Selon le dernier classement établi par le Global Carbon Project, la Suisse se situe au 80e rang des pays émetteurs de CO2, si l'on considère le taux émis par habitant sur notre territoire.
En comparaison européenne, la Suisse figure parmi les Etats les moins pollueurs. Et pourtant, avec 4,7 tonnes de CO2 par personne, notre pays ne respecte pas son engagement pris dans le Cadre de l'Accord de Paris. Celui-ci prévoit de contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés, par rapport aux niveau préindustriel, et si possible de limiter la hausse des températures à 1,5 degré.
C'est la raison pour laquelle la loi sur le CO2 est en révision. L'objectif est que, d'ici à dix ans, nous ayons divisé par deux nos émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire, par rapport à 1990. La loi est actuellement en discussion au Parlement. Parmi les solutions proposées dans le projet, il y a l'idée de taxer l'essence et l'avion notamment.
Objectif 2050
Et puis en août dernier, le Conseil fédéral a fixé une deuxième échéance: 2050. Il s'agit ici de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre. Un but qui rejoint celui de l'initiative des Glaciers déposée fin novembre. Aujourd'hui une soixantaine de pays, ainsi que l'Union européenne, visent le zéro émission nette pour 2050.
Pour y arriver, le Conseil fédéral est en train d'élaborer une stratégie pour l'an prochain. Les secteurs les plus polluants sont clairement identifiés: il s'agit des transports et tout particulièrement de la voiture. Et aussi des logements encore chauffés au mazout.
Comme pour la loi sur le CO2, il s’agit de remplacer les énergies fossiles par du renouvelable. Et puis, une seconde voie est à l’étude: le captage puis le stockage du CO2, dans ce qu'on appelle des puits de carbone. Car il devient de plus en plus évident que les seules mesures de réduction ne suffiront pas.
"La captation et l’utilisation du CO2 permet de lui donner une valeur économique et cela représente une incitation décisive. Que cela puisse générer des revenus représente une stratégie complémentaire, et non pas une substitution, pour lutter contre le réchauffement climatique", a affirmé dans la Matinale Suren Erkmann, professeur d'écologie industrielle à l'Université de Lausanne.
>>Regardez l'interview du professeur Suren Erkmann dans la Matinale
Grands émetteurs
Et on ne parle là que des gaz à effet de serre émis sur notre sol. Or notre pays importe une quantité astronomique de biens. Toujours selon le Global Carbon Project. Nous remontons au 14e rang des pays les plus émetteurs si l'on considère toutes les émissions générées par notre consommation.
Avec près de 14 tonnes de CO2, nous excédons largement la moyenne mondiale. Raison pour laquelle de nombreux experts estiment qu'il est de plus en plus nécessaire de prendre aussi en considération la perspective de la consommation dans le bilan carbone d'un pays.
Croissance grâce à la technologie ou nécessaire décroissance?
La technologie nous sauvera-t-elle du réchauffement climatique? C'est le débat qui oppose "techno-optimistes" et "décroissants": ceux qui pensent que l'humanité doit changer mais peut continuer à consommer, créer, transformer grâce aux progrès, et ceux qui pensent qu'il est temps de sérieusement ralentir.
Le débat de Forum a réuni jeudi la conseillère nationale Isabelle Chevalley (Vert'libéraux/VD), le PLR Marc Ehrlich, président du groupe Retripa, l'urbaniste et architecte Laurent Guidetti (Tribu Architecture) et la philosophe et économiste Sophie Swaton, maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne.