Moritz Leuenberger avait averti déjà le 7 janvier le président
de La Poste démissionnaire Claude Béglé qu'il allait se mettre à la
recherche d'un éventuel successeur. Il s'agissait alors de parer à
toute éventualité, selon le conseiller fédéral.
Approché le 11 janvier déjà
Peter Hasler a été approché la première fois le 11 janvier.
Moritz Leuenberger a annoncé mardi à Claude Béglé son intention de
proposer au Conseil fédéral la nomination d'un nouveau président du
conseil d'administration de La Poste. "Je lui ai cependant donné la
possibilité d'annoncer lui-même sa démission", a affirmé le
socialiste devant la presse.
Vendredi, le groupe de travail chargé de la nomination de nouveaux
administrateurs avait averti le ministre de la communication que
Claude Béglé ne bénéficiait plus de soutien au sein de La Poste et
que le géant jaune ne retrouverait pas la tranquillité sous sa
présidence. Les dernières négociations concernant la nomination de
Peter Hasler ont eu lieu mardi.
Au conseil de fondation du WWF Suisse
Depuis le 1er juin 2006, Peter Hasler assume des mandats dans
six conseils d'administration, dont trois en tant que président.
Pour mener à bien ses nouvelles fonctions, il renoncera à deux de
ces mandats, indique le Département fédéral de la communication
dans un communiqué , sans toutefois
préciser lesquels.
Peter Hasler est actuellement président du conseil de l'Hôpital
universitaire de Zurich, de la Caisse suisse de voyage (Reka) et
d'Elips Life, sise à Vaduz. Il est également vice-président de
Sihldruck AG à Zurich et de SIZ (Schweizerisches Informatik
Zertifikat). Il siège aussi au conseil de fondation du WWF
Suisse.
Directeur de l'Union patronale suisse de 1993 à 2006, Peter Hasler
"a su gagner une large reconnaissance, notamment dans le secteur du
partenariat social", affirme le Conseil fédéral. Son nom circulait
déjà parmi les successeurs potentiels de Claude Béglé. A propos de
ce dernier, le gouvernement dit reconnaître qu'il a pris la
décision de quitter ses fonctions "dans l'intérêt de La Poste".
Le PS se dit surpris
Le parti socialiste suisse (PS) a été
surpris par la nomination éclair du successeur de Claude Béglé. On
peut certainement attester que le nouveau président de La Poste
connaît par coeur la politique suisse, mais il doit encore faire
ses preuves sur deux points, a souligné mercredi le président du PS
Christian Levrat.
D'une part, l'ancien directeur de l'Union patronale suisse devra
montrer qu'il peut tenir compte des intérêts des employés, selon
Christian Levrat. En outre, Peter Hasler n'est pas connu pour avoir
fait preuve de compréhension pour le service public et ces
dernières années, il ne s'est presque jamais exprimé à ce
sujet.
Le PLR satisfait du choix du gouvernement
Le président du Parti libéral-radical Fulvio Pelli se dit
satisfait du choix de Peter Hasler à la tête de La Poste, "un homme
qui a les sensibilités politiques qui lui permettront de gèrer une
structure publique". Fulvio Pelli est également content que Peter
Hasler ait été nommé rapidement.
Peter Hasler est "un homme de très
grande expérience, je pense qu'il a la compétence et les capacités
pour être un bon président", a indiqué mercredi Fulvio Pelli. "Je
ne sais pas quelles compétences il a dans La Poste, mais un
président de conseil d'administration n'est pas celui qui doit tout
connaître de La Poste, ce qui est important c'est qu'il sache gèrer
un système", a ajouté le président du PLR.
L'UDC dénonce un scandale
L'Union démocratique du centre (UDC) tire à boulets rouges sur
la procédure choisie pour désigner le nouveau président de La Poste
et sur le ministre de tutelle Moritz Leuenberger. Le choix d'un
nouveau président moins de 24 heures après le départ de l'ancien
est un scandale et n'est pas sérieux, a déploré mercredi l'UDC dans
un communiqué.
