"Je suis prête, j'ai décidé de proposer ma candidature pour le Conseil fédéral": Regula Rytz, 57 ans, a levé le suspense sur ses ambitions personnelles depuis la poussée des écologistes aux élections fédérales. "Nous sommes désormais le quatrième parti au Parlement fédéral et je trouve qu'il est important que nous prenions nos responsabilités et que nous soyons représentés au gouvernement", a-t-elle réagi au micro de la RTS.
La conseillère nationale a également assuré qu'il fallait "de nouvelles solutions pour défendre le climat, alors que les écosystèmes sont de plus en plus sous pression".
Le siège d'Ignazio Cassis visé
Pour la Bernoise, la composition du Conseil fédéral doit être la suivante: 2 sièges pour le PS, 2 pour l'UDC, 1 pour le PLR, 1 pour le PDC et 1 pour Les Verts. Et de relever que le PLR, qui perdrait un siège dans cette configuration, ne veut pas de cette discussion et "n'accepte pas que quelque chose d'historique a eu lieu le 20 octobre".
Regula Rytz a précisé que c'était le siège du PLR Ignazio Cassis que Les Verts viseraient le 11 décembre.
Décision formelle des Verts vendredi
Après avoir gagné vingt sièges lors des élections fédérales, le groupe des Verts comptera plus de 30 représentants sous la Coupole fédérale. Fort de ce succès, Regula Rytz avait déjà revendiqué un siège écologiste au Conseil fédéral, au début du mois. Puis elle avait temporisé, mettant en avant sa course au Conseil des Etats et annonçant que si elle était élue à la Chambre des cantons le 17 novembre, elle ne serait pas en lice pour le gouvernement.
Elle avait également déploré les retraits tactiques du Conseil fédéral avant la fin de la législature. Sans les départs de Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann, Les Verts auraient désormais assurément leur ministre, a-t-elle critiqué.
>> Lire : "Nous avons notre place au Conseil fédéral", martèlent les Verts
Son timing peut toutefois surprendre car le groupe parlementaire des Verts doit décider vendredi s'il lance une candidature au Conseil fédéral lors du renouvellement intégral du collège le 11 décembre.
A la présidence des Verts depuis sept ans
Au bénéfice d'une longue expérience politique, Regula Rytz préside Les Verts suisses depuis 2012, d'abord comme coprésidente avec la Vaudoise Adèle Thorens avant d'assumer seule cette fonction depuis 2016.
La Bernoise a été élue au Conseil national il y a huit ans et elle a siégé à la commission des transports et des télécommunications. Auparavant, cette enseignante de formation et universitaire a siégé au Grand Conseil bernois et à l'exécutif de la ville de Berne. Elle a également été secrétaire centrale de l'Union syndicale suisse.
Un pari qui s'annonce difficile
Réagissant dans l'émission Forum, le conseiller aux Etats PLR vaudois Olivier Français relève qu'il s'agit d'une "volonté d'exister sur la scène politique, d'utiliser les médias jusqu'au 11 décembre", de la part de Regula Rytz. "C'est légitime qu'il y ait une expression de la part des Verts qui ont fait quand même un excellent résultat", reconnaît-il. "Néanmoins, pour arriver au gouvernement et participer à un collège, il faut quelques preuves et là, il y a encore beaucoup à faire."
Pour le conseiller national socialiste vaudois Samuel Bendahan, les chances de la Verte sont difficiles à évaluer. "La volonté de stabilité du Parlement donne plutôt des pronostics pour dire que ça va être difficile", souligne-t-il. "Mais ce n'est pas non plus impossible."
Mathieu Henderson / Frédéric Boillat avec ats
La réaction des autres partis
Après l'annonce de Regula Rytz, les réactions des partis ne se sont pas fait attendre. Le PS voit cette candidature d'un bon oeil. "Ce premier pas est logique", selon le chef du groupe socialiste, Roger Nordmann. "Cela clarifie les choses. Nous devrons ensuite trouver une solution équilibrée", a-t-il ajouté.
Au PDC, on prend note de la candidature de Regula Rytz, rapporte le porte-parole Michaël Girod. Le groupe discutera samedi de la composition du Conseil fédéral. Le PDC attend maintenant que les Verts confirment vendredi la candidature de la Bernoise.
L'UDC semble entrer en matière, mais veut que ce soit la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (PS) qui cède son siège.
Thomas Aeschi, le chef du groupe UDC, demandera vendredi au groupe d'inviter la candidate écologiste à une audition mardi prochain.
Chez les Verts, le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers et le conseiller national zurichois Bastien Girod s'effacent au profit de Regula Rytz. Les deux hommes se réjouissent de la candidature de la Bernoise qu'ils jugent excellente.
Au PLR, le chef du groupe Beat Walti a déclaré qu'il était trop tôt pour une prise de position. Le groupe fera une déclaration vendredi. Invité sur le plateau du 19h30 jeudi, le vice-président du parti Christian Lüscher martèle: "Selon la formule magique, nous avons droit à nos deux Conseillers fédéraux."