Les garagistes suisses poussent-ils à l’achat de SUV ? En tout cas, ils font pencher la balance chez ceux qui sont indécis. C’est le constat fait par Rinny Gremaud. Notre journaliste est allée faire le tour des garages dans la région lausannoise.
En Suisse, les SUV représentent la moitié des voitures neuves vendues, et la majorité sont des 4x4. Longtemps, notre pays a été champion des ventes de ce type de voitures. Mais aujourd'hui, cette tendance concerne tous les pays industrialisés. Dans le monde, les SUV sont désormais six fois plus nombreux qu'en 2010. Et selon l’Agence internationale de l’énergie, ils sont la deuxième cause de l'augmentation des gaz à effet de serre dans le monde.
Alors, pourquoi se vendent-ils si bien?
Pour sa tournée des garages, Rinny Gremaud s’est présentée ainsi : actuellement propriétaire d'un break sept places (qui n’est pas un SUV), elle est à la recherche d’un modèle plus petit. Mère de famille avec deux enfants de 10 et 12 ans, elle a 40'000 francs de budget pour racheter une voiture. Elle n’exprime aucune préférence sur le type de voiture, mais elle précise qu’elle ne fera que des petits trajets en ville, sauf quelques fois dans l'année, où elle va à la montagne.
Des SUV plein les garages
Or, malgré ce profil, la plupart des vendeurs de voitures lui ont proposé un SUV. Sur les huit garages visités, un seul l’a orientée sur une hybride – chez un constructeur qui a déjà fait de cette motorisation sa spécialité. Deux lui ont proposé une berline ordinaire. Les cinq autres, soit la majorité, lui ont présenté des SUV, ou "petits SUV". Les arguments sont toujours les mêmes : on voit mieux la route, on se sent plus en sécurité, etc.
Autre constat : tous les showrooms sont remplis de ces gros véhicules hauts sur roue, et à moins de demander à voir d'autres modèles, on a l'impression qu'il n'y a que cela à vendre.
Enfin, parmi les questions posées par les vendeurs, celle qui revenait le plus souvent était "est-ce que vous souhaitez quatre roues motrices ?", alors qu'à l’évidence, le profil de l’acheteuse faisait penser que non. Il faut préciser qu'il existe des SUV à traction, et ce sont donc ces véhicules qui étaient alors proposés à l'acheteuse potentielle.
En revanche, la question de la motorisation alternative n'a jamais été posée. Il a fallu que la cliente-journaliste demande s'il y avait ce type de voitures à disposition. Dans la plupart des cas, le vendeur indiquait que de nouveaux modèles étaient en cours de développement et arriveraient l'année prochaine. Aujourd'hui, tous les constructeurs ont au moins un modèle électrique dans leur gamme. Le vendeur le présentait alors, tout en listant les inconvénients : installation d'une borne spéciale, et autonomie limitée sur de longues distances, notamment.
En conclusion : si la cliente ou le client ne demande pas spécifiquement autre chose, c'est un SUV qui lui sera vendu.
Rinny Gremaud