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Claude Béglé jette l'éponge avec effet immédiat

Le "röstigraben" de la presse après le départ de Claude Béglé.
Claude Béglé sera resté moins d'un an à la tête du conseil d'administration de La Poste.
Après neuf mois passés à la tête de La Poste, Claude Béglé jette l'éponge avec effet immédiat. Sous les feux de la critique depuis plusieurs semaines, le président du Conseil d'administration a remis mardi sa démission au Conseil fédéral.

"Je tire ma révérence pour que le débat puisse se
dépersonnaliser". Intervenant sur les ondes de la Radio suisse
romande et au 19:30 de la TSR (voir ci-contre les
interviews
) peu après l'annonce de sa démission, Claude
Béglé "continue de penser que sa stratégie était la bonne". "La
Poste doit absolument trouver de nouveaux relais de croissance"
pour continuer d'assure un service pubilc de qualité malgré le fort
recul des volumes dans le domaine des lettres, a-t-il martelé.
Postfinance est une piste, les activités à l'étranger en sont une
autre.



"Mais au lieu de se concentrer sur les idées, on a tiré sur la
personne", a déploré le désormais ex-dirigeant du géant jaune,
évoquant à la Télévision suisse romande une campagne de diffamation
organisée. "Tout était bon pour dénigrer", selon lui.

Des idées de réforme qui ne passent pas

Claude Béglé, qui ne se dit pas blessé, a
estimé que le retour au calme pour le géant jaune exigeait son
sacrifice. Il impute la campagne de diffamation à son égard à deux
principales raisons. La première est que, pour lui, l'ancienne
garde de La Poste ne désirait pas de changement en profondeur et
ce, dès sa nomination. La seconde est "sans doute une raison
culturelle".



Au chapitre des erreurs concédées, Claude Béglé, entré en fonction
début avril 2009, admet "avoir voulu aller trop vite" dans les
réformes. Et de souligner qu'avant "la direction avait tous les
pouvoirs". "J'ai voulu rétablir l'équilibre avec le conseil
d'administration et ça a dérangé", a-t-il estimé, rappelant que,
contre l'avis de la direction, il s'était opposé à la fermeture de
petits bureaux de poste et avait voulu limiter le nombre des
licenciements.

Syndicats soulagés

Les syndicats indiquent qu'ils attendaient le retrait du
président Claude Béglé. Pour les employés de La Poste, cette
démission est un soulagement, note Transfair. Il s'agit désormais
de rétablir la sérénité, demande Fritz Gurtner, du Syndicat de la
Communication.



Dans une prise de position rendue publique mardi soir, le
Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de
la communication (DETEC) annonce que le Conseil fédéral "évoquera
mercredi la situation de La Poste après le retrait de Claude
Béglé".



Le DETEC précise que Moritz Leuenberger a été informé vendredi des
discussions que le groupe de travail chargé de se pencher sur les
remous au sein du géant jaune a eues avec les membres du conseil
d'administration, la direction et les cadres de La Poste. Les
résultats n'étaient "pas follement positifs", a précisé à l'ATS le
porte-parole du DETEC Harald Hammel. Moritz Leuenberger a informé
ce mardi Claude Béglé de la teneur de ces discussions.

Réactions des partis

Après le départ du
président de La Poste, le

PDC

souhaite que l'on
parle désormais de "stratégie, de la manière dont l'entreprise va
se développer". Claude Béglé, "a peut-être commis des erreurs, mais
on ne peut lui reprocher d'avoir réfléchi", estime Christophe
Darbellay. Et le président du PDC de lâcher: "Les autres n'ont pas
de véritable vision".



Dans son communiqué, le

PLR

insiste de son côté
sur la nécessité de dénicher "une personnalité politique solide"
pour remplacer le Vaudois. Il demande aussi que le département de
Moritz Leuenberger assigne "une ligne stratégique claire" à La
Poste.



L'

UDC

exige quant à elle que le Conseil fédéral
dans son entier reprenne maintenant le dossier de La Poste en mains
et prévoit une réglementation pour la succession, a annoncé son
président Toni Brunner. Il faut à tout prix éviter de continuer à
bricoler comme jusqu'à présent, car "le bateau dérive sans
capitaine". Et de rappeler qu'"à cause de Claude Béglé, deux
membres du conseil d'administration et le directeur sont partis".
Pour le président de l'UDC, le responsable de cette débâcle est
vite trouvé: Moritz Leuenberger, qui avait participé au choix de
Claude Béglé.



Claude Béglé ne connaissait pas suffisamment le contexte suisse, a
pour sa part expliqué le président du parti
socialist
e, Christian Levrat. Et de lancer: "Un retour de
la vieille garde est exclu, le nouveau président doit se faire
l'interface entre les questions postales et politiques".



agences/ther

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Neuf mois et demi de remous

Dès la démission du chef de La Poste Michel Kunz fin 2009, les critiques ont commencé à pleuvoir sur le président du conseil d'administration de l'ex-régie Claude Béglé, éclaboussant le ministre de tutelle Moritz Leuenberger. Quelques repères.

Claude Béglé a une longue carrière internationale avant d'être nommé à la tête du conseil d'administration de La Poste suisse. Après avoir travaillé au CICR, chez Nestlé et chez Philip Morris, Claude Béglé se tourne en 1997 vers le secteur de la poste et de la logistique: il travaille d'abord pour le hollandais TNT Express Worldwide, puis dès 1999 auprès de la poste française avant de passer à la poste allemande en octobre 2005.

Le 25 juin 2008, le Conseil fédéral nomme Claude Béglé à la présidence du conseil d'administration de La Poste suisse. Ce dernier est favorable à une stratégie d'expansion à l'étranger.

Le 15 décembre 2008, Michel Kunz est nommé directeur de La Poste en remplacement d'Ulrich Gygi. On parle alors déjà d'une rivalité. Les deux prennent leurs nouvelles fonctions en avril 2009.

Claude Béglé plaide en faveur d'une licence bancaire pour La Poste, mais le Conseil fédéral, contre l'avis de Moritz Leuenberger, refuse. Face à la libéralisation du marché postal visée par le Conseil fédéral, Claude Béglé craint une chute des bénéfices. Début décembre, Michel Kunz parle d'une taxe sur le courrier, pour créer de nouvelles rentrées dans le secteur des lettres. Il est désavoué par Claude Béglé et Moritz Leuenberger.

Le 14 décembre 2009, Michel Kunz tire sa révérence, le directeur de PostFinance Jürg Bucher assure le relais. Michel Kunz voulait surtout économiser, alors que Claude Béglé misait sur une expansion à l'étranger pour engranger de nouvelles recettes.

Le 22 décembre, le membre du conseil d'administration Rudolf Hug se retire en raison de divergences avec Claude Béglé.

Le 5 janvier dernier, Wolfgang Werlé se retire également du conseil d'administration. Les critiques fusent du côté des syndicats et des politiciens. Moritz Leuenberger soutient Claude Béglé, mais demande aussi le retour au calme.

Le 7 janvier, Moritz Leuenberger demande à son secrétaire général Hans Werder et au directeur de l'Administration des finances Peter Siegenthaler d'examiner ces départs et d'évaluer le renouvellement du conseil d'administration.

Le 11 janvier encore, Moritz Leuenberger défend le processus de recrutement de Claude Béglé devant la commission des télécommunications du Conseil des Etats.