Après ce départ soudain, les réactions sont contrastées dans les territoires palestiniens.
Ainsi, les bénéficiaires de l'UNRWA, c'est-à-dire les réfugiés, regrettent la démission de Pierre Krähenbühl, saluant son travail à la tête de l'agence onusienne depuis bientôt 6 ans. Le Genevois a su tenir la barre malgré les difficultés qui se sont accumulées ces dernières années, notamment la décision américaine de stopper son financement qui a plongé l'institution dans une crise historique.
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Mais des critiques se font tout de même entendre, même si elles sont rarement formulées de vive voix, surtout dans une bande de Gaza à l'agonie, où 80% des 2 millions d'habitants sont des réfugiés et peuvent donc prétendre aux services indispensables (santé, éducation, alimentation) offerts par l'UNRWA, sans compter que l'agence est y aussi un des plus gros pourvoyeurs d'emplois.
Des critiques
Les accusations entre autres d'abus d'autorité ne sont pas vraiment une surprise pour les employés de l'UNRWA. Depuis longtemps, le management et l'entourage de l'ex-commissaire étaient critiqués en interne. Aujourd'hui, après cette démission, certains, sous conditions d'anonymat total, disent même être soulagés. Le départ de Pierre Krähenbühl peut être l'occasion de redorer l'image de l'UNRWA qui a été sérieusement écornée depuis le scandale de l'été dernier. Un rapport interne a en effet mis en cause le Suisse et son entourage pour abus d’autorité, népotisme et représailles injustifiées.
Côté israélien, les réactions à la démission de Pierre Krähenbühl ne se sont pas fait attendre. L'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies a été le premier à réagir en parlant "d'une victoire contre la politisation". A Jérusalem, le ministère des Affaires étrangères a saisi l'occasion pour demander à la communauté internationale de mettre en place une nouvelle structure plus efficace et donc de refuser de renouveler le mandat de l'agence pour trois ans qui arrive bientôt à échéance.
Israël pour une suppression de l'agence
Pour le gouvernement israélien, l'agence pose un problème politique, comme l'explique Simon Plosker, responsable du site Honest Reporting basé à Jérusalem, dans le 12h30: "Contrairement à d'autres populations de réfugiés qui dépendent du Haut commissariat de l'ONU, les Palestiniens sont les seuls réfugiés au monde qui ont leur propre agence. Pour les Israéliens, la domination de l'agence perpétue la crise des réfugiés palestiniens et rend encore plus difficile une résolution du conflit israélo-palestinien".
Les révélations et le scandale au sein de l'UNRWA donnent davantage de poids à la position israélienne, une position soutenue par les Etats-Unis.
Position de la Suisse
Au vu des accusations qui pesaient sur Pierre Krähenbühl, son départ n'était-il pas devenu inévitable? La Suisse a-t-elle eu raison de suspendre, l'été dernier, son soutien financier à l'UNRWA?
lan