Deux résolutions urgentes étaient soumises aux députés. La
première, émanant des partis de droite, fustigeait vertement
l'"attitude irresponsable" de l'exécutif lausannois.
La seconde, déposée par la gauche, réclamait une intervention
rapide du canton auprès de l'Assemblée fédérale pour obtenir un
accès des jeunes sans statut légal à la formation
professionnelle.
Les nombreux orateurs de gauche et de droite sont tombés d'accord
sur un point: la situation des jeunes clandestins qui sortent de
l'école est problématique.
La gauche a applaudi le "geste symbolique" de la municipalité de
Lausanne, qui remet le sujet sur le devant de la scène à quelques
jours de débats aux Chambres fédérales.
Une situation hypocrite
Lausanne a aussi le mérite de dénoncer l'hypocrisie de la
situation actuelle: les jeunes clandestins peuvent aller à l'école,
puis au gymnase, mais sans permis de travail l'accès à
l'apprentissage leur est interdit. "Il vaut mieux que ces jeunes
soient en formation plutôt qu'oisifs dans les rues", a estimé
JeanMichel Dolivo (A gauche toute!).
La municipalité fragilise la légitimité des institutions, elle ne
sera plus crédible pour lutter contre le travail au noir si elle
emploie elle-même des sans-papiers, ont répliqué plusieurs orateurs
de droite. Former ces jeunes sans pouvoir ensuite les engager
revient à leur faire miroiter de faux espoirs.
Des procédures claires existent pour changer les lois lorsqu'elles
sont dépassées par l'évolution de la société, a relevé le libéral
Jean-Marie Surer. Lausanne choisit plutôt de franchir le pas de
l'illégalité, ouvrant la porte à toutes les infractions, "voire à
l'anarchie", a-t-il ajouté.
L'exécutif se défend
"L'exécutif lausannois n'a encore rien fait d'illégal", a
rétorqué le député écologiste et municipal lausannois Jean-Yves
Pidoux. L'exécutif a transmis un préavis au Conseil communal qui
doit se prononcer. "Notre proposition est en concordance avec les
principes constitutionnels d'égalité des chances et avec la
Convention internationale des droits de l'enfant."
Au terme de plus de deux heures de débats animés, les députés ont
soutenu la résolution des partis de gauche par 73 voix contre 64 et
2 abstentions. Socialistes, Verts et A gauche toute! ont reçu
l'appui de quelques députés radicaux et de l'Alliance du centre,
dérangés par le "ton excessif" du texte de droite.
ats/sbo