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Affaire Légeret: la vendeuse reste inébranlable

Le procès se tient devant le Tribunal correctionnel de Lausanne.
Le deuxième procès a ouvert lundi au Tribunal correctionnel de Lausanne.
Le Tribunal de Lausanne a entendu plusieurs témoins mardi dans le cadre de l'affaire Légeret. La vendeuse en boulangerie, dont le témoignage invalide la chronologie des homicides de Vevey, a affirmé être sûre "à 200%" d'avoir servi les deux femmes à une heure où la justice les tient pour mortes.

La vendeuse en boulangerie, témoin clé de ce deuxième procès, a
été entendue vers 17h00. Elle paraissait agitée, peut-on lire sur
le blog TSR de Vaud Région.



"Rien ne pourra me faire changer d'avis", a néanmoins affirmé la
femme qui ne s'était manifestée que tardivement, via l'émission de
télévision "Zone d'ombre" . Le samedi 24 décembre 2005 entre
16h30 et 17h00, elle est "sûre à 200%" d'avoir vendu diverses
friandises à deux femmes, la mère et la fille.



"Je n'aurais pas reconnu la fille L. si elle ne s'était pas
présentée en me saluant. Elle avait été mon docteur des années
auparavant. Là, elle était amaigrie, pâle.", a-t-elle précisé.
Elles ont échangé quelques phrases avant de se souhaiter de bonnes
fêtes.

Nombreuses questions

Le procureur du canton de Vaud Eric Cottier a posé de multiples
questions à la vendeuse afin de montrer que la mémoire de cette
dernière n'était en fait pas si bonne que cela. Si sa tentative a
obtenu des résultats, elle n'a cependant pas fait bouger d'un iota
les souvenirs du témoin sur la journée cruciale du 24
décembre.



L'ancienne employée a expliqué qu'elle disposait de plusieurs
repères qui réduisaient à néant toute possibilité de confusion sur
les dates. Après avoir servi les deux femmes, elle a téléphoné à
une collègue pour lui souhaiter bon anniversaire puisqu'elle est
née le 24 décembre. La boulangère a ajouté que ce jour-là elle
fermait pour la première fois le commerce. En outre, elle passait
pour la première fois Noël chez son fils, car elle venait de perdre
son époux.



"Je n'ai rien à cacher, je ne dis rien que la vérité", a assuré le
témoin, qui dit ne pas connaître l'accusé.

Attitude confuse

L'ex-vendeuse s'est
montrée en revanche plutôt confuse dans les explications données
sur son attitude. Elle affirme avoir téléphoné à l'ancien avocat de
l'accusé pour signaler cet élément, mais n'avoir jamais été
rappelée.



Lors d'une enquête de voisinage au début 2006, une journaliste de
la TSR a rencontré l'ancienne vendeuse. Cette dernière lui a
raconté qu'elle était sans doute une des dernières personnes à
avoir vu les victimes. Mais ce n'est qu'après le procès de juin
2008 qu'elle a été convaincue que la chronologie du drame relatée
dans le journal était impossible. Mais jamais elle n'a voulu aller
raconter ces précisions à la police, convient-elle.



Finalement, lors de l'émission "Zone d'ombre", elle a expliqué son
point de vue en long et en large, déclenchant le processus
aboutissant à l'actuel procès.

Propos "arrangés"

Appelé à son tour à la barre, le
détective en question a indiqué que "d'après ses ex-collègues et
d'autres connaissances, la vendeuse en boulangerie arrange les
propos à son avantage". Il a aussi estimé qu'il n'était pas de son
rôle de vérifier la véracité des témoignages qu'il a
entendus.



Durant la matinée, la défense avait prié la Cour de ne pas
entendre le détective privé, qualifiant de "choquant" le procédé
utilisé par le frère de l'accusé. La défense jugeait "inacceptable"
le recours à ce détective, qui ne visait qu'à déstabiliser un
témoin-clé. Face à ces accusations, la partie civile avait rétorqué
que le procédé de l'enquête de voisinage était tout à fait courant.
Pour sa part, la vendeuse en boulangerie a assuré n'avoir "rien à
cacher".



Le rapport d'enquête du détective a lui été finalement retranché
du dossier par la Cour. Suivant la demande de la défense, le
Tribunal a estimé que ce rapport n'avait pas de lien direct avec
l'affaire et qu'il était compétent pour juger de la crédibilité du
témoin.

Des témoignages

Le tribunal a aussi entendu mardi les témoignages de l'ancienne
petite amie de l'accusé et le père de celle-ci. Un agent de
sécurité qui faisait une tournée le 24 décembre a lui indiqué
s'être senti observé: : "J'ai cru voir une silhouette dans le
salon", a-t-il précisé.



Ce procès en révision suit celui de Vevey qui en juin 2008 a
condamné un homme de 46 ans à la perpétuité. Il a été reconnu
coupable d'avoir tué sa mère, une amie de celle-ci et fait
disparaître sa soeur (lire ci-contre). Il clame
son innocence depuis toujours. Le procès dure jusqu'à
vendredi.



ats/bri

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Mortes à Noël

Le drame éclate au grand jour le 4 janvier 2006. Les cadavres de deux femmes octogénaires sont découverts au pied des escaliers d'une villa de Vevey.

Leur décès remonte probablement au 24 décembre, même si la détérioration des corps rend impossible toute certitude. Des coups ou leur chute ont causé la mort de la propriétaire des lieux (81 ans) et de son amie bâloise (80 ans) en visite.

A ces deux cadavres s'ajoute la disparition de la fille, médecin généraliste à Vevey née en 1949. Celle-ci n'a jamais été retrouvée malgré des recherches et des fouilles pratiquées tout au long de l'enquête. Son passeport avait été découvert dans la maison.

Début février, le fils adoptif est arrêté. Ce Veveysan né en 1964 ne ressortira plus de prison. La famille est aisée et connue dans la région. Des disputes financières liées aux droits successoraux sont établies, mais leur interprétation demeure contestée.

L'accusé se serait trouvé à cours de liquidité à la fin de l'année 2005 et sa mère aurait refusé de continuer à lui avancer de l'argent. A l'issue du premier procès, la Cour avait jugé que le fils aux abois avait agressé sa mère, puis supprimé l'amie, témoin gênant, ainsi que sa soeur, se rendant coupable d'un triple homicide.

Mystère sur la date des décès

Des décès accidentels peuvent être exclus, a affirmé durant la matinée le professeur de médecine légale Patrice Mangin. Comme il y a deux ans à Vevey, le spécialiste a souligné la violence des traumatismes subis par les deux femmes.

Le professeur a expliqué que la datation des décès ne pouvait en revanche être aussi catégorique. Les 23, 24 ou 25 décembre 2005 sont plausibles, sans qu'il soit possible de trancher. La putréfaction des corps découverts le 4 janvier 2006 était trop avancée pour formuler des certitudes.

Par ailleurs, Patrice Mangin a laissé entendre dans son rapport qu'une survie de six heures après les événements n'était pas exclue.