Malgré le témoignage d'une vendeuse en boulangerie qui remet en
cause la chronologie de la justice dans la tragédie de décembre
2005, aucune des parties civiles n'a manifesté le moindre
doute.
Elles ont à l'unisson réclamé la condamnation de l'accusé pour la
mort de sa mère, d'une amie de celle-ci et la disparition de sa
soeur.
Comme en juin 2008 à Vevey, lors du premier procès, l'argent a été
reconnu comme l'origine de la tuerie. L'accusé de 46 ans se sentant
aux abois parce que sa mère ne voulait plus lui donner les
centaines de milliers de francs indispensables, il aurait été "pris
de rage" le 24 décembre, au point de commettre l'irréparable "dans
des circonstances terribles".
Un Janus
C'est un Janus, avec un côté "urbain, courtois, dévoué", mais il
y a "un autre homme", selon Me Marcel Heider, avocat du frère de
l'accusé. C'est un personnage que l'on ne peut jamais contrarier et
capable de "devenir enragé" si quelque chose lui est refusé.
L'accusé, "un fainéant", était entretenu par sa mère qui n'a
compris que trop tard ce qui se tramait.
Il "fait peur" aujourd'hui encore, a affirmé l'avocat soulignant
que son client et sa femme en souffrent chaque jour. Il a contesté
tout "élément nouveau" dans ce procès en révision.
Argent de sang
Des vies et des rêves "saccagés" par l'argent, ont constaté les
parties civiles. La fortune amassée par le père architecte à Vevey
s'est transformée, après son décès, en un fardeau épouvantable sur
les épaules de son épouse. Femme "simple", aimant des plaisirs de
tous les jours, elle s'est retrouvée en possession de dizaines de
millions de francs qui ont fini par l'entraîner dans une mort
sanglante.
"Tuée pour avoir été un témoin gênant", a renchéri l'avocate qui
représente la famille de l'amie bâloise octogénaire venue passer
les fêtes à Vevey. Là aussi, les souffrances qui perdurent pour les
enfants ont été mises en exergue. Le travail de deuil ne peut
toujours pas se faire, alors que l'émotion submerge les victimes
indirectes et que l'accusé reste "froid", a relevé l'avocate.
Les fonds séquestrés pour les victimes
Dans la matinée, le fils biologique a éclaté en sanglots
lorsqu'il a dû raconter pourquoi il a voulu, en vain, mettre sa
mère sous tutelle afin de la sortir des griffes de son frère. Mais
"je me suis rendu compte que l'on ne sauve pas quelqu'un contre son
gré", at-il déclaré, défait, devant la cour.
L'accusé, fils adoptif, a lui aussi pris la parole durant de
longues minutes, affirmant que depuis des années, il n'avait pas pu
s'exprimer. Dans un silence intense, il s'est souvent enferré dans
des détails de procédures. Il a dit avoir une mère qui lui a donné
la vie et une mère qui lui a donné le droit de vivre. Et lorsque le
juge lui a demandé "que s'est-il passé à la villa le 24 décembre?
Où est votre soeur?" F.L. a répondu: "Je ne sais pas, je n'y étais
pas.", pouvait-on lire sur le blog vaudois qui suit l'audience.
D'un commun accord, les parties civiles ont demandé à la cour de
libérer des fonds séquestrés afin de pouvoir indemniser les
victimes. Elles se sont opposées à ce que l'accusé puisse profiter
"du produit de son crime". Le procureur général et la défense
plaident vendredi.
ats/bri
Mortes à Noël
Le drame éclate au grand jour le 4 janvier 2006. Les cadavres de deux femmes octogénaires sont découverts au pied des escaliers d'une villa de Vevey.
Leur décès remonte probablement au 24 décembre, même si la détérioration des corps rend impossible toute certitude. Des coups ou leur chute ont causé la mort de la propriétaire des lieux (81 ans) et de son amie bâloise (80 ans) en visite.
A ces deux cadavres s'ajoute la disparition de la fille, médecin généraliste à Vevey née en 1949. Celle-ci n'a jamais été retrouvée malgré des recherches et des fouilles pratiquées tout au long de l'enquête. Son passeport avait été découvert dans la maison.
Début février, le fils adoptif est arrêté. Ce Veveysan né en 1964 ne ressortira plus de prison. La famille est aisée et connue dans la région. Des disputes financières liées aux droits successoraux sont établies, mais leur interprétation demeure contestée.
L'accusé se serait trouvé à cours de liquidité à la fin de l'année 2005 et sa mère aurait refusé de continuer à lui avancer de l'argent. A l'issue du premier procès, la Cour avait jugé que le fils aux abois avait agressé sa mère, puis supprimé l'amie, témoin gênant, ainsi que sa soeur, se rendant coupable d'un triple homicide.