Publié

Une fondation pour les victimes de l'amiante

L'amiante cause de 50 à 70 décès chaque année en Suise
L'amiante cause de 50 à 70 décès chaque année en Suise
Pour aider les victimes de l'amiante produite dans ses usines de Payerne (VD) et Niederurnen (GL), Eternit a créé une fondation dotée de 1,25 million de francs. Une somme qualifiée de «dérisoire» par les défenseurs des travailleurs.

«Nous sommes consternés que l'utilisation de l'amiante à
l'époque dans les usines d'Eternit (Suisse) SA ait pu rendre
malades des individus et entraîner la mort. Nous sommes consternés
lorsque nous rencontrons des individus atteints d'un mésothéliome
ou d'un cancer dû à l'amiante», a déclaré mardi le CEO d'Eternit,
Anders Holte.

D'autres morts à venir

Après avoir reconnu environ 70 décès dans les deux usines
d'Eternit, le patron de l'entreprise a indiqué qu'il ne pouvait pas
«exclure» que d'autres collaborateurs développent un jour une
maladie causée par l'amiante. «Mais nous sommes confiants que leur
nombre (...) va régresser», a-t-il ajouté en faisant allusion aux
mesures de protection prises par l'entreprise.



Malgré ce geste et ces aveux, les défenseurs des travailleurs
concernés ne sont pas du tout satisfaits. Le montant mis sur la
table est «dérisoire», les critères d'attribution sont flous et
l'opération relève de la manoeuvre de diversion, a déclaré à l'ATS
Pierrette Iselin du Comité d'aide et d'orientation aux victimes de
l'amiante (CAOVA).



«Ce fonds est loin de nous convenir, c'est un coup d'épée dans
l'eau», a-t-elle jugé tout en se réjouissant qu'»Eternit sorte
enfin de son silence». La somme de 1,25 million est insuffisante
par rapport au nombre de personnes concernées. Selon CAOVA, plus de
6000 travailleurs ont été exposés à l'amiante dans les usines
d'Eternit en Suisse et 300 ont développé un cancer lié à ces
fibres.

Attitude «correcte»

S'interrogeant sur l'attitude d'Eternit au cours des dernières
décennies, son patron a estimé pour sa part que l'entreprise avait
«agi correctement, avec les connaissances de l'époque». La
recherche médicale a décelé les risques de la fibre au milieu des
années 70 et, dès cette époque, des mesures «systématiques» ont été
prises.



Dans l'immédiat, la fondation versera des allocations pour
soulager les situations financières d'une gravité extrême. Elles
pourront être perçues par les collaborateurs malades. Leurs proches
parents survivants, comme les époux, les concubins et les enfants
survivants seront aussi d'éventuels bénéficiaires.

Règlement à préciser

La fondation pourra également verser de l'argent à des personnes
qui n'ont jamais travaillé dans une usine Eternit, si leur maladie
présente un rapport objectif avec les sites et les bâtiments de
Niederurnen ou de Payerne. Les proches parents survivants, les
époux, les concubins et les enfants survivants, sont inclus.



Le Conseil de fondation, présidé par le CEO d'Eternit, définira
dans un règlement des critères concrets pour déterminer les
bénéficiaires des allocations. Il s'y référera pour étudier les
demandes.

Ecran de fumée

Pour CAOVA, cette organisation n'est pas satisfaisante. Le fonds
n'est pas paritaire et les modalités d'indemnisation ne sont pas
transparentes. «Cette fondation est un écran de fumée destiné à
désamorcer les plaintes en cours et à venir», selon Pierrette
Iselin.



agences/ruc

Publié

L'amiante en Suisse: 900 cas reconnus

A la fin de l'année 2004, la SUVA avait reconnu au niveau national 848 cas de mésothéliome et 58 cas de cancer des poumons dus à l'amiante, soit plus de 900 cas au total.

La SUVA estime que 50 à 70 individus décéderont chaque année d'une maladie professionnelle due à l'amiante, un mésothéliome dans la plupart des cas.

Actions légales en cours

Une dénonciation pénale contre Thomas et Stephan Schmidheiny, les anciens propriétaires d'Eternit, est pendante à Niederurnen.

En outre, la veuve d'un travailleur d'Eternit Payerne a porté plainte contre la caisse nationale d'assurances Suva.

Elle a été déboutée par le Tribunal vaudois des assurances mais a fait recours auprès du Tribunal fédéral des assurances.