisien qui a sorti les infirmières bulgares des geôles libyennes en 2007, va défendre Max Göldi et Rachi Hamdani, ont annoncé 24 heures et la Tribune de Genève vendredi.

Me Emmanuel Altit travaillerait de concert avec Salah Zahaf,
l'avocat des deux otages à Tripoli. Plusieurs sources attestent ce
rebondissement, assurent les deux quotidiens romands, qui admettent
néanmoins que ni l'intéressé, ni le Département fédéral des
affaires étrangères ni ABB n'ont confirmé l'information. «On ne
commente pas des procédures en cours», a laconiquement expliqué
l'entreprise qui emploie Max Göldi.



En décembre dernier, l'avocat parisien, qui s'occupe également de
l'enlèvement par le Hamas du soldat israélien Gilad Shalit, s'était
exprimé sur l'affaire Kadhafi dans les médias. Il préconisait une
«stratégie offensive».



Stéphane Zerbib, autre avocat des infirmières et du médecin
bulgares emprisonnés en Libye durant huit ans, croit lui aussi en
ce mode d'action. Il ne faut pas se montrer faible mais être craint
pour être respecté, indiquait-il jeudi dans les deux journaux
lémaniques.

Une affaire qui s'enlise

Si les otages, qui doivent répondre de
plusieurs chefs d'accusation, comparaissent à leurs différents
procès et «qu'ils sont condamnés, même à une peine symbolique, la
Libye sauvera la face», expliquait jeudi Stéphane Zerbib. Mais
s'ils ne se présentent pas, «ce petit jeu peut à nouveau durer huit
ans ou plus», selon lui.



Les deux otages sont réfugiés depuis des mois à l'ambassade de
Suisse avec interdiction de quitter le territoire libyen. Jusqu'à
présent, ils ne se sont jamais présentés aux audiences de peur
d'être arrêtés, mais au risque de bloquer le processus.

Nouveaux jugements dès dimanche

Max Göldi, responsable d'ABB en Libye âgé de 54 ans, et Rachid
Hamdani, employé par une entreprise de construction âgé de 69 ans,
doivent être rejugés prochainement pour infractions sur les
visas.



Le 30 novembre, ils avaient été condamnés à une peine de 16 mois
de prison et à une amende de 1500 dollars. Ils avaient alors fait
recours. Le procès en appel est agendé à dimanche pour Rachid
Hamdani et à jeudi pour Max Göldi.



Les 16 et 17 janvier se tiendra aussi un procès pour «activités
économiques illégales», agendé initialement les 2 et 3
janvier.



Les deux Suisses sont retenus en Libye depuis juillet 2008, depuis
qu'Hannibal Kadhafi a été arrêté à Genève avec son épouse après une
plainte de leurs domestiques.



bri

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Pas comparable avec l'affaire des infirmières, selon Hasni Abidi

Le cas des deux Suisses n'est pas comparable à celui des infirmières bulgares, estime Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, contacté par l'ATS jeudi.

Les infirmières et le médecin avaient été sauvés par l'intervention de l'Union européenne et du président français Nicolas Sarkozy, explique le politologue.

Autre différence de taille aux yeux d'Hasni Abidi: l'opinion publique libyenne réclamait une punition forte contre les infirmières bulgares qu'elle accusait d'avoir tué des enfants. Par contre, les Libyens sont totalement indifférents au sort des deux Suisses, affirme le politologue genevois.

Dans ce cas, «la justice est un emballage pour un règlement qui se fait dans les coulisses», selon le spécialiste du monde arabe. Il interprète les reports successifs des procès comme «un message politique»: la volonté de laisser le temps à la machine diplomatique de s'activer et de trouver une solution.

Pour lui, les Suisses ne devraient sortir de l'ambassade qu'avec des garanties même si cela prend du temps. Même son de cloches du côté d'Amnesty International, qui est en contact avec les otages suisses.

La porte-parole de l'ONG Manon Schick reconnaît que la «fin du procès est une condition sine qua non pour les autorités libyennes». Mais au final, la décision revient aux deux Suisses, souligne-t-elle.

ats