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Le maintien à domicile des seniors devient une priorité

Un homme dans son appartement en Suisse. [Keystone - Martin Ruetschi]
L'adaptation des logements pour les seniors dépend de la bonne volonté des propriétaires / La Matinale / 3 min. / le 18 novembre 2019
La Suisse est un pays qui vieillit. Avec le boom des seniors, il s'agit d'adapter les logements pour éviter une surcharge des EMS. Or, la réalisation de travaux dans un appartement dépend de la bonne volonté des gérances et surtout des propriétaires.

Rester le plus longtemps possible chez soi plutôt que de partir en EMS, c'est le souhait de la majorité des seniors en Suisse, selon une vaste étude menée au plan national et publiée récemment.

Mais ces envies nécessitent des aménagements. Or, nombre de propriétaires ne sont pas favorables à l'idée de prolonger le séjour des seniors à domicile, ont affirmé plusieurs régies à la RTS.

Ce sont souvent des locataires de longue date qui paient de petits loyers. Adapter leur appartement, c'est se priver d'un changement d'occupant, avec la possibilité d'augmenter les rentrées et donc le rendement.

Mais pour Fabiène Gogniat, directrice de la régie Bopst à Yverdon, il est nécessaire de réfléchir autrement pour le bailleur. "Notre rôle est d'ouvrir la discussion. Nous allons voir nos propriétaires pour les sensibiliser à la problématique. Leur montrer que les coûts ne sont pas forcément astronomiques. Et leur montrer les avantages en matière d'image. Le propriétaire ouvre le champ des possibles sur le nombre de locataires car son appartement est un peu adapté. Il peut peut-être se prévaloir des travaux qu'il aura faits pour proposer une légère hausse de loyer. Sur le long terme, il aura une augmentation de ses revenus."

Toujours plus âgés

Il s'agit également d'un problème sociétal: on vit de plus en plus vieux. Et nous serons de plus en plus nombreux à atteindre le 3e voire le 4e âge. Aujourd'hui, 5% des habitants de la Suisse ont 85 ans et plus. Dans 25 ans, ce sera un sur dix.

Comment aménager un appartement existant et à moindre frais? C'est ce qu'étudient la HEdS de Genève et la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA). Des chercheurs interviennent chez des seniors de Suisse romande. A l'image de Laeticia Ritzuto, une octogénaire qui vit dans un petit appartement à Genève. Décidée à rester chez elle à cause de ses problèmes de mobilité.

L'architecte Frédéric Wüest, co-responsable de l'étude, affirme que "le problème le plus courant est de ne plus pouvoir enjamber la baignoire. Il s'agit simplement de scier le bord de la baignoire pour mettre un cadre et une porte étanche." Un soulagement pour la locataire: "Je pouvais entrer dans la baignoire. Mais sortir, c'était plus difficile. Je ne me sentais pas sûre."

Le rôle de l'Etat

Il faut compter 4000 francs pour adapter de manière simple une salle de bains, une cuisine et éliminer les obstacles comme les seuils par exemple.

Selon Fabiène Gogniat, un moyen de convaincre les propriétaires de faire les transformations est de passer par un financement étatique. "Que l'Etat participe à l'aménagement d'un appartement pour faire des économies sur le long terme. Une fois aménagé, il peut servir à d'autres personnes âgées quand le locataire part pour l'EMS."

En raison du boom démographique des seniors, plusieurs cantons sont en train de chercher des alternatives à l'EMS, socialement plus rentables et économiquement moins coûteuses. Et le canton de Vaud réfléchit précisément à verser une subvention aux seniors pour l'adaptation de leur logement. Une réponse est attendue au Grand Conseil l'an prochain.

Céline Fontannaz/pw

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Participer à l'étude

Pour finaliser leur étude, les chercheurs des HES genevoises ont encore besoin de participants dans les cantons de Vaud et du Valais.

Ils recherchent:
- Des personnes de 65 ans ou plus, vivant à domicile, qui projettent d’effectuer des adaptations de leur logement pour faciliter la mobilité, la visibilité, ainsi que l’utilisation des installations sanitaires et l’accessibilité des équipements.

- Des propriétaires immobiliers ou régisseurs qui sont prêts à mettre à disposition leurs logements pour effectuer des adaptations permettant aux personnes âgées de rester à domicile.

- Des artisans du bâtiment qui souhaitent contribuer à la silver economy et à l’innovation sociale visant les seniors.

- Toute institution, fondation ou association qui souhaiterait financièrement investir en faveur de dispositifs permettant le maintien à domicile de seniors tout en favorisant le maintien de l’autonomie, de la qualité de vie et la diminution des risques des santé tels que les chutes.

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