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Pas de suicide assisté sans maladie, confirme la justice genevoise

Le vice-président d'Exit est condamné pour avoir assisté le suicide d'un couple d'octogénaires dont l'épouse n'était pas malade
Le vice-président d'Exit est condamné pour avoir assisté le suicide d'un couple d'octogénaires dont l'épouse n'était pas malade / 19h30 / 2 min. / le 17 octobre 2019
Le Tribunal de police de Genève a confirmé la condamnation du vice-président d'Exit Suisse romande et médecin Pierre Beck à 120 jours-amende avec sursis pour avoir aidé une octogénaire qui voulait mourir avec son mari, alors qu'elle n'était pas malade.

Pierre Beck vient d’être reconnu coupable d’infraction à la loi fédérale sur les produits thérapeutiques. Il est condamné à 120 jours-amende avec sursis pour avoir, en avril 2017, aidé une retraitée de 86 ans à mourir alors qu'elle était en pleine santé. La justice confirme ainsi l’ordonnance pénale émise par le Ministère public.

>> Lire à ce sujet : Le suicide assisté des personnes non malades au cœur d'un procès

"Décision mûrement réfléchie"

L'octogénaire voulait disparaître en même temps que son mari, gravement malade. Pierre Beck avait alors accepté sa demande et lui avait prescrit du pentobarbital, absorbé dans la foulée par l’octogénaire.

Les juges n’ont donc pas entendu les arguments de la défense, qui demandait l’acquittement du médecin. Pour son avocat, le vice-président d’Exit Suisse romande n’a agi qu'en faveur d’une "décision mûrement réfléchie". Même si l’homme a tout de même admis au cours du procès avoir "un peu outrepassé les critères de l’assistance au suicide fixés par Exit", il a cependant affirmé ne rien regretter de son geste. "Je suis convaincu que cette dame souffrait intensément", a-t-il dit.

Pas d'aide au suicide pour des raisons existentielles

Pour la justice, cependant, l'aide au suicide pour des raisons existentielles n'entre pas dans le cadre de ce que prévoit la législation suisse. Selon les juges, Pierre Beck a cédé à la demande de la défunte par altruisme, mais aussi par conviction personnelle. Il a fauté par manque de recul, voire par manque d'humilité. Il aurait dû recueillir l'avis d'autres médecins.

"On m'a reproché d'avoir agi en solitaire, si c'était à refaire, je le referais mais probablement en demandant un conseil", admet-il jeudi dans Forum. "Je reconnais avoir dépassé les limites mais j'étais placé dans une situation particulière puisque je voulais absolument éviter le suicide violent de cette femme, et je ne voyais pas de moyen d'écarter cette certitude."

"Depuis longtemps, je suis persuadé que chaque individu est propriétaire de sa vie et que chacun doit pouvoir s'en aller le jour qu'il voudra et de la manière qu'il voudra." A la question de savoir si les règles devraient être élargies, il répond du tac au tac: "oui, je le pense".

>> Ecouter l'interview de Pierre Beck dans Forum :

Pierre Beck, médecin et vice-président d'Exit en Suisse romande, quitte le Palais de justice après la clôture de son procès, accusé d'avoir prescrit une potion léthale à une femme alors que les conditions d'un suicide assisté n'étaient pas remplies, lundi 14 octobre 2019 à Genève. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
Le vice-président d’Exit Suisse Romande condamné à une peine pécuniaire de 120 jours-amendes: interview de Pierre Beck / Forum / 8 min. / le 17 octobre 2019

L’affaire devrait néanmoins se poursuivre, puisque l’avocat de Pierre Beck a déjà promis de faire appel de cette décision.

Adrien Krause/vic avec ats

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"Une espèce de béatitude s'installe dans les derniers jours"

"On a parfaitement le droit, quand on a 85 ans et que son mari s'en va, de dire qu'on veut partir avec lui", estime Daniel de Roulet, invité dans La Matinale de la RTS jeudi. "Dans la littérature, il n'y a que ça!", ajoute l'écrivain romand, qui a lui-même accompagné sa mère vers un décès programmé dans le cadre d'Exit et en a fait un livre, "A la garde", publié en septembre dernier.

"Il y a une espèce de béatitude qui s'installe dans les derniers jours. Ça s'est passé 15 jours avant. Ma mère a annoncé à ses enfants: 'mardi dans deux semaines, à 10 heures du matin, je m'en vais'. Ça permet à tout le monde de ne pas avoir ces regrets qu'on a souvent après la mort d'un proche, quand on se dit 'j'aurais encore voulu savoir ça, j'aurais encore voulu dire ça'", témoigne Daniel de Roulet, pour qui ces jours ont été chers.

"On est tous en train d'évoluer sur ces questions"

Il reconnaît toutefois que l'évolution vers un suicide assisté plus simple demande du temps. "Il y a cinquante ans, j'aurais dit: 'attention, qu'est-ce qu'on est en train de faire?'. On est tous en train d'évoluer sur les questions de comment on commence la vie, comment on la finit", poursuit ce fils de pasteur.