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Jura: pluie de critiques sur le chef de la police

Henri-Joseph Theubet, un chef de la police très critiqué.
Henri-Joseph Theubet, un chef de la police très critiqué.
La police jurassienne traverse une phase de fortes turbulences depuis quelques mois. En cause, la gestion de son chef Henri-Joseph Theubet, dont les méthodes et le caractère sont décriés. Les démissions se multiplient et une demande d'audit sera soumise mercredi au Parlement.

Henri-Joseph Theubet, le chef de la police jurassienne, n'a pas
la cote auprès de ses collaborateurs. Selon le bureau jurassien de
la TSR, qui a récolté plusieurs témoignages anonymes, le commandant
a créé un climat délétère au sein du corps de police en raison de
sa gestion controversée. Décrit comme colérique, grossier et
irrespectueux, Henri-Joseph Theubet a insufflé une vraie peur
autour de lui. Selon ses détracteurs, il veut tout gérer, avoir la
mainmise sur tout et son mauvais management - les équipes
changeraient régulièrement au sein de la police - est remis en
cause. Bref, les griefs se multiplient.

Nombreuses démissions

Signe de ce climat tendu qui règne au sein de la police, 17
démissions ont été recensées en 2009, selon nos recherches - un
chiffre non-confirmé par le ministre de la Justice et de la Police
Charles Juillard, qui parle de 11 démissions -, et plusieurs agents
chercheraient encore à rendre leur tablier.



Autre source de tension, Henri-Joseph Theubet a instauré un
système de quotas il y a quatre ans, confirment plusieurs agents.
Ces derniers doivent «récolter» pour 4000 francs d'amende par année
et transmettre 50 dénonciations ou «rapports» au juge. Des
sanctions frappent ceux qui n'atteignent pas les objectifs: mise en
poste aux Franches-Montagnes, avancement retardé, etc.



Pour les agents, ces quotas sont difficiles à atteindre, en
particulier les dénonciations. «On ne constate plus les
infractions, on les traque. On ne fait plus de prévention, mais
uniquement de la répression», souffle un policier qui préfère
garder l'anonymat par peur de représailles. «Certains vont jusqu'à
pister les habitués des bistrots pour les interpeller», indique une
autre source. Cette méthode est d'autant plus discutable que le
Parlement jurassien a accepté une motion en 2006 qui interdit les
quotas dans la police.

Charles Juillard calme le jeu

Et qu'en dit le principal intéressé? Rien, puisque son ministre
de tutelle, Charles Juillard, lui a interdit de s'exprimer. Du
coup, c'est le ministre en personne qui répond. Conscient de
l'ambiance maussade qui règne au sein de la police, le président du
gouvernement nuance. «Henri-Joseph Theubet est très exigeant, sa
vision tranche donc avec les pratiques précédentes. Il a son
caractère, c'est vrai, mais dans ce métier il faut du caractère,
sans quoi on perd vite le contrôle de la situation».



S'il était au courant des quotas instaurés pour les amendes,
Charles Juillard avoue sa surprise quant aux quotas concernant les
dénonciations. Mais là aussi, le ministre trouve la parade: il ne
s'agit pas de quotas mais d'«objectifs», et le ministre n'a pas
connaissance de sanctions. Charles Juillard garde pour l'heure
confiance en son chef de la police. Il attendra les résultats de
l'audit avant de prendre d'éventuelles mesures.



tsr/Patrick Suhner et Julien Hostettler

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