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Rachid Hamdani relaxé dans son premier procès

Rachid Hamdani et Max Göldi ont déjà passé plus de 500 jours détenus en Libye.
Rachid Hamdani et Max Göldi sont retenus en Libye depuis juillet 2008.
La cour d'appel de Tripoli a innocenté dimanche Rachid Hamdani, l'un des deux Suisses retenus en Libye, des accusations de "séjour illégal". Elle a annulé sa condamnation à seize mois de prison. Cette décision est un "message positif" de Tripoli, selon le politologue Hasni Hamidi.

"La cour d'appel a innocenté Rachid Hamdani et a annulé sa peine
de prison pour séjour illégal", a déclaré à l'AFP son avocat libyen
Salah Zahaf, sans autre détail. Interrogé par l'ATS, le Département
fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé cette
information.



Ce verdict est "la meilleure nouvelle venue de Libye depuis
longtemps", a déclaré à l'ATS Daniel Graf, porte-parole d'Amnesty
International (AI). Il s'agit d'une des étapes les plus importantes
dans la perspective d'un retour des deux Suisses, a-t-il ajouté.
Daniel Graf espère maintenant que Max Göldi sera lui aussi relaxé.
La cour d'appel doit rendre son jugement jeudi.

"Un changement d'attitude inattendu"

Pour le politologue genevois Hasni Abidi, ce jugement marque un
"changement inattendu" dans l'attitude de Tripoli. Le régime libyen
a voulu adresser un "signal" politique à la Suisse, en montrant que
sa justice est "autonome et indépendante" du pouvoir
politique.



La Confédération doit maintenant montrer, de manière intelligente
et discrète, sa disponibilité à renégocier avec Tripoli, ajoute le
directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et
méditerranéen (CERMAM). Selon lui, l'arrivée d'un nouveau
négociateur, le futur secrétaire d'Etat aux affaires étrangères
Peter Maurer, pourrait "donner un coup de pouce" à ces
discussions.



Mais on est encore loin d'une amorce de normalisation des
relations bilatérales, souligne Hasni Abidi. Quant au retour des
deux otages en Suisse, il dépend désormais de la manière dont la
Confédération et la Libye vont gérer cette sortie de crise,
estime-t-il.

Soutien de l'UE

Rachid Hamdani, responsable d'une PME de la Côte (VD), et Max
Göldi, chef de la filiale en Libye du groupe d'ingénierie
helvético- suédois ABB, sont retenus en Libye depuis le 19 juillet
2008. Ils ont été condamnés par contumace le 30 novembre 2009 à 16
mois ferme pour "séjour illégal" dans ce pays. Les deux hommes sont
également accusés d'"activités économiques illégales".



Ils ont comparu tous les deux ce week-end devant un tribunal
libyen, ont annoncé le DFAE et Me Zahaf. Le verdict de la cour est
attendu samedi pour Rachid Hamdani et dimanche prochain pour Max
Göldi. Les deux hommes ont longtemps refusé de se présenter à leurs
procès, craignant d'être arrêtés. Ils ont toutefois reçu la semaine
dernière les garanties nécessaires. Ils ont donc assisté à leur
procès respectif accompagnés par des diplomates de plusieurs pays
de l'Union européenne, dont l'Allemagne.



Selon Hasni Abidi, la solidarité européenne envers la Suisse ne
s'est pas faite uniquement "par amour de la Suise" mais parce que
les Etats membres savent que "la poursuite des affaires avec la
Libye passe par un règlement de la crise". Les relations entre
Tripoli et les Vingt-Sept ont en effet failli "tourner à
l'escalade", après la décision de restreindre l'octroi de visas
Schengen aux ressortissants Libyens. Tripoli a notamment préparé
une palette de sanctions, à commencer par un durcissement de
l'attribution des visas aux ressortissants de l'UE.



ats/ps

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Retenus depuis juillet 2008

Rachid Hamdani et Max Göldi avaient été arrêtés le 19 juillet 2008 en Libye, peu après l'interpellation musclée à Genève d'un fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements.

Ils avaient été remis en liberté le 28 juillet 2008 et résidaient depuis à l'ambassade de Suisse avec interdiction de quitter le territoire libyen.

Mi-septembre 2009, alors qu'ils devaient subir des tests médicaux, les deux hommes avaient été conduits dans un lieu tenu secret par Tripoli -opération qualifiée de "kidnapping" par Berne-, avant d'être remis le 9 novembre à leur ambassade.

"L'affaire Hannibal" a envenimé les relations entre Tripoli et Berne et des mesures de rétorsion ont été prises par les deux pays.