Il s'agit d'un homme qui ne souhaite pas montrer son visage et encore moins dévoiler son identité. Les propos de cet ancien convoyeur pourraient le mettre en danger, car il brise un tabou en révélant les sommes parfois vertigineuses qui circulent à bord des fourgons de transport de fonds en Suisse: "On arrive à des montants qui avoisinent la dizaine, la vingtaine ou la cinquantaine de millions de francs. Parfois 100 millions ou 200 millions. Moi j'ai connu des transports qui pouvaient dépasser les 300 millions dans les périodes de pointe où il y avait vraiment besoin de beaucoup d'argent".
Selon cet homme, les dernières attaques en Suisse romande visaient justement les convois les plus chargés en devises: "Ce sont des véhicules plus lourdement blindés, qui contiennent des sommes plus conséquentes. Sur un voyage, ils peuvent alimenter tous les petits véhicules qui partent sur les différentes tournées."
Directeur de l'association des entreprises suisses de services de sécurité, Luc Sergy ne confirme pas les dires de cet interlocuteur. Il admet cependant que les montants transportés en Suisse sont trop importants: "Je suis convaincu qu'il faut réduire les montants. Il faut un montant qui soit acceptable et qui puisse surtout dissuader ce genre de bandits d'attaquer des fourgons en Suisse".
Mesures du Conseil d'Etat vaudois
Le Conseil d'Etat vaudois a justement le projet de réduire les montants transportés. Il souhaite aussi que l'argent soit désormais obligatoirement placé dans des valises sécurisées. Ces valises sont conçues pour maculer les billets de banques d'une encre indélébile en cas d'attaque, les rendant inutilisables.
En France, le gouvernement a contraint en deux décrets tous les transporteurs de fonds à s'équiper de la sorte. Avec un résultat probant: de 62 en 2011, ce genre de braquages est passé à 13 pour l'année en cours.
D'importants investissements à venir
Pour espérer parvenir aux mêmes résultats qu'en France, les transporteurs de fonds suisses devront dépenser des millions de francs en équipement. Un constat qui ne pose aucun problème, selon Luc Sergy: "La branche est tout à fait ouverte à faire le nécessaire très rapidement pour que ce genre d'actions soient stoppées."
Des discours entre tous les acteurs concernés ont eu lieu au cours des derniers jours. Dans le même temps, les contrôles policiers ont été renforcés aux frontières.
Claude-Olivier Volluz