"Un président du Conseil d'administration qui expose sur la
place publique des options stratégiques, mouche ses directeurs,
critique ses prédécesseurs et étale ses visions comme le consultant
qui cherche un nouveau job finit par se brûler les ailes", note
l'éditorialiste du quotidien Le Temps .
"Qui plus est, peut-être, lorsque ce président est Romand,
bouscule les préfets et ignore les réserves qu'il convient d'avoir
dans un Etat fédéraliste", ajoute-t-il. A ses yeux, la démission de
Claude Béglé était donc prévisible en raison de "ses déclarations
intempestives et sa manie de vouloir se mettre en évidence alors
qu'il n'avait encore rien prouvé".
"Victime de son goût du pouvoir"
La Liberté , L'Express, L'Impartial
et Le Nouvelliste abondent dans ce sens dans leur éditorial commun:
"le Vaudois a été victime de son goût du pouvoir, qui l'a conduit à
négliger la culture suisse du consensus". Pour eux, si le président
du Conseil d'administration a jeté l'éponge, c'est avant tout en
raison des dernières révélations concernant un mandat qu'il avait
accepté en Inde parallèlement à sa fonction à la tête du géant
jaune.
"Pourtant, force est de constater que la campagne de dénigrement
qui a provoqué sa démission est bien antérieure à ses
informations", souligne l'éditorialiste. Celle-ci s'interroge: "A
qui profite le crime?". Et de soulever pour pistes une campagne
déguisée contre le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, les
intérêts de la vieille garde de La Poste ainsi qu'une collusion
anti-romande.
"Un authentique scandale, une affaire d'Etat"
De son côté, 24 heures se montre catégorique: la démission de
Claude Béglé constitue "un authentique scandale, une affaire d'Etat
qui laissera des traces profondes". Plus concrètement, elle est "un
révélateur effrayant de la faiblesse du Conseil fédéral et de la
toute-puissance d'une coterie de hauts fonctionnaires à la botte
desquels la presse dominicale alémanique a accompli un efficace
travail de saboteur".
Très virulent sur ce point, le quotidien vaudois dénonce une
"cabale menée depuis l'intérieur de l'administration par des rivaux
aux desseins contrariés". Face à elle, "le Conseil fédéral a laissé
son hommes aux hyènes", s'insurge-t-il. "Claude Béglé avait une
dernière tare: c'est un Romand qui n'a pas ses entrées en Suisse
alémanique. Même sans faille, il était cuit, cible privilégiée d'un
petit monde qui préfère la consanguinité à la remise en
question".
Même son de cloche dans la Tribune de Genève , pour qui la presse dominicale
alémanique peut désormais "sabrer le champagne" après "un véritable
lynchage médiatique". "Que Claude Béglé se soit comporté comme un
éléphant dans un magasin de porcelaine, personne ne le conteste.
Qu'il soit abattu d'une balle entre les deux yeux pour des
questions de forme: c'est cher payé" déplore le journal.
Critiques acerbes outre-Sarine
Dans la presse alémanique, les critiques contre Claude Béglé
sont toujours acerbes mercredi: le Tages-Anzeiger et le Bund estiment notamment qu'il
s'agissait de la mauvaise personne pour occuper un tel poste
puisque sa personnalité ne correspondait pas à la culture de
l'entreprise. Pour le Blick Online , le patron de La Poste "n'a jamais été
capable de bien cerner, et encore moins d'accomplir, son rôle et
ses devoirs dans sa fonction étatique".
Sa démission "aurait dû avoir lieu plus tôt et est une bonne
chose", note pour sa part la BaslerZeitung . De manière presque
unanimes, les journaux d'outre-Sarine critiquent également le choix
de Moritz Leuenberger, qui s'est selon eux "laissé éblouir" par
Claude Béglé et n'a pas su entendre les avertissements des certains
fonctionnaires de La Poste.
ats/hof