Après un virement à droite il y a quatre ans, le Parlement fédéral pourrait repencher plus à gauche lors des élections fédérales du 20 octobre prochain.
L'UDC ressort comme le grand perdant de ce baromètre, avec une baisse de 2,1 points de pourcentage par rapport à 2015 (marge d'erreur: +/-1,4 point de pourcentage). Fort d'une part électorale totale de 27,3%, il reste toutefois le premier parti de Suisse, loin devant le PS et le PLR.
Le Parti libéral-radical affiche un recul de 1,2 point depuis 2015, avec une décrue marquée depuis le baromètre de septembre. Au total, les pertes à l'UDC et au PLR représentent une baisse cumulée de 3,3 points dans le camp de droite. Au centre, le PDC égare 1 point de pourcentage, pour une part électorale totale de 10,6%.
Dans le camp rose-vert, le PS accuse une baisse de 0,6 point mais parvient tout de même à maintenir sa deuxième place. Globalement, la gauche pourrait ressortir renforcée de ce scrutin grâce à la poussée attendue des Verts.
Vers un record des écologistes
Les formations écologistes sont en effet les seules à afficher une progression dans le sondage. Les Verts enregistrent une hausse de 3,6 points et se dirigent vers un record de 10,7%. Si ce score se confirme, ils dépasseraient pour la première fois le PDC, actuel quatrième parti de Suisse. Les Vert'libéraux peuvent également espérer leur meilleur résultat de leur histoire (7,3%, +2,7).
La progression des partis écologistes est notamment liée à la mobilisation de personnes qui habituellement ne votent pas ou qui n'avaient pas le droit de vote jusqu'à présent. Celles-ci représentent 21% de l'ensemble des intentions de vote en faveur des Verts. Une part qui s'élève à 16% pour les Vert'libéraux. Ce phénomène s'inverse pour l'UDC: 17% des anciens électeurs démocrates du centre pourraient ne pas se rendre aux urnes.
Climat difficile pour le PLR
La prédominance de la question climatique dans le débat crée un environnement défavorable au PLR. Le "parti de l’économie" est en effet tiraillé entre deux parts non négligeables de son électorat: ceux qui demandent un engagement accru en faveur du climat et ceux qui refusent catégoriquement l’introduction de nouvelles taxes. Illustration de cette tension, nombre d’électeurs libéraux-radicaux migrent soit vers les Vert'libéraux, soit vers l'UDC.
Interrogée par la RTS, la présidente du PLR Petra Gössi reconnaît que la situation n'est "pas facile" pour le parti, et ce malgré la grande consultation interne menée sur la question. Toutefois, la Schwytzoise ne regrette "pas du tout" le tournant vert opéré par le parti. "Le chemin que nous avons pris est le bon", assure-t-elle, s’appuyant sur le succès du PLR en Suisse romande, où les libéraux-radicaux se sont davantage profilés sur la question.
Différences entre régions linguistiques
Alors qu'il recule fortement dans les intentions de vote en Suisse alémanique, le PLR affiche une légère progression côté francophone, ce qui lui permet de conforter sa place de premier parti de Suisse romande (22,8%). En net recul, l'UDC reste ultra dominatrice outre-Sarine avec plus de 30% de part électorale, mais ne pointe qu'en troisième position en Romandie (18,5%), derrière le PS (19,8%).
Les socialistes sont un peu moins forts en Suisse alémanique, mais ils y sont néanmoins solidement installés en deuxième position. Pas de Röstigraben non plus pour les autres partis - Verts, PDC et Vert'libéraux - qui pointent respectivement aux quatrième, cinquième et sixième rang dans les deux principales régions linguistiques du pays. A courte distance des deux autres partis en terre alémanique, les Vert'libéraux peinent toutefois à faire entendre leur voix en Suisse romande, où ils ne totalisent que 3,6% des intentions de vote.
Evolution au fil des sondages
Le récent décrochage du PLR est la principale rupture observée dans les sondages durant cette dernière législature. En hausse constante depuis les élections de 2015 jusqu'au pic atteint en octobre 2018, les libéraux-radicaux ont perdu 2,5 points dans les intentions de vote en une année. A l'inverse, les partis écologistes, eux, ont accentué leur progression ces derniers mois.
L'UDC, en chute continue jusqu'à cet été, semble avoir réussi à se stabiliser, voire à reprendre des couleurs. L'évolution est en dents de scie pour le PS et le PDC. Quant au PBD, il poursuit sa lente agonie. Il ne représente plus que 2,8% de l'électorat contre 5,4% lors des élections en 2011 et 4,1% il y a quatre ans.
Didier Kottelat et Mathieu Henderson
Le climat reste déterminant dans les choix électoraux
Le sondage inclut aussi les préoccupations des Suisses. La première d'entre elles concerne les primes d’assurance maladie élevées, mais ce thème ne joue souvent qu'un rôle limité dans les choix de vote. Il est déterminant pour 21% des sondés.
C'est la question climatique qui représente la problématique la plus déterminante pour les choix électoraux. Ce thème a d'ailleurs gagné en importance depuis le dernier baromètre SSR, en septembre. Il atteint désormais 27%.
Après les primes d'assurance maladie et le climat, on retrouve les relations avec l'Union européenne ainsi que l'immigration (19%). Suivent la réforme de la prévoyance vieillesse (14%), la souveraineté (13%), la protection de la nature (9%) et l'égalité hommes-femmes (8%).
Méthodologie
La collecte des données a été réalisée en ligne par l'institut de sondage sotomo entre le 26 septembre et le 2 octobre. Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 12'107 électeurs ont pu être exploitées pour l’évaluation.
La représentativité de ce sondage est toutefois comparable à un échantillonnage aléatoire avec une erreur d’échantillonnage de +/-1,4 point de pourcentage, note Sotomo.