"Il nous reste toujours moins de notre revenu ponctionné par des redevances et des cotisations sociales de plus en plus lourdes", a expliqué la conseillère nationale et coprésidente du comité Diana Gutjahr (UDC/TG) devant les médias.
Salariés et employeurs devraient payer 250 millions de francs de plus par an, relèvent les référendaires, sans compter les ponctions à prévoir afin de financer un congé pour les proches aidants, pour les parents qui adoptent et pour un congé parental.
"Devenir parent n'est pas une maladie"
Ces augmentations mettent en danger la compétitivité des PME, estime le comité qui ne veut pas d'une nouvelle assurance sociale. "Le financement de l'AVS, de l'AI et des caisses de pensions n'est pas garanti à long terme, tout comme le financement des soins", a argué l'autre coprésidente du comité Susanne Brunner.
Ces assurances sociales ont été introduites pour faire face à la misère provoquée par la maladie, un accident, la vieillesse ou le chômage. "Devenir parent n'est pas une maladie." Une assurance sociale ne doit pas permettre de briser des rôles traditionnels. Et elle ne doit pas servir à "payer des vacances à quelques rares pères".
Lucie Rochat, présidente des Femmes UDC romandes, ne partage pourtant pas cet avis. Interrogée dans Forum, elle estime que lorsque l'on parle de coûts, il faut tous les prendre en compte: "On sait que la solitude au retour de maternité est un puissant facteur de dépression post-partum. Cela a aussi un coût pour notre société".
"Le mari peut prendre congé"
Pour Roland Büchel (UDC/SG), également interrogé dans Forum, le mari peut être aux côtés de sa femme sans aucun problème: "Il peut prendre congé. Il peut aussi aller travailler dans une entreprise qui offre un congé paternité, mais ce n'est pas à l'Etat de dépenser de l'argent que l'on n'a pas", estime-t-il.
Un argument qui ne tient pas la route pour Lucie Rochat: "On ne choisit pas forcément son employeur. Mais surtout, un accouchement ne se planifie pas à la semaine près. Si on a deux semaine d'avance, on se retrouve seule durant ce temps. Le congé paternité a cet avantage de libérer le père tout de suite. Un jour ce n'est pas suffisant, on est quand même dans le trop peu aujourd'hui", admet la présidente des femmes UDC romandes.
L'Etat ne doit pas s'en mêler
Les référendaires soulignent encore qu'un congé de deux semaines ne fait pas un bon père. Celui-ci, s'il est prévoyant, doit se soucier de ses enfants jusqu'à leur majorité au moins. Et l'Etat n'a pas à se mêler des affaires des familles. Il n'a pas à rééduquer les hommes. Les parents doivent décider eux-mêmes de leurs besoins pour l'éducation des enfants.
Le comité se montre confiant quant à la récolte des 50'000 signatures, d'ici le 23 janvier prochain.
ats/oang
Divisions au sein même de l'UDC
L'aile romande de l'UDC ne veut pas de ce référendum contre le congé paternité.
A Genève, la présidente cantonale Céline Amaudruz prône une politique familiale moderne. C'est pareil à Fribourg, en Valais et dans le canton de Vaud où Kevin Grangier a même soutenu l'initiative de quatre semaines.
Les UDC romands pensent du reste que le combat est perdu d'avance, car les électeurs du parti veulent de ce congé paternité.
Le congé paternité a aussi le soutien de la majorité de la population, selon les sondages. La Suisse est le seul pays d’Europe qui ne connaît ni congé paternité, ni congé parental.
Financé par les allocations pour perte de gain
Le Parlement a soutenu en septembre un congé de deux semaines pour les pères. Il a estimé qu'un tel congé répond aux exigences de la nouvelle génération.
Il sera financé par les allocations pour perte de gain. Pour deux semaines, il faut augmenter l'actuel taux de cotisation aux APG (0,46%) de 0,06 point, dont la moitié pour l'employé. Sur le salaire moyen suisse (6500 francs par mois), cela représente 3,90 francs par mois, dont 1,95 pour l'employé.