Condamné en juin 2008 à la perpétuité, l'accusé se retrouve à
nouveau devant la justice à cause du témoignage tardif d'une
employée de boulangerie qui affirme avoir vu les victimes alors que
la justice les considère comme déjà mortes à cette heure-là.
"Je n'ai aucune implication dans ce drame", a déclaré lundi
l'accusé de 46 ans devant la Cour, affirmant avoir vu sa mère
adoptive pour la dernière fois le 16 décembre 2005. Dans la
matinée, la lecture des rapports de police a toutefois montré que
l'intéressé a modifié plusieurs fois sa version des faits en cours
d'enquête, reconnaissant, après l'avoir nié dans un premier temps,
s'être rendu chez sa mère le jour de sa mort, le 24 décembre
2005.
L'accusé est
soupçonné d'avoir assassiné les deux octogénaires et fait
disparaître sa soeur, dont le corps n'a jamais été retrouvé, dans
le but de toucher les dizaines de millions de francs de l'héritage.
En proie à des dettes importantes, l'homme était aux abois fin
2005, sa mère ayant décidé de lui couper les vivres. Il était
également en litige avec sa soeur.
Seule preuve formelle, une trace de son ADN a été retrouvée sur la
chemise de nuit de sa mère.
Témoignage-clé mardi
Ces éléments ont notamment conduit le tribunal de première
instance à rendre un verdict de culpabilité en juin 2008. Le
témoignage tardif d'une boulangère, qui a expliqué avoir vu la mère
de l'accusé et sa soeur le 24 décembre 2005 en fin d'après-midi,
soit après l'heure présumée de leur mort, a toutefois conduit le
Tribunal cantonal vaudois à renvoyer la cause en jugement.
Ce témoignage-clé pour la défense est attendu mardi après-midi, de
même que celui d'un détective privé, mandaté par le frère de
l'accusé pour enquêter sur la boulangère.
En attendant, la Cour avec jury a visionné lundi après-midi un
film portant sur la reconstitution du drame. L'accusé y explique
comment il a découvert les deux octogénaires le 24 décembre
2005.
Nombreux public
L'affaire, qui a suscité un
important intérêt médiatique, a attiré lundi un nombreux public. Un
groupe de soutien, qui défend l'accusé, s'est également rendu sur
place. Le procès devrait durer toute la semaine. Le verdict sera
rendu ultérieurement.
agences/lan
Mortes à Noël
Le drame éclate au grand jour le 4 janvier 2006. Les cadavres de deux femmes octogénaires sont découverts au pied des escaliers d'une villa de Vevey.
Leur décès remonte probablement au 24 décembre, même si la détérioration des corps rend impossible toute certitude.
Des coups ou leur chute ont causé la mort de la propriétaire des lieux (81 ans) et de son amie bâloise (80 ans) en visite.
A ces deux cadavres s'ajoute la disparition de la fille, médecin généraliste à Vevey née en 1949. Celle-ci n'a jamais été retrouvée malgré des recherches et des fouilles pratiquées tout au long de l'enquête. Son passeport avait été découvert dans la maison.
Début février, le fils adoptif est arrêté. Ce Veveysan né en 1964 ne ressortira plus de prison. La famille est aisée et connue dans la région. Des disputes financières liées aux droits successoraux sont établies, mais leur interprétation demeure contestée.
L'accusé se serait trouvé à cours de liquidité à la fin de l'année 2005 et sa mère aurait refusé de continuer à lui avancer de l'argent. A l'issue du premier procès, la Cour avait jugé que le fils aux abois avait agressé sa mère, puis supprimé l'amie, témoin gênant, ainsi que sa soeur, se rendant coupable d'un triple homicide.