Le cabinet de conseil Deloitte a mené son enquête auprès de 1000 personnes âgées entre 50 et 70 ans. D'après ses résultats, 40% des personnes interrogées souhaitaient continuer à travailler. Elles ne sont toutefois que 5% à vouloir le faire à plein temps, contre 35% à temps partiel.
La situation actuelle montre cependant une réalité bien différente: l'année dernière, 23% des personnes âgées entre 65 et 69 ans étaient actives, soit à peine plus de la moitié de celles qui déclarent être d'accord de continuer à travailler. Les entreprises en seraient les principales fautives, car seules 30% des personnes interrogées ont eu la possibilité de poursuivre leur travail au-delà de l'âge légal de départ en retraite. Pour 37% des sondés, cette possibilité n'a jamais été évoquée par l'entreprise. 29%, enfin, ont déclaré que leur employeur ne pouvait pas ou ne voulait pas les garder.
Lever les préjugés liés à l'âge
Pour Deloitte, le coût, le déséquilibre des compétences et les préjugés sont les principales raisons qui font que les entreprises n'emploient pas leurs travailleurs au-delà de l'âge de la retraite. "Elles doivent créer des opportunités pour dissuader les employés de prendre une retraite anticipée ou pour qu'ils continuent à travailler au-delà de l'âge de retraite", estime l'associé de Deloitte Suisse Adam Stanford, pour qui il est impératif de lever les préjugés sur les employés âgés.
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Plusieurs experts ont récemment averti des problèmes de manque de main d'oeuvre auxquels la Suisse risque de devoir faire face ces prochaines années. Avec le départ à la retraite de la génération des baby-boomers, elle risque de se retrouver face à un problème démographique.
Quelque 1,1 million de personnes, ou environ 800'000 actifs, partiront à la retraite dans dix ans. Par le passé, le nombre d'arrivées sur le marché du travail dépassait celui des départs à la retraite. Ce rapport s'est équilibré à partir de 2016 et devrait s'inverser à partir de 2021, s'inquiète Deloitte.
Réserve de main d'oeuvre importante
"Les personnes déjà intégrées au marché du travail et qui souhaitent travailler au-delà de l'âge de la retraite représentent une réserve de main d'oeuvre importante, qui pourrait facilement être mobilisée", ont souligné les auteurs de cette étude, qui y voient une solution au manque de bras attendu. Ils estiment que cela représenterait 578'000 salariés supplémentaires.
Le chef économiste de Deloitte Suisse Michael Grampp est d'avis que ce potentiel, pleinement exploité, pourrait sensiblement corriger le déséquilibre croissant entre les personnes intégrant et quittant le marché du travail, réduisant ainsi la pression sur le système de sécurité sociale.
ats/Vincent Cherpillod