Le mariage pour tous est le dixième point à l'ordre du jour de l'assemblée des délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) qui se tient les 4 et 5 novembre à Berne.
Ils doivent décider si les pasteurs béniront à l'avenir les couples homosexuels dans l'Eglise de la même manière que les couples hétérosexuels.
Prématuré, précipité, clivant
Pour ses détracteurs, la décision à prendre est prématurée, précipitée, clivante. Prématurée, parce que les Chambres fédérales ne se sont pas encore saisies de la thématique. Précipitée, car tous les cantons ne se sont pas encore prononcés sur le sujet; c'est notamment le cas de l'Eglise protestante de Genève qui doit statuer sur la question ce mois de novembre. Et clivante, parce que toute l'aile conservatrice des réformés s'oppose tout bonnement aux unions religieuses pour les couples de même sexe.
Des opposants consternés
Gottfried Locher, le président de la FEPS, avait indiqué dans le TagesAnzeiger en août être favorable au mariage homosexuel. Il avait notamment déclaré que "l'homosexualité correspond aussi à la volonté créatrice de Dieu".
Consternés par cette prise de position, quelque 200 pasteurs et théologiens réformés, soit un pasteur sur dix que compte le pays, ont signé ces derniers jours une déclaration dans laquelle ils soulignent ne pas accepter la démarche et les dires de leurs instances dirigeantes.
Pour eux, il ne faut pas tant suivre l'opinion publique que ce que dit la Bible. Et la Bible, selon eux, dit clairement qu’une bénédiction de mariage ne peut être adressée que quand elle concerne un homme et une femme. Quant à l'Eglise, elle a le devoir d'examiner les évolutions de la société de manière critique "à la lumière de l'Ecriture" et d'assumer son rôle "prophétique de veilleur dans l'Etat et la société".
Aller voir ailleurs
Pour Martin Hoegger, pasteur réformé vaudois et l'un des porte-paroles du mouvement romand "Rassemblement pour un Renouveau Réformé", également opposé au mariage pour tous, si les délégués votent en sa faveur, "cela pourrait blesser un tiers des réformés pratiquants se reconnaissant dans les valeurs évangéliques, soit confessantes".
Une minorité qui pourrait bien alors chercher son foyer spirituel ailleurs que dans l'Eglise réformée.
Gabrielle Desarzens/RTSreligion/boi