Dans le Lac de Constance, les pêcheurs prennent de moins en moins de poissons et de plus en plus de moules. "Je retire environ 10 kg de moules par filet, et il y en a chaque jour davantage, a expliqué à la RTS Erwin Fischer, pêcheur. Autrefois on attrapait beaucoup plus de féras."
La propagation de cette espèce invasive inquiète également les autorités. "L'écosystème du lac de Constance est en pleine mutation. Depuis trois ans, la moule Quagga se répand partout, à une vitesse et une dimension jamais observées auparavant", déplore Dominik Thiel, chef du Département de la chasse et de la pêche du canton de Saint-Gall.
Jusqu'à 15'000 moules par mètre carré
La moule Quagga semble venir de la mer Noire, par le Rhin. Des millions de ces mollusques sont installés au fond du lac, jusqu'à 15'000 par mètre carré. Pour étudier ses effets sur l'écosystème des lacs, la Confédération, les cantons, mais aussi l'Union européenne ont investi plusieurs millions de francs. Les chercheurs tirent la sonnette d'alarme.
"La moule Quagga filtre l'eau. De ce fait il n'y a plus de nourriture pour les puces d'eau, qui d'habitude sont mangées par les poissons. J'ai très peur qu'à l'avenir, les poissons ne puissent plus trouver de quoi se nourrir", s'inquiète Piet Spaak, écologiste, chef de projet à l'institut EAWAG (Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l'eau).
Canalisations d'eau menacées
Autre conséquence néfaste, ces moules se déposent dans les canalisations d'eau potable, risquant de les obstruer. A terme, cela pourrait impacter les besoins en eau de la région.
Du côté allemand, où les installations sont souvent plus vétustes, les autorités connaissent le même problème. De gros moyens, financiers et en personnel, sont investis pour lutter contre ces envahisseurs.
Anne-Lise von Bergen/asch