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Suisse-Libye: rencontre cruciale en Espagne

Les espoirs suscités par la visite en Espagne de Micheline Calmy-Rey sont grands.
Micheline Calmy-Rey va se rendre en Espagne pour rencontrer son homologue libyen.
Micheline Calmy-Rey va se rendre jeudi en Espagne, qui préside actuellement l'UE, pour rencontrer le ministre libyen des affaires étrangères Moussa Koussa. Le Département fédéral des Affaires étrangères a confirmé la déclaration du chef de la diplomatie italienne Franco Frattini.

Cette rencontre doit aider à résoudre la crise diplomatique
entre la Suisse et la Libye qui a débordé sur les pays européens
depuis que la Libye a suspendu l'octroi de visas aux citoyens de
l'espace Schengen.



"La Suisse reconnaît la possibilité que soit ouverte une enquête
sur les photos de police d'Hannibal Kadhafi qui avaient été
publiées dans la "Tribune de Genève"", a indiqué Franco Frattini,
rapportant le contenu de son entretien téléphonique avec la
conseillère fédérale après sa rencontre avec ses homologues libyen
et maltais.



Selon lui, il s'agit "de la dernière requête encore sur la table"
avancée ce matin par le ministre libyen Moussa Koussa.

Il avait auparavant affirmé devant la
presse que Berne et Tripoli étaient disposées à mettre un terme à
leur contentieux. Selon lui, la Suisse pourrait renoncer à ses
mesures restrictives à l'égard des Libyens, dont la famille
Kadhafi, en échange de la libération de ses deux ressortissants
retenus en Libye depuis l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et sa
femme en 2008 à Genève.

Condition de Tripoli

"Mon collègue libyen m'a dit aujourd'hui qu'il n'y avait pas de
problème pour ça, mais qu'une condition préalable clé était
l'ouverture d'une enquête" sur la publication dans la "Tribune de
Genève" des photos de police d'Hannibal Kadhafi, a ajouté le
ministre des affaires étrangères italien. Selon lui, "la Suisse
reconnaît la possibilité que soit ouverte une enquête", a-t-il
précisé, rapportant les propos tenus par Micheline Calmy-Rey lors
de leur conversation téléphonique.



Franco Frattini avait accusé dès lundi la Suisse d'avoir pris en
otage le mécanisme de Schengen, dont elle fait partie sans
appartenir à l'Union européenne, afin de régler une affaire
bilatérale avec la Libye. Des accusations rejetées par Berne,
soulignant que seules 270 des 30'000 demandes de visas libyennes
avaient été refusées en 2009.

Berne tient l'UE au courant

Mais pour l'heure, la Suisse en reste officiellement à sa
position. Le Conseil fédéral a répété à l'issue de sa séance
hebdomadaire que la Suisse poursuivait sa politique restrictive sur
les visas. L'Union européenne et les Etats associés à l'espace
Schengen sont informés de cette politique à l'égard de la Libye, a
souligné le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans
une position écrite.



Les contacts avec Bruxelles sont réguliers, a-t-il affirmé. "La
Suisse s'est toujours efforcée" de trouver "une solution
diplomatique" dans le différend avec Tripoli, selon le DFAE. "Et
l'UE le sait", a-t-il ajouté.

Suisses toujours retenus

Berne a durci sa politique en matière de visas à l'égard de la
Libye à l'automne dernier après l'enlèvement par les autorités
libyennes pendant 52 jours des deux ressortissants suisses détenus
à Tripoli. Rachid Hamdani et Max Göldi se trouvent actuellement à
l'ambassade de Suisse à Tripoli.



Le premier a été blanchi des accusations de "séjour illégal" et
d'"exercice d'activités économiques illégales". Il n'a toutefois
pas encore pu quitter le pays. Le second a quant à lui été condamné
en appel à quatre mois de prison ferme pour "séjour illégal" et a
écopé d'une amende de 860 francs dans la deuxième affaire.

Le sujet occupera encore les 27

La crise entre Berne et Tripoli va continuer d'occuper les
Européens ces prochains jours. Parallèlement à la rencontre
tripartite de jeudi à Madrid, les Etats membres de l'Espace
Schengen se réuniront à Bruxelles pour évoquer le problème. Les
ministres des Affaires étrangères de l'UE aborderont la question
lundi.



ats/lan

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"Souplesse pragmatique" demandée

Le ministre italien a en même temps invité les Libyens à faire preuve de "souplesse pragmatique" et à ne pas appliquer de manière indiscriminée les sanctions à l'égard de citoyens de l'espace Schengen; il s'est d'ailleurs félicité qu'une vingtaine d'Italiens aient pu entrer en Libye sans problèmes au cours des dernières 24 heures.

Selon lui, les pays membres de l'espace Schengen ne sont pas censés "payer le prix d'un contentieux bilatéral" entre la Suisse et la Libye. La question des visas avec la Libye sera par ailleurs examinée lundi à Bruxelles au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.