Le comité «Financer l'avortement est une affaire privée -
Alléger l'assurance maladie en radiant les coûts de l'interruption
de grossesse de l'assurance de base» est composé de représentants
de l'UDC, du PDC, des partis protestants PEV et UDF, mais aussi du
PLR (les conseillers nationaux nidwaldien Edi Engelberger et
thurgovien Werner Messmer).
Devant la presse, Peter Föhn (UDC/SZ) et Elvira Bader (PDC/SO) ont
reconnu s'être lancés dans la bataille sans attendre l'aval de
leurs partis respectifs. Pour eux, il s'agit avant tout de
mobiliser à large échelle. Les deux conseillers nationaux sont
convaincus de pouvoir rallier par la suite leur formation à leur
cause. Les initiants jurent ne pas vouloir interdire l'avortement
même s'ils déplorent sa banalisation. Plus de 10'000 interruptions
volontaires de grossesse (IVG) par an, c'est trop, selon Peter
Föhn.
Haro sur la prise en charge
A l'instar de leurs homologues américains, les anti-avortement
suisses s'attaquent à la prise en charge médicale. En supprimant
toute «incitation financière», le nombre des IVG s'en trouvera
réduit. Selon le comité, les opposants aux interruptions
volontaires de grossesse ne doivent pas co-financer de telles
pratiques via leurs primes d'assurance maladie.
L'avortement n'a pas a être supporté de manière solidaire: il ne
s'agit pas d'une maladie, a souligné la co-présidente du PEV
genevois Valérie Kasteler. Et de plaider la «responsabilité
individuelle»: celle qui envisage la possibilité d'une IVG peut
conclure une assurance complémentaire ou payer directement les
coûts de l'intervention.
Les initiants affirment haut et fort que leur proposition
permettra de réduire les coûts de la santé. Les IVG pèsent entre 15
et 20 millions de francs par an, selon Peter Föhn. Qu'une naissance
coûte plus cher (6000 à 10'000 francs) qu'un avortement (600 francs
par voie médicamenteuse, 3500 francs via une opération) n'entre pas
en ligne de compte.
Exception prévue dans les cas extrêmes
La Constitution fédérale garantit la protection de la vie, a
répondu Elvira Bader. Enfin, le comité souhaite renforcer les
droits des parents. «Grâce à l'initiative, les adolescentes de
moins de 16 ans ne pourront plus être poussées à un avortement à
l'insu de leurs parents».
Les initiants ont jusqu'au 26 juillet 2011 pour récolter les
100'000 signatures nécessaires. Leur texte réclame qu'à compter de
neuf mois après l'acceptation de l'initiative, non seulement
l'interruption de grossesse, mais aussi la réduction embryonnaire,
ne soit plus couverte par l'assurance de base. La loi pourrait
prévoir de «rares exceptions concernant la mère». Selon Peter Föhn,
il s'agit notamment des cas de viols ou dans lesquels la vie de la
femme enceinte est en danger.
ats/ps
L'avortement autorisé depuis 2002
La dépénalisation de l'avortement a été entérinée par 72,2% des votants en 2002. Le régime dit du délai libéralise l'IVG pendant les douze semaines suivant les dernières règles (l'embryon ayant alors au plus dix semaines).
La femme doit invoquer une situation de détresse, tandis que le médecin doit informer sur les effets physiques et psychiques de l'intervention, ainsi que sur les possibilités d'adoption.
Après le délai de douze semaines, l'avortement ne peut être pratiqué que si un avis médical démontre qu'il est nécessaire pour écarter le danger d'une atteinte grave à l'intégrité physique ou un état de détresse profonde de la femme enceinte.