La Suisse compte quelque 1,7 million d'enfants, dont 103'000 (6%) sont touchés par la pauvreté. "Autrement dit, dans chaque classe d'école, il y a en moyenne un enfant pauvre", a illustré lundi la responsable du secteur Etudes de Caritas Marianne Hochuli. "Et si on compte ceux qui vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté, ils sont même trois par classe".
Les enfants et adolescents représentent le groupe d'âge le plus important des ayants droit à l'aide sociale, avec un tiers du total. "Il est intolérable que le développement des enfants pâtisse de l'insuffisance des revenus de leurs parents, ni que ces enfants soient sanctionnés à cause de la situation familiale dans laquelle ils grandissent", s'est alarmé de son côté Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse.
Aux yeux de l'oeuvre d'entraide, la Confédération ne manifeste aucune volonté d'agir. "Le Conseil fédéral abandonne la lutte contre la pauvreté aux cantons, ce qui engendre une inégalité des chances", dénonce Caritas. Ses responsables demandent instamment au nouveau Parlement de "prendre les choses en main et de créer le cadre juridique d'une lutte nationale contre la pauvreté des enfants".
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Vaud, l'exemple à suivre
"Il existe des mesures efficaces pour lutter contre la pauvreté des enfants. Quatre cantons en fournissent la preuve: Genève, Vaud, Soleure et le Tessin ont introduit les prestations complémentaires pour familles, ce qui a engendré un net recul de celles qui doivent faire appel à l’aide sociale", avance Caritas. Elle souligne en particulier l'efficacité du modèle vaudois, dans lequel ces prestations sont versées jusqu'à l'adolescence. De plus, le canton prend à sa charge la plus grande partie des coûts de garde des enfants et rembourse les coûts de la santé.
L'ONG veut maintenant s'engager pour que le gouvernement s'inspire du modèle vaudois et mette en place une loi-cadre qui introduise dans la législation, partout en Suisse, des prestations complémentaires pour les familles. "La Confédération doit fixer des règles minimales pour leur structure et définir son cofinancement des prestations. Ces prestations complémentaires favorisent la responsabilité personnelle, incitent à travailler et sont administrativement moins lourdes que l'aide sociale", soulignent les responsables de l'ONG.
70% sont des enfants de "working poor"
Un enfant coûte entre 7000 et 14'000 francs par an, un coût particulièrement lourd pour les parents à faibles revenus, relève encore Caritas. Conséquence: environ 70% des enfants touchés par la pauvreté en Suisse grandissent dans des familles de "working poor".
Le divorce est un autre facteur de risque pour les enfants: ceux qui grandissent au sein de familles monoparentales sont en moyenne plus souvent touchés par la pauvreté que les autres.
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ats/vic