Cette décision montre qu'au moins Moritz Leuenberger a joué ces
dernières semaines avec des cartes cachées, selon l'UDC. Les
commissions parlementaires et le public ont donc été floués. Le
secrétaire général de l'UDC Martin Baltisser souligne qu'il faut
sérieusement poser la question du maintien de Moritz Leuenberger au
gouvernement. En revanche, le parti n'a pas pris position sur la
personnalité de Peter Hasler.
Le PDC plutôt satisfait
Christophe Darbellay, président du Parti démocrate-chrétien
(PDC) est plutôt satisfait de la nomination de Peter Hasler à la
tête de La Poste. Il apprécie aussi qu'un peu de sérénité revienne
dans l'entreprise. Le Valaisan attend de cet "homme d'expérience"
qu'il maintienne "un service public fort".
Il est bon que le Conseil fédéral ait rapidement trouvé quelqu'un
pour la tête du conseil d'administration, estime Christophe
Darbellay. Peter Hasler est "un homme d'expérience, qui connaît
l'économie, qui pourra donc amener de nouvelles idées",
ajoute-t-il.
Les syndicats aussi positifs
Les syndicats sont également très positifs: transfair se réjouit
de la rapidité avec laquelle le Conseil fédéral a choisi un
successeur à Claude Béglé, et dit souhaiter en priorité le retour
au calme "dans la maison".
Maintenant, selon transfair: le conseil d'administration de la
Poste "doit absolument consacrer son énergie à l'élaboration d'une
stratégie d'avenir pour l'entreprise".
De son côté, le vice-président du syndicat de la communication
Fritz Gurtner voit en Peter Hasler "un homme de compromis avec
lequel nous pourrons certainement collaborer".
L'Union patronale suisse, précédemment dirigée par Peter Hasler,
considère que P.Hasler, "un homme droit, fiable et doté d'une bonne
écoute", peut ramener le calme dans l'entreprise, selon les termes
de l'actuel directeur Thomas Daum.
ats/ap/hof
Claude Béglé tient à "laver son honneur"
Au lendemain de l'annonce de sa démission, l'ex-président du conseil d'administration de La Poste Claude Béglé a tenu à expliquer "avec son coeur" les raisons de son départ devant la presse à Berne, se réjouissant de la nomination de Peter Hasler et relevant qu'il n'attend aucun parachute doré.
S'il évoque une campagne organisée contre lui, le Vaudois ne met pas cette fronde sur le compte d'un "facteur romand". "Avant mon entrée en fonction, il y avait déjà un front contre moi, qui n'a fait que s'accentuer", a rappelé mercredi Claude Béglé. C'est pour faire revenir le calme au sein du géant jaune, une institution qu'il aime et en l'avenir de laquelle il croit, que le président a décidé de jeter l'éponge.
Deux facteurs principaux expliquent la campagne de dénigrement dont il a fait l'objet, selon le démissionnaire. Premièrement, une vieille garde rejetait clairement l'idée de "sang neuf au sein du conseil d'administration." Deuxièmement, les ex-régies fédérales ont une culture propre. "Ce que j'ai proposé, c'est justement un changement culturel auquel La Poste n'était pas préparée", a expliqué le Vaudois. Son ouverture sur l'étranger aurait ainsi choqué.
"Pour moi, être entrepreneurial, ce n'est pas juste réduire les coûts: c'est mettre sur la table des idées innovantes", s'est justifié Claude Béglé. Ce dernier ne pense par contre pas qu'une dichotomie romands/ alémaniques ait joué un rôle majeur.
Lors de sa conférence de presse, Claude Béglé a tenu à "laver son honneur": il a par exemple souligné que les 30 heures de travail hebdomadaire liées à son mandat en Inde représentaient pour un homme de "tempérament actif" comme lui bien moins qu'une activité à 50%. Et de concéder un "petit vice de forme": Claude Béglé ne savait pas que ce temps de travail était censé toucher les "heures ouvrables".
Interrogé sur les conditions de son retrait, le président de La Poste a indiqué qu'il n'avait rien demandé et qu'il n'attendait aucun parachute doré. "Par contre, si on me donne quelque chose, je ne dirai pas non". Claude Béglé s'est par ailleurs dit réjoui par la décision du Conseil fédéral, annoncée mercredi matin, de nommer à sa succession Peter Hasler. "Il faut une continuité, que la machine reparte vite", a conclu le Vaudois.