Sur ces 102 millions, 58 millions ont été dépensés en publicité, et 44 millions en commissions pour les courtiers. Ces chiffres sont extraits des comptes d'exploitation de chaque caisse publiés depuis deux ans par l'Office fédéral de la santé publique pour des raisons de transparence voulue par la loi sur la surveillance de l'assurance maladie (LSAMal).
La LSAMal dit pourtant que les assureurs doivent contenir les coûts des intermédiaires, à savoir les courtiers, et les dépenses publicitaires, mais elle ne fixe pas de limite. Le Parlement a en effet préféré laisser la liberté aux caisses de s'autoréguler.
20 francs par assuré
Les premiers chiffres publiés montrent une augmentation des dépenses marketing pour la seule assurance de base. En 2016, les caisses ont dépensé 74,4 millions de francs, un chiffre en hausse de 36% deux ans plus tard.
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Avec 22,7 millions de francs de primes maladie utilisés en publicité et en démarchage en 2018, le Groupe Helsana (Helsana et Progrès) est le plus dépensier. Cela correspond à une vingtaine de francs par assuré consacrés au marketing. En comparaison, la CSS dépense environ 3 francs par assuré.
Fidéliser la clientèle
A l'époque, les caisses avaient répondu avoir besoin de la publicité pour assurer la stabilité de leur nombre d'assurés, afin d'éviter des restructurations internes chaque année en fonction des départs et des arrivées.
Cette année encore, l'argument est le même pour Céline Verdan, responsables des ventes pour Helsana en Suisse romande, interrogée mercredi dans On en parle: "Notre investissement a un sens. Il représente 5% de frais de gestion qui sont compris dans l'assurance de base, et une partie est prise pour le marketing, qui comprend la fidélisation de nos clients, mais aussi la prévention de la santé".
>> Notre outil pour comparer les primes d'assurances et les prestations : Assurance maladie: notre outil pour comparer les primes et les prestations
Porosité entre types d'assurances
Une grande question est de savoir si le budget publicité prélevé sur les primes de base ne sert pas non plus à financer le marketing pour les assurances complémentaires, un chiffre dix fois supérieur à celui articulé précédemment.
"Il y a deux instances qui nous régulent et je peux vous garantir que nous sommes très contrôlés. Il y a l'OFSP qui gère les assurances de base, et la Finma qui s'occupe de tout ce qui est complémentaire", explique Céline Verdan.
Bastien von Wyss et Yves-Alain Cornu
Adaptation web: Jérémie Favre
Vers un changement du démarchage
Du côté de Berne, le Parlement fédéral a adopté une motion pour réglementer les commissions et faire de l'ordre dans la jungle des démarcheurs avec trois règles:
- Interdiction de faire de la prospection téléphonique à froid;
- Une formation approfondie obligatoire;
- Obligation de dresser un procès-verbal de l'entretien, signé par le client et le conseiller.
Cela s'appliquera à l'assurance de base et aux assurances complémentaires.