Invité de La Matinale de la RTS vendredi, Dick Marty pense que "la tradition suisse va résister" et qu'il y a peu de chances pour que Les Verts, forts de leurs résultats aux élections fédérales, entrent dès maintenant au Conseil fédéral, même si leur présidente Regula Rytz met la pression et demande une juste représentation des Chambres fédérales au gouvernement.
Dick Marty, lui, estime qu'il "n’est pas dans l'intérêt des Verts d'entrer tout de suite au Conseil fédéral. (...) Ils ont eu l'avantage de jouer sur une émotion certes tout à fait justifiée, mais maintenant il faut entrer dans le rationnel: ils ont quatre ans pour faire voir ce qu'ils valent, ce qu'ils proposent, ce qu'ils obtiennent, et puis je pense qu'après, on peut certainement revoir la composition du Conseil fédéral".
Formule magique pas éternelle
L'ancien conseiller aux Etats reconnaît certes que "tous les partis représentés au Conseil fédéral ont perdu et que cela pose question. Je pense qu'on ne peut pas éternellement se fonder sur la formule magique, il faut peut-être avoir une vaste discussion".
Néanmoins, Dick Marty insiste sur l'utilité de ce qu'il appelle une période de latence. "Personnellement, si j’étais Vert, je n’aspirerais pas tout de suite à entrer au Conseil fédéral", affirme le Tessinois, avant de préciser: "Je pense qu'ils auront la tâche beaucoup plus aisée en étant dans une opposition constructive où ils pourront faire valoir leurs idées. Quand vous êtes au Conseil fédéral, vous êtes lié, vous avez la collégialité, vous devez partager certains choix gouvernementaux qui ne sont pas tout à fait les vôtres."
"Gaffe énorme"
L'ancien sénateur ne pense donc pas que son camarade de parti tessinois Ignazio Cassis soit assis sur un siège gouvernemental éjectable, en tout cas pas pour l'instant.
Pour autant, Dick Marty n'apprécie pas toutes les actions de l'actuel chef du Département des affaires étrangères: "Lorsque j'ai appris que le conseiller fédéral est allé visiter une mine d’une multinationale qui est la plus contestée au niveau planétaire (Glencore) dans un pays, la Zambie, où on n’a pas d’ambassade, pas de bureau de l’aide au développement, j’ai pensé «c’est un gag!». Lui et ses conseillers ont fait une gaffe énorme", assène-t-il.
Xavier Alonso/pym