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La situation de la Genevoise partie en Syrie discutée par le Conseil fédéral

Une djihadiste genevoise est sous le coup d'un retrait de nationalité. [Keystone - Laurent Gillieron]
Djihadistes suisses: le Conseil fédéral change-t-il de cap ? / Forum / 2 min. / le 23 octobre 2019
Révélé dans Forum hier, la situation d'une mère genevoise qui pourrait perdre sa nationalité suisse pour djihadisme a fait l'objet d'une discussion à laquelle ont participé les conseillers fédéraux Karin Keller-Sutter, Viola Ahmerd et Ignazio Cassis.

La procédure de destitution de nationalité avait été ouverte par le secrétariat d'Etat aux migrations. Mais selon les informations de la RTS, la situation générale de la Genevoise partie en Syrie était au cœur de discussions au sein de la Délégation pour la sécurité du Conseil fédéral, qui réunit Karin Keller-Sutter, Viola Ahmerd et Ignazio Cassis.

L'une des dernières séances de cette instance était consacrée à la question du rapatriement d'enfants de parents suisses partis faire le djihad en Syrie, avec comme situation concrète celle de cette femme genevoise.

S'il y a eu quelques voix à Berne appelant à son retour avec ses enfants, les conseillers fédéraux sont restés intransigeants et ont refusé tout rapatriement familial.

>> Lire : Une Genevoise radicalisée sous le coup d'un retrait de nationalité

Tolérance zéro du Conseil fédéral

Ce refus s'inscrit dans la continuité de la stratégie du Conseil fédéral arrêtée en mars dernier, qui décrète une tolérance zéro pour les adultes sympathisants ou combattants suisses du groupe Etat islamique partis sur zone irako-syrienne. Seule exception possible: lorsque des enfants sont concernés.

Au niveau administratif, cela se traduit entre autres par cette procédure de retrait de nationalité pour éviter par tous les moyens le retour de cette mère. L'objectif est peut-être aussi de faciliter la séparation d'avec ses enfants, ce qui constituerait un premier pas vers un éventuel retour espéré depuis des années par leurs pères qui vivent ici en Suisse.

Pour rappel, cette femme était partie de Genève en 2016, enlevant au passage ses deux enfants, pour rejoindre le califat du groupe terroriste Etat islamique. Une voyageuse suisse du djihad qui a aussi les nationalités française et tunisienne.  

Enquête de Marc Menchini

Adaptation web: Antoine Schaub

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Le rapatriement des enfants serait complexe

L'éventuel rapatriement des enfants serait rendu compliqué par la situation dans le nord de la Syrie, actuellement très instable. Il faudrait premièrement retrouver la mère dans le camp où elle se trouve parmi des centaines de familles, et elle devrait ensuite accepter d'être séparée de ses enfants. Les forces armées qui contrôlent ces camps devraient elles aussi approuver une telle séparation.

Il y a finalement la question de savoir à qui la Confédération confierait l'exécution d'une telle mission. Il faudrait en effet garantir la sécurité du personnel dans un contexte de guerre. Une collaboration avec le CICR ou avec un Etat tiers qui rapatrie des enfants, notamment la France, pourrait être envisagée. Pour l'heure, toutes ces questions sont encore en discussion